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La destruction des genres : jane Austen, Madame d'Epinay ou l'echec de la transgression / Destruction of gender : jane Austen, Madame d'Epinay or transgression defeatedGrangé, Jérémie 08 February 2008 (has links)
Au travers de ses six romans, Jane Austen a revisité sans cesse une seule et même histoire, l’accession d’une héroïne au mariage. Dans Histoire de Madame de Montbrillant, Madame d'Épinay dresse le portrait de l’échec d’un mariage, et plus généralement de l’échec d’une femme à conférer un sens à une existence décevante. A priori, rien de plus éloigné que ces deux manières de relater une existence féminine. Pourtant, les deux œuvres s’avèrent extrêmement proches dès lors que des fissures apparaissent dans le tableau brossé par Austen : loin de dessiner l’accomplissement d’une existence, les romans de cette femme de lettres font toujours ressortir les multiples déceptions et échecs d’une existence traversée par la soumission et par les clichés. Bien plus, est-ce seulement de la vie des femmes que traitent les deux auteures ? À travers leurs héroïnes, et à travers une écriture qui délaisse la fluidité au profit de l’accroc, de la rature, de la mise en évidence des faiblesses, ces deux femmes s’interrogent sur les moyens dont disposent les femmes pour acquérir une voix qui leur soit propre : trop marquée par l’autorité des siècles passés, la voix féminine est-elle irrémédiablement vouée à répéter des codes sur lesquelles elle n’a pas prise ? Les œuvres de Jane Austen et de Madame d'Épinay s’inscrivent dans un courant littéraire apparu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, caractérisé par l’épanouissement des romans écrits par des femmes et par la reconduction de stéréotypes d’un ouvrage à l’autre, dont les principaux, inspirés en grande partie de Samuel Richardson, sont le respect accordé à la tradition, un schéma diégétique invariable, l’autorité indéfectible de la voix narratrice, et la focalisation autour de l’héroïne. Cette reconduction presque inchangée de traits communs permet de réunir ces romans sous la commune appellation de romans de l’immuable. Si les deux femmes de lettres étudiées n’attaquent pas frontalement ce courant, et même en réutilisent de nombreux traits caractéristiques, elles fondent leur écriture sur sa contestation, en soulignent les insuffisances et mettent en évidence son inadéquation à la réalité. Ainsi, l’écriture se trouve saturés par des références qui sont l’une après l’autre dénoncées comme inappropriés pour le monde contemporain : l’héroïne perd son rayonnement exclusif, le schéma dramatique est montré comme artificiel, et le narrateur est dépossédé de sa toute-puissance (si Jane Austen utilise l’ironie pour contester cette figure, Madame d'Épinay emploie la multiplicité des voix narratives propres au roman épistolaire). Les clichés du roman de l’immuable sont donc violemment attaqués ; cependant, ils continuent d’occuper l’espace romanesque, comme autant de cicatrices dans une écriture qui ne parvient pas à se débarrasser entièrement d’eux. Cela signifie-t-il que les deux auteures sont impuissantes à expulser des préceptes adoubés par la tradition et destinés à imprégner leurs œuvres ? Ou bien Austen et Madame d'Épinay posent-elles comme préalable à cette expulsion la dénonciation systématique, fût-ce au prix de la pureté idéale d’une écriture affranchie de toute tutelle antécédente ? L’impossibilité de se détacher d’un passé omnipotent dissimule en effet un questionnement autour des moyens dont dispose l’expression féminine pour exister, qui sont étudiés au travers des différentes héroïnes et des autres personnages féminins. Austen et Madame d'Épinay se concentrent ainsi sur le moment où l’expression naît, plus que sur une parole achevée : c’est l’éclosion qui est considérée, non l’aboutissement. Et de fait, toutes ces personnes nées de la fiction échouent à construire un langage commun ; bien plus, les stratégies utilisées dans l’avènement du discours sont invariablement débusquées ou contournées par leurs homologues masculins, qui s’assurent ainsi la mainmise sur le dialogue. Mais cet échec du discours féminin n’est pas seulement celui des personnages. Il concerne tout aussi bien les auteures, incapables de congédier définitivement les influences qui pèsent sur leur expression, et contraintes de montrer cette impuissance au cœur de leurs ouvrages. Il s’agit donc bien d’ouvrages de dénonciation, mais qui, pour faire éclore cette dénonciation, sont obligés d’en exhiber les stigmates. Nulle tranquillité née d’un accomplissement total chez les deux auteures, mais au contraire l’inquiétude d’une parole forcée de s’avouer sous tutelle, et toujours menacée de se découvrir vaine (les personnages féminins, de