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Le scrutin du 28 juillet 1930 dans la région de Montréal

Lampron, Réal 25 April 2018 (has links)
Le phénomène électoral apparaît souvent très tôt dans l'univers du citoyen. Tout jeunes, nous sommes souvent sollicités vers un parti plutôt que vers un autre. Comme l'héritage religieux et familial, l'allégeance plus ou moins formulée à tel parti politique est souvent imposée par la famille et par les parents. D'un individu à un autre, l'attachement au parti politique revêt des formes multiples et différentes. Pour certain, le lien est le résultat d'un choix logique et informé. Pour un autre, des mobiles d'ordre affectifs prévalent. Souvent un choix bien superficiel ou intéressé guide l'électeur. Tel peut être contraint de faire son choix pour conserver un emploi, pour protéger un ami, un parent, ou.... Parfois, certaines audaces plus ou moins avouables peuvent réussir. Le choix que l'électeur fait le jour du scrutin est influencé par de nombreux facteurs de tous ordres et de tous genres. Ce geste si simple et si noble en soi de l'électeur qui dépose son bulletin dans l'urne est parfois tributaire de nombreuses sollicitations. Mais dans l'ensemble, le vote populaire exprime un courant, une pensée souvent bien précise et bien claire. Il reflète les aspirations de la vie sociale, les réactions des divers groupes sociaux ou ethniques. C'est toute cette richesse de vie politique que recèle l'activité électorale qui nous a attiré vers cette étude de la campagne électorale de juillet 1930. Tout le fatras politique de discours et de menées actives sera l'objet de notre travail. Nous avons voulu utiliser la méthode qui nous a paru la plus efficace pour dégager les lignes de fond qui dominent cet affrontement électoral. Nos études secondaires nous ont accoutumé de raisonner selon le mode déductif. Dans notre travail de thèse, nous comptons procéder à l'inverse. Nous partirons des données qui entourent le geste de l'électeur, du contexte qui nécessairement l'influence pour dégager les lois générales du scrutin en question. Plusieurs candidats sollicitent un mandat. Ceux-ci s'adressent à une population souvent fort diversifiée qui reçoit un battage publicitaire plus ou moins riche et plus ou moins vigoureux. De toutes ces données nous tirerons des lois. C'est la méthode inductive. L'historien qui se penche sur un scrutin, en plus de compulser des résultats de vote, doit interroger le milieu social et géographique souvent très complexe; il doit inventorier les facteurs susceptibles d'intéresser les gens; il doit apprécier l'influence des candidats en lice, des programmes proposés, des slogans lancés; il doit également mesurer la force de la tradition sur les électeurs. La tâche de l'auteur sera d'apporter une explication scientifique au scrutin exprimé. Un des premiers objectifs de l'activité scientifique est de trouver des explications. L'explication est le résultat d'une analyse systématique d'un ensemble de faits, de réalités plus ou moins bien connus. Elle introduit une cohérence dans la diversité des faits, des opinions, des tendances. "La science", comme l'affirmait Pasteur, est "la connaissance obtenue par l'observation systématique, l'expérimentation et le raisonnement." Ce sont les trois opérations que nous avons entreprises: une étude sérieuse, minutieuse, approfondie du scrutin du 28 juillet 1930 laissera entrevoir les lignes générales de la pensée politique des électeurs de la région de Montréal. La méthodologie du célèbre microbiologiste sera la nôtre. Nous nous efforcerons de ne pas nous interposer maladroitement entre la réalité et l'observation que nous voulons en faire. La science est essentiellement un effort de l'esprit visant à obtenir des connaissances du réel qui soient rigoureuses et qui puissent être systématisées et interprétées. Nous utiliserons d'abord une méthode pour saisir le réel: accumulation des résultats globaux et fractionnés du scrutin de 1930 et des scrutins antérieurs, étude de la vie et de l'activité des candidats, de leurs travaux électoraux et de leur influence sur la population. Nous essaierons de poser toutes les questions de nature à éclairer le résultat du 28 juillet. A la suite de cette analyse, nous ferons une classification systématique des connaissances ainsi obtenues pour trouver une collectivité obéissant à un ensemble de normes particulières dans le but d'arriver à la connaissance de la réalité. Un premier chapitre nous familiarisera avec la campagne électorale de juin-juillet 1930. Suivront les études détaillées de la région de Montréal, des treize circonscriptions de l'île et des treize autres qui gravitent autour de la métropole. Le quatrième chapitre rassemblera les données et présentera des lois générales consécutives à l'étude de détail. Ce dernier chapitre concrétisera les deux opérations essentielles et nous amènera à la conclusion. Ce travail fut long. L'analyse minutieuse de chaque agglomération des différentes circonscriptions fut souvent fastidieuse. Cependant nous ne croyons pas ces renseignements inutiles. Dans la plupart des circonscriptions de la métropole, il nous a fallu dresser des cartes du résultat à l'aide des annuaires Lovell de 1925, de 1926 et de 1930. L'élaboration des cartes géographiques a été longue et souvent difficile. Dans onze des treize circonscriptions de Montréal, nous avons dû confectionner nous-même la carte électorale en plaçant sur la carte les bureaux de scrutin. Ceci a fait apparaître des résultats de quartiers dans ce que le Rapport des élections présente comme une liste de chiffres. Des hebdomadaires régionaux nous ont aidé à retrouver le vote par section dans les villes de Saint-Hyacinthe et de Saint-Jean-Iberville. Ce fut ensuite l'étude comparative des résultats par quartier et par paroisse ou par village, Les changements survenus en 1930 sont évalués à partir du résultat de l'élection précédente de septembre 1926. Afin d'étudier de façon plus éclairée la carte de l'élection de 1930, nous avons relevé tous les résultats de toutes les paroisses et agglomérations depuis 1867. Nous avons alors pu retrouver les traditions interrompues, des faits tout nouveaux, des courbes de tous genres ou des fidélités indéfectibles. La lumière du passé est toujours utile. Elle peut expliquer beaucoup de choses. Dans notre travail, nous avons suivi la méthode qu'a utilisée André Siegfried dans son Tableau politique de la France de l'Ouest sous la Ille République. L'auteur procède en premier lieu à une description régionale minutieuse des trois secteurs de l'Ouest pour ensuite prendre une vue d'ensemble de l'Ouest et terminer par des conclusions générales. Notre travail s'apparente, croyons-nous, à l'étude de l'historien plutôt qu'au travail du sociologue qui souvent a eu le loisir de préparer son travail de recherche avant le début de la campagne et qui peut souvent compter sur des sondages scientifiques assurés par une équipe de collaborateurs. Nous avons dû tellement fouiller dans les documents du passé, les exhumer avec tant de peine que nous estimons avoir fait oeuvre d'historien. Nos études universitaires nous préparaient plutôt à ce rôle. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012

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