1 |
La mendicité des élèves coraniques en milieu urbain au Sénégal / Begging Koranic students in urban SenegalNiang, Pape Momar 23 September 2013 (has links)
Historiquement, les écoles coraniques sénégalaises (Daaras) sont majoritairement rurales. Les dégradations environnementales et la faillite des politiques agricoles ont appauvri le monde paysan et causé le déplacement de ces écoles vers les villes. Idéologiquement, un parent confie son enfant, l’élève (Talibé) à un maître coranique (Marabout). Ce dernier détient une autorité inconditionnelle sur l'enfant qui doit vivre humblement et se soumettre à une discipline rude. Cette interprétation coranique ajoutée à la valeur de l’aumône (Zakât) légitimise la mendicité des Talibés. Elle devient très urbaine à partir de la découverte par les maîtres coraniques d’une offre d’aumône monétaire citadine. Ce marché de l’aumône urbain, du don religieux, de l’offrande, du sacrifice résulte d'une grande offre d’aumône de citadins aux rapports sociaux monétarisés ; et aux religiosités incluant plus largement la dimension du don matériel. La thèse explore cette dimension marchande du don. Elle part du postulat que la mendicité des Talibés résulte de cette offre d’aumône urbaine à laquelle vient s’ajuster une demande. On retrace un processus migratoire superposant 4 logiques : Un don 1 immatériel et symbolique qu’est le « confiage » au maître coranique d’un enfant par ses parents ; un don 2 matériel et temporaire , sous forme de prêt foncier, qui met en relation un donateur propriétaire en ville d’une maison en chantier ou d’un terrain, et un maitre coranique donataire en quête d’hébergement pour ses Talibés ; un don 3 matériel où des citadins prennent en charge les besoins primaires des enfants ; enfin un don 4 purement monétaire où à travers l’obligation de l’enfant de rapporter une somme quotidienne d’argent au maître coranique (Sass), le Marabout le désigne donataire-intermédiaire . Cette dernière logique cristallise beaucoup plus les enjeux de la mendicité infantile. Un second système de don institutionnel vient se superposer à ce premier religieux. Il s’agit de la mobilisation de moyens par la société civile et l’État, pour éradiquer le problème. Ce marché parallèle de l’aide humanitaire au-delà des considérations sur les nombreuses actions concrètes d’aide qu’il produit, peut aussi quelque fois se coconstruire avec le marché de l’aumône religieux. C’est là où apparait un don 5 qui est l’aide internationale aux organismes de lutte contre cette mendicité ; et un don 6 constitué par l’aide de ces organismes aux écoles coraniques. En analysant un modèle de démantèlement des écoles coraniques par ces organismes qui financent un retour à l’agriculture des maîtres coraniques par exemple, on se rend compte très vite que le don 6 peut pervertir le don 1 initialement désintéressé matériellement, d’un parent qui confie son enfant symboliquement : une dimension de trafic et d’exploitation des enfants tend à supplanter celle éducative. Cette recherche a été menée dans quatre villes et six villages entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. Une enquête par questionnaire a été effectuée auprès des enfants mendiants ; l’approche qualitative a été privilégiée concernant les acteurs ruraux et les enquêtés adultes. La thèse montre globalement que la non-résolution du problème résulte de différentes stratégies des acteurs concernés qui tendent à l’alimenter (volontairement et involontairement) et maintenir deux systèmes de donation qui s’auto-régulent. Cette analyse systémique , semble beaucoup mieux pertinente que celles causales linéaires qui amputent le phénomène de plusieurs de ses dimensions immergées : Une genrée et démographique étant donné la condition de la femme rurale et