même que les narrateurs, ne cessent de proclamer leur incapacité à rendre compte du réel, et craignent perpétuellement de tomber dans l’ineffable). Pourtant, de cet échec naît aussi une ambition : Jane Austen et Madame d'Épinay fixent les exigences pour la constitution d’une écriture nouvelle. L’expression féminine doit s’édifier dans la conscience de ce carcan primordial, et les deux auteures ont pour tâche de faire ressortir la puissance, mais aussi les limites de celui-ci. Si bien que l’on assiste à une écriture inquiète, mécontente d’elle-même, mais aussi une écriture qui se refuse à la naïveté, et qui fait du roman un espace complexe où la mise en perspective devient possible : les auteures n’écrivent plus dans la droite ligne d’écrits et d’autorités antérieurs, elles contestent ceux-ci en les confrontant à leurs impasses, et, si elles ne proposent pas de voie résolument nouvelle, font du roman le lieu d’un nouveau scepticisme. Les certitudes anciennes sont abolies, et leur est substituée une expression insatisfaite mais consciente d’elle-même, prélude, peut-être, à l’avènement d’une autre écriture, que les deux auteures se refusent, ou échouent, à envisager. / In her six novels Jane Austen has constantly revisited the same and only story of a heroine eventually acceding to marriage. In Histoire de Madame de Montbrillant Madame d’Épinay has described the failure of married life and more generally the impossibility for a woman to give meaning to her disenchanted life. At first glance nothing could be farther removed than those two ways of relating a woman’s existence. Yet the works of both writers prove quite close from the moment that some cracks appear in the picture painted by Jane Austen : far from depicting the fulfilment of a lifetime, she keeps bringing out in her novels the many disappointments and setbacks suffered by women tangled up in submission and mediocrity. But do the authors only deal with women’s lives after all ? Through their heroines, and through an écriture where fluidity is abandoned and leaves the field clear for cutting and slashing and the uncovering of all kinds of weaknesses, the two women-writers wonder about the means left to women to win a voice of their own — because the authority of past centuries has imprinted too heavy a mark on woman’s voice, would it then not be irrevocably doomed to repeat codes which it has no hold on ? The works of Jane Austen and Madame d’Épinay fit in with a new literary movement that appeared in the second half of the 18th century and which was characterized by a blossoming of novels written by women and the re-using of the same stereotypes novel after novel. Those stereotypes, mostly inspired by Samuel Richardson, dealt with the respect of tradition, an invariable diegetic pattern, the unfailing authority of the narrative voice and focalization on the heroine. The recurrence of these dominant features in 18th century fiction has led us to distinguish the novels that shared the same characteristics as novels of the immutable. If the two women-writers have made no frontal attack upon this literary movement and have even used for themselves most of its relevant features, they have nevertheless based their writing on the contestation of it, stressed its weaknesses and emphasized its inadequacy to reality. As a consequence their writing is overloaded with references that are denounced one after the other as unsuitable to the contemporary world : the heroine has lost her particular radiance, the dramatic pattern is shown as artificial and the narrator is deprived of her omnipotence (if Jane Austen makes use of irony to dispute this figure, Madame d’Épinay uses all of the narrative voices that belong to the epistolary novel). The clichés of the immutable novel are thus vigorously questioned but they are maintained in the fictional space like as many scars in an écriture that could not get rid of them. Does that mean that both authors are powerless to do away with precepts dubbed by tradition and intended to permeate their works ? Or do Austen and Madame d’Épinay have systematically recourse to denouncement as a prerequisite, should it be at the expense of absolute purity of writing freed from all previous constraints ? The impossibility for Jane Austen and Madame d’Épinay to get rid of an overpowering past actually conceals their questioning about the means — explored through their heroines as well as other female characters — for feminine expression to exist. Austen and Madame d’Épinay focus their attention on the very moment when expression is revealed rather than on the accomplished parole, on birth rather than achievement. And it is a fact that all these characters born out of fiction fail to construct a common language, with the result that the