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L'univers romanesque d'André Malraux est traditionnellement qualifié de masculin et viril. Dans ses six romans, trois personnages féminins seulement sont réellement développés: May Gisors et Valérie Serge dans La condition humaine et Anna Kassner dans Le temps du mépris. Alors que la relation père/fils est constamment privilégiée, la mère des héros est toujours morte et n'est généralement que très brièvement évoquée. Mis à part quelques figurantes, le personnage de la mère semble avoir été volontairement évacué de l'univers romanesque de Malraux. Dans ce contexte, il est particulièrement intéressant de noter que l'on trouve, dans chacun des six romans de l'auteur, des allusions à la grossesse, à l'accouchement et à la naissance, sous forme d'images et de comparaisons, appliquées aux personnages féminins, mais aussi aux personnages masculins. A partir de cette constatation, cette thèse propose, dans un premier chapitre, de montrer comment les écrits farfelus de Malraux posent des jalons importants pour la suite de l'œuvre romanesque en soulignant l'ambigüité de l'identité sexuelle et l'androgynie fondamentale des êtres. Ces écrits de jeunesse constituent également une première tentative de la part de l'auteur d'éliminer le personnage de la mère et de présenter la maternité de façon négative. Les thèmes du travestissement, de la féminisation, et de l'angoisse de castration, qui seront repris dans les romans, sont également ici déjà bien présents. Le deuxième chapitre traite de ces mêmes thèmes dans les romans et étudie des cas de masculinisation de personnages féminins, des cas de féminisation de personnages masculins—ainsi que l'humiliation qui y est associée—et finalement, les liens entre féminisation, sadisme et angoisse de castration. Le troisième chapitre explore le rapport de l'homme à la féminité et aux traces du lien maternel à travers une étude de la représentation négative et stéréotypée de la maternité. Le quatrième chapitre pose finalement qu'à la maternité traditionnelle présentée comme source de souffrance et d'impuissance, s'oppose un idéal d'auto-formation et d'auto-création des personnages masculins, de l'homme qui se donne naissance à lui-même, sans rien devoir à la mère, mis en valeur dans les trois derniers romans de Malraux.

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