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Étude expérimentale du symbolisme sonore et réflexions évolutionnaires / Experimental assessment of sound symbolism and evolutionary considerationsDe carolis, Léa 20 June 2019 (has links)
Un mot et une signification peuvent entretenir une relation naturelle, motivée, plutôt qu’arbitraire, via la composition segmentale dudit mot. Ce phénomène est souvent appelé symbolisme sonore, même si nous préfèrerons employer le terme de motivation par la suite. Dans la littérature, des éléments en faveur d’une relation motivée apparaissent à la fois dans des analyses translinguistiques et des expérimentations psycholinguistiques. Par exemple, une voyelle fermée telle que [i] est davantage associée à la petitesse qu’une voyelle ouverte telle que [a], davantage associée à une taille importante. Ce schéma apparait à la fois dans les lexiques de différentes langues (Ohala, 1997) et dans les résultats de tâches d’associations (Sapir, 1929), avec des participants parlant différentes langues et à différents âges. Du fait de ces éléments communs (Iwasaki et al., 2007) et de leur précocité (Ozturk et al., 2013), il est possible de formuler l’hypothèse que la motivation a pu être un élément clé dans l’émergence du langage (Imai et al., 2015), en facilitant les interactions et l’accord entre les individus.Cette thèse offre plusieurs contributions méthodologiques à l’étude des associations motivées entre formes phonétiques et significations. La première étude a pour objectif de déterminer si des caractéristiques associées à des animaux (e.g. la dangerosité) ou à leurs catégories biologiques (oiseaux vs. poissons, sur la base de l’étude conduite par Berlin en 1994)peuvent représenter des concepts pertinents dans la mise en évidence d’associations motivées, en se basant sur l’hypothèse que les animaux étaient des sujets récurrents et importants des premières interactions langagières (en tant que potentielles sources de nourriture ou de menace). Cette étude a soulevé des questions méthodologiques, qui ont conduit à une seconde étude, dont le but était de comparer différents protocoles de tâches d’association que l’on peut trouver dans les études sur la motivation. En effet, les protocoles et les populations étudiées varient d’une étude à l’autre, et il est ainsi difficile de déterminer quel est le contraste le plus déterminant pour la mise en valeur expérimentale d’associations motivées : le contraste phonétique, ou le contraste conceptuel. Cette deuxième étude a ainsi permis d’apprécier l’influence de différents protocoles en contrôlant d’autres sources de variations à travers les différentes tâches. Elle a aussi permis de mettre en évidence la nécessité d’étudier davantage les processus cognitifs impliqués dans les associations. Ainsi, nous avons poursuivi notre investigation en noustournant vers l’influence de la forme des lettres, un facteur potentiellement déterminant dans les tâches ‘bouba-kiki’, comme l’ont proposé Cuskley et al. (2015). Bouba-kiki est un paradigme très répandu dans l’étude des associations motivées et consiste à associer des pseudomots avec des formes pointues ou arrondies. Cuskley et al. ont proposé qu’une forme pointuefaciliterait le traitement d’un pseudo-mot contenant une lettre anguleuse, telle que ‘k’. Dans notre troisième étude, nous avons adopté une version implicite de la tâche bouba-kiki, plus précisément une tâche de décision lexicale, en nous basant sur une étude antérieure de Westbury (2005). Dans cette expérience précédente, des cadres pointus et arrondis, dans lesquels apparaissaient les stimuli linguistiques, facilitaient le traitement de pseudo-mots en fonction de leurs compositions segmentales (e.g. les formes pointues accéléraient le traitement d’occlusives non-voisées telle que [k]). Nous avons manipulé les formes des lettres via deux polices de caractères différentes, une anguleuse et une curviligne, et avons ainsi essayé de démêler lesimpacts respectifs des formes des cadres et des polices sur les temps de réponse des participants. Les résultats ont mis en lumière l’importance de prendre en considération des processus visuels de bas-niveau dans l’étude des associations motivées. / Sound symbolism, or motivation as we will later refer to it, corresponds to the assumption that some words have a natural relation with their significations, instead of an arbitrary one, through their segmental composition. Some evidence stands out from the literature, from cross-linguistic investigations to psycholinguistic experimentations. For example, a closed vowel [i] is more associated to smallness, while an open vowel like [a] is more associated to largeness. This pattern appears in the lexicon of different languages (e.g. Ohala, 1997), as well as in results of associative tasks (Sapir, 1929) with participants speakingdifferent languages and at different life stages. These commonalities (e.g. Iwasaki, Vinson, & Vigliocco, 2007) and their earliness (e.g. Ozturk, Krehm, & Vouloumanos, 2013) enable to formulate the hypothesis that motivation may have represented a key-driver in the emergence of language (Imai et al., 2015), by facilitating interactions and agreement between individuals.This thesis offers several methodological contributions to the study of motivated associations. The first study of this thesis aimed at assessing whether animal features (e.g. dangerousness) or biological classes (birds vs. fish, based on Berlin, 1994) would be relevant concepts for highlighting motivated associations, based on the assumption that animals would have represented suitable candidates for the content of early interactions (as potential sources of food and threats). It raised issues regarding methodological settings which led to the second study consisting in comparing different protocols of association tasks that are found across experimentations. Indeed, in the literature, the settings and population vary from one study to another, and it is therefore not possible to determine which one of the two types of contrasts implied in association tasks is determinant for making associations: either the phonetic one or the conceptual one. This second study permitted to appraise the influence of different protocols by controlling for other sources of variation across the tasks. It also highlighted the need to better analyze the cognitive processes involved in motivated associations. This led us to complement our investigation of phonetic and conceptual contrast with a study on the influence of the graphemic shapes of letters, following Cuskley, Simmer and Kirby (2015)’s proposal of an impact of the shapes of letters in the bouba-kiki task. This task is a well-known paradigm in the study of motivated associations, based on associating pseudo-words with round or spiky shapes. Cuskley et al. suggested that a spiky shape would facilitate the processing of a pseudoword that contains an angular letter such as ‘k’. On our third study, we considered an implicit version of the ‘bouba-kiki’ task, namely a lexical decision task, building on a previous experiment by Westbury (2005). In this experiment, spiky and round frames, in which the linguistic stimuli appeared, seemed to facilitate the processing of pseudo-words according to their segmental composition (e.g. spiky frames would facilitate the processing of voiceless plosives like [k]). We manipulated the shapes of letters with two different fonts for displaying linguistic stimuli – one angular and one curvy – and tried to disentangle the respective impacts of frames and of these fonts on the participants’ response times. The results highlighted the importance of taking into account low-level visual processes in the study of motivated associations.
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