strategies used to bring speech into existence are invariably driven out or bypassed by their masculine counterparts who thus secure their hold on dialogue. The failure of feminine discourse does not only belong to the characters but is also due to the authors who are unable to do away with the influences that weigh heavy on their manner of writing, and who are compelled to show their impotence to the core of their novels. We are thus faced with novels of denouncement in which the stigmatae have to be displayed for denouncement to be brought to light. No peace then after full achievement for our two women-writers but the restlessness of an expression forced to admit its dependance and always threatened to be faced with its uselessness — the female characters, and the narrators as well, keep proclaiming their inability to account for reality and never-endingly fear to fall into the ineffable. Yet, an ambition has been born of that defeat : Jane Austen and Madame d’Épinay have set the requirements for new writing. Feminine expression has to be built while the two writers are being aware of its original shackles and have to bring out the power as well as the limits of it. So much so that we can observe a kind of restless écriture, unhappy with itself but an écriture that refuses naïvety and turns the novel into a new complex space where a new viewpoint has been made possible. The two authors no longer write in the main thread of former writings and authorities which they dispute and set against their dead ends and impossibilities, and if they have proposed no really new way, they have nonetheless turned the novel into a locus for new scepticism. Old certainties have been done away with and have left the room for a new expression, unhappy with itself but self-aware, as a possible prelude to the rise of another écriture that the two women-writers have refused or failed to consider.
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"Unfolding" the letter in Jane Austen's novelsCatsikis, Phyllis Joyce. January 1998 (has links)
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The changing role of the spinster in the novels of Jane Austen.Lewis, Barbara January 1969 (has links)
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Jane Austen's readersBander, Elaine. January 1980 (has links)
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THE INNOCENT DIVERSION ON SCREEN: THE NARRATIVE FUNCTION OF FILM MUSIC IN ADAPTATIONS BASED ON THE WORKS OF JANE AUSTENDoan, Joy M. 06 July 2010 (has links)
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A Theory of the Novel From a Study of Jane Austen and George EliotBulleit, Henrietta Dewitt January 1938 (has links)
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The Comic Elements in Jane Austen's WorksChen, Thomas Chuan January 1930 (has links)
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They Blush Because They Understand: The Performative Power of Women's Humor and Embarrassment in Pride and Prejudice, Mansfield Park, and EmmaLingo, Sarah Katherine 27 June 2016 (has links)
In this project, I analyze women's humor in three of Jane Austen's novels: Pride and Prejudice, Mansfield Park, and Emma. Using speech-act theory, I specifically examine Elizabeth's, Emma's, and Mary's utterances to demonstrate that in order for humorous utterances to be subversive, they must challenge societal or patriarchal constructs (religion, misogynist men, marriage, the feminine ideal) and do so artfully. An indirect speech act--a play on words, an insult, even a laugh--is often far more effective than a more direct one, especially when wielded by characters for whom a direct antagonistic speech act would have severe social consequences. When those socially-sanctioned and highly-regulated speech acts--marriages, wills, introductions, invitations, letters, titles--are less accessible or less beneficial to women, only indirect speech acts remain a viable option. / Master of Arts
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Love at First Sight? Jane Austen and the Transformative Male GazeGrate, Rachel S 01 January 2015 (has links)
In this thesis, I claim that the gaze is central to the courtship process in Austen’s novels. I also propose that an analysis of the gaze is crucial to understanding the gendered power dynamics that are central to these relationships. We tend to think of male gazers as having all the power, but one of Austen’s subversive arguments is that women can also be subjects of the gaze and transform through it. However, limits exist to their power. As I will argue, while men are able to simply project their transformative gaze, women must first use their gaze to perceive their societal position before successfully having a transformative effect.
