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Performer une identité translinguistique : perspectives intertextuelles sur l’écologie linguistique d’AstanaGuy, Éléonore 04 1900 (has links)
À Astana, la capitale du Kazakhstan, le russe et le kazakh s’entremêlent quotidiennement dans les conversations. Ce mémoire porte sur les idéologies linguistiques qui soutiennent le codeswitching entre les différents registres du kazakh et du russe. J’ai réalisé trois mois de terrain ethnographique durant lesquels j’ai conduit de l’observation du paysage et des pratiques linguistiques que j’ai contrastées avec des entrevues de type récit de vie. Cette approche m’a permis de souligner que le russe est privilégié dans les contextes publics : c’est la langue de l’école, du travail, des commerces et des médias. Le russe ouvre de nombreuses portes et peut être considéré comme un index de réussite sociale. Le registre « domestique » du kazakh est caractérisé par ses emprunts et ses calques au russe. Il est principalement utilisé dans les contextes liés à la famille et aux traditions. Ce registre est un emblème de l’identité kazakhe. Pour cette raison, un parent peut exiger de quelqu’un qu’il performe ce registre, ce qui est une source d’anxiété. Cependant, le kazakh domestique n’est pas désirable dans toutes les situations. Des siècles de discours racistes ont stigmatisé la nationalité kazakhe et ce stigma est transmis au registre domestique. Le kazakh « institutionnel » est une variété qui a été développée par des acteurs qui gravitent autour du gouvernement spécifiquement pour échapper au stigma. Il s’agit d’une forme linguistique puriste qui vise à performer l’État-nation du Kazakhstan. Son utilisation, qui occasionne un maximum d’anxiété, est limitée aux rituels de l’État, tels que les discours présidentiels et les publications gouvernementales. Pour que cette théâtralité soit possible, le kazakh institutionnel est une exigence pour tous les employés du secteur public. Inversement, cela crée un incitatif à apprendre ce registre, particulièrement pour les Kazakhs qui ont un niveau d’éducation postsecondaire en russe. Je soutiens que la guerre russo-ukrainienne déstabilise l’équilibre entre les registres. Le conflit affecte l’Asie Centrale politiquement, économiquement et socialement, notamment par l’arrivée de centaines de milliers de migrants russes. Dans ces circonstances tendues, j’ai observé une augmentation de l’audibilité du kazakh. Surtout, je défends que la population est en train de redéfinir le sens de parler kazakh en public pour en faire un acte de résistance. Dans ce contexte en transformation, les langues sont utilisées métonymiquement pour discuter de questions identitaires et politiques. / In Astana, Kazakhstan’s capital, Russian and Kazakh are intertwined daily. This MA thesis is concerned with linguistic ideologies supporting code preferences between registers of Kazakh and Russian. I conducted three months of ethnographic fieldwork involving the observation of linguistic landscape and practices that I contrasted with life stories interviews. This approach allowed me to highlight that Russian is privileged in public contexts, such as schools, place of work, shops, and medias. For this reason, Russian opens many doors and can be considered an index of social success. The “domestic” register of Kazakh is characterized by borrowing and calques from Russian. It’s most employed in contexts relating to family and deemed as traditional. This linguistic variety is emblematic of Kazakh identity. Consequently, parents, especially elders, can demand someone to switch to this register, which is a source of anxiety. However, domestic Kazakh isn’t desirable in all situations. Centuries of racist discourse led to the stigmatization of Kazakh nationality, a stigma which is transmitted to the domestic register. “Institutional” Kazakh is a linguistic variety developed by actors close to the government specifically to escape the stigma link to the domestic register. It’s a purist register that aims to perform the Nation-state of Kazakhstan. Its use, which leads to a maximum of anxiety, is limited to state’s rituals, such as presidential speeches or governmental publications. For this performative theatricality to be maintained, institutional Kazakh as to be a requirement for all public sector’s employees. In turn, this requirement creates an incentive to learn this register, especially for Kazakhs who already hold a postsecondary education in Russian. I argue the Russo-Ukrainian war is destabilizing this equilibrium between registers. The conflict affects Central Asia politically, economically and socially, notably through the arrival of hundreds of thousands of Russian migrants. In this tense circumstances, I observed an increased audibility of the Kazakh language. Most importantly, I assert the population is redefining speaking Kazakh in public—in a wider array of forms—as an act of resistance. In this uneasy and moving context, languages seem to be used metonymically to discuss identity and political claims.
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