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Représentation du corps et anorexie mentale : de l’intégration sensorielle à l’action : approche neurocognitive du phénomène de distorsion corporelle / Body schema and anorexia nervosa : from sensory integration to action : neurocognitive approach of body distortionGuardia, Dewi 21 December 2012 (has links)
La capacité de juger ses propres actions se trouve être perturbée dans l'anorexie mentale (AM). Les patientes souffrant d’anorexie mentale surestime notamment le seuil de passabilité d’une ouverture (par rapport à un groupe témoin) lors d’une simulation ou d’un franchissement d’ouverture réelle. Ces données sont en accord avec les plaintes des patientes qui se sentent plus grosses qu’elles ne le sont en réalité. Le jugement des patientes est perturbé lorsqu’elles adoptent une perspective en première personne (j’effectue l’action), mais reste préservé lorsque la perspective est en troisième personne (je regarde un sujet effectuer l’action). Ces résultats suggèrent une atteinte spécifique du schéma corporel et non d’une perturbation globale des jugements perceptifs.Cette surestimation du schéma corporel dans l'AM pourrait être liée à l'existence d'un trouble de l'intégration multisensorielle, l’élaboration d’un schéma corporel harmonieux résultant de l'intégration des afférences visuelles, tactiles, proprioceptives et vestibulaires. Une corrélation existe entre la baisse des performances comportementales et l’intensité des troubles de l'alimentation, qu’il s’agisse de la recherche de minceur, des préoccupations corporelles et de l’insatisfaction générée. Les perturbations corporelles ainsi que les répercussions comportementales engendrées pourraient induire un renforcement des comportements alimentaires restrictifs.Les performances des patientes sont liées à la fois à leur perte de poids au cours des mois précédents et à leur poids avant la décompensation. Ce résultat pourrait appuyer l’hypothèse d’un défaut d’actualisation du schéma corporel, les modifications morphologiques engendrées par une perte de poids rapide et massive n’étant pas prises en compte par le système nerveux central. L'AM touche essentiellement les jeunes femmes entre 15 et 19 ans. De véritables bouleversements physiologiques et psychologiques se produisent lors de la puberté, ayant un impact sur le schéma corporel. Les variations de poids induites par les troubles du comportement alimentaire pourraient venir renforcer ces perturbations. L'étude des phénomènes neurologiques, tel que le syndrome du membre fantôme, pourraient faire la lumière sur ce point. En effet, de nombreuses personnes amputées continuent à ressentir la présence d'un membre fantôme après amputation. Beaucoup de modèles explicatifs ont émergé ces dernières années. L'un d'eux postule une certaine inadéquation entre la rétroaction sensorielle du fantôme et les régions corticales représentant le membre. Dans l’AM, un conflit similaire pourrait se produire entre un schéma corporel antérieur n’ayant pas pris en compte les variations pondérales et la rétroaction sensori-motrice. Ainsi, les patientes se trouveraient enfermés dans un corps plus gros. / The everyday human ability to make judgments about one’s own and other people’s body-scaled actions is disrupted in anorexia nervosa (AN). AN patients significantly overestimated their own passability (relative to a control group) in a simulated body-scaled action. These data were concordant with the patients' clinical complaints that they feel larger than they really are. Judgments in AN patients were significantly affected in the first-person-perspective condition (1PP) but not in the third-person-perspective condition (3PP; see Figure). These overall results suggest that the overestimation of the passability ratios in AN are likely to be caused by an overestimation of their own body schema. They are not symptomatic of a general impairment in perceptual judgments.This overestimation of the body schema in AN can be related to the existence of disturbance in multisensory integration in AN, since the body schema is the product of multisensory integration of visual, tactile, proprioceptive and vestibular inputs. A significant relationship exist between the behavioural performances and the severity of eating disorders by revealing a significant, positive correlation between the patient’s own body action on one hand and body concern, body dissatisfaction and drive for thinness on the other. This disruption causes restrictive eating behaviours to persist.The patients\\\\\\\' performances were related to their body weight loss over the previous months and to their pre-AN body weight. This finding provides a possible explanation for the disruption of body-scaled actions in anorexic people: the body schema modified by the rapid weight loss may not have been updated by the central nervous system. Anorexia nervosa mainly affects young women in the 15-19 age group. However, many of the neurological, morphological and psychological changes occur during puberty and they will have an impact on the body schema. Weight changes induced by eating disorders could reinforce these disturbances. The knowledge gained by studying neurological phenomena such as phantom limbs might shed light on this topic. In fact, many amputees continue to feel the presence of a phantom limb after amputation. Many explanatory models of phantom limb syndrome have emerged in recent years. One of these postulates a degree of mismatch between the sensory feedback from the phantom and the cortical regions representing the limb. In anorexic patients, there could be a conflict between the previous body schema (i.e. before the weight change) and the current sensorimotor feedback. Thus, patients would find themselves locked into a larger body.