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La première traduction française du style indirect libre dans le roman intitulé Persuasion de Jane Austen / The first french translation of free indirect discourse in Jane Austen’s PersuasionRussell, Adam 25 June 2010 (has links)
Dans son dernier roman achevé intitulé Persuasion, Jane Austen se sert fréquemment du style indirect afin de représenter la pensée du personnage principal, Anne Elliot. Ce roman fut traduit en français pour la première fois en 1821 par Isabelle de Montolieu, publié à Paris sous le titre de La Famille Elliot, ou l’ancienne inclination. Qu’est-ce que le style indirect libre devient dans la narration de la première traduction française de Persuasion ? La formulation de cette question, que nous envisageons à partir d’un corpus de textes théoriques, fait suite à un certain nombre de travaux consacrés aux relations entre la traduction et le discours rapporté qui ont mis en évidence le rôle du style indirect libre dans la traduction de Montolieu. On propose pour la première fois l’application des concepts narratologiques à l’analyse de cette traduction : notre étude s’appuie ainsi sur des notions opératoires susceptibles de saisir sa singularité narrative et le rapport entre le discours rapporté et la traduction. Le troisième chapitre de notre étude débute sur l’analyse de notre traduction. Grâce aux concepts issus de la narratologie surtout à tendance « énonciative », nous avons pu regarder au-delà de la phrase pour finir par remarquer que le style indirect libre est surtout très répandu dans la narration de La Famille Elliot. Nous souhaiterions ici combler une lacune en consacrant la présente étude à un phénomène souvent jugé « extraordinaire ». Pour autant, le présent ouvrage ne doit pas être considéré uniquement comme une étude spécialisée, car il a aussi l’ambition de contribuer à l’étude du discours rapporté au sein du texte traduit en général. / In Persuasion, Jane Austen uses this technique to present Anne Elliot’s consciousness. Persuasion, Austen’s posthumously published “late” novel is first translated by Isabelle de Montolieu as La Famille Elliot, ou l’ancienne inclination, Paris, 1821. This thesis analyses the translation of FID from Persuasion to La Famille Elliot. How does Montolieu handle this technique? In chapter 1 we point out that the main reason Montolieu’s use of FID in La Famille Elliot has been neglected for so long has far less to do with Austen’s fortunes in France than with an obsession with lexical and semantic equivalence within translation studies. One of the main purposes of this study is to extend the vision of translation studies beyond the level of the sentence. We think that we achieve this by setting out to document the existence of FID in the target text narration. I argue in chapter 2 that it is impossible to comment on the narrator or FID in La Famille Elliot with any precision without first analysing definitions of these abstractions within narratology. These analytical concepts may then, only then, be applied meaningfully to the target text. Ultimately, this is what this present study does in so far as it is a target-oriented translation study that draws on key concepts from the field of narratology. A re-evaluation of the target text narration within the conceptual framework of narratology reveals extensive use of FID. In chapters 3 and 4, our analysis demonstrates that sophisticated use of FID is frequently in evidence in the target text narration. In chapter 3, we analyse several passages of FID that often function to represent the complex life of the heroine’s mind as she converses with herself. In chapter 4, we analyse numerous passages of FID that seamlessly wed the narration in La Famille Elliot to the heroine’s point of view (PDV), demonstrating that the narration achieves this focus on the heroine’s consciousness through syntactically unmarked fragments of FID thought report.
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