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Représentation du corps et anorexie mentale : de l'intégration sensorielle à l'action : approche neurocognitive du phénomène de distorsion corporelleGuardia, Dewi 21 December 2012 (has links) (PDF)
La capacité de juger ses propres actions se trouve être perturbée dans l'anorexie mentale (AM). Les patientes souffrant d'anorexie mentale surestime notamment le seuil de passabilité d'une ouverture (par rapport à un groupe témoin) lors d'une simulation ou d'un franchissement d'ouverture réelle. Ces données sont en accord avec les plaintes des patientes qui se sentent plus grosses qu'elles ne le sont en réalité. Le jugement des patientes est perturbé lorsqu'elles adoptent une perspective en première personne (j'effectue l'action), mais reste préservé lorsque la perspective est en troisième personne (je regarde un sujet effectuer l'action). Ces résultats suggèrent une atteinte spécifique du schéma corporel et non d'une perturbation globale des jugements perceptifs.Cette surestimation du schéma corporel dans l'AM pourrait être liée à l'existence d'un trouble de l'intégration multisensorielle, l'élaboration d'un schéma corporel harmonieux résultant de l'intégration des afférences visuelles, tactiles, proprioceptives et vestibulaires. Une corrélation existe entre la baisse des performances comportementales et l'intensité des troubles de l'alimentation, qu'il s'agisse de la recherche de minceur, des préoccupations corporelles et de l'insatisfaction générée. Les perturbations corporelles ainsi que les répercussions comportementales engendrées pourraient induire un renforcement des comportements alimentaires restrictifs.Les performances des patientes sont liées à la fois à leur perte de poids au cours des mois précédents et à leur poids avant la décompensation. Ce résultat pourrait appuyer l'hypothèse d'un défaut d'actualisation du schéma corporel, les modifications morphologiques engendrées par une perte de poids rapide et massive n'étant pas prises en compte par le système nerveux central. L'AM touche essentiellement les jeunes femmes entre 15 et 19 ans. De véritables bouleversements physiologiques et psychologiques se produisent lors de la puberté, ayant un impact sur le schéma corporel. Les variations de poids induites par les troubles du comportement alimentaire pourraient venir renforcer ces perturbations. L'étude des phénomènes neurologiques, tel que le syndrome du membre fantôme, pourraient faire la lumière sur ce point. En effet, de nombreuses personnes amputées continuent à ressentir la présence d'un membre fantôme après amputation. Beaucoup de modèles explicatifs ont émergé ces dernières années. L'un d'eux postule une certaine inadéquation entre la rétroaction sensorielle du fantôme et les régions corticales représentant le membre. Dans l'AM, un conflit similaire pourrait se produire entre un schéma corporel antérieur n'ayant pas pris en compte les variations pondérales et la rétroaction sensori-motrice. Ainsi, les patientes se trouveraient enfermés dans un corps plus gros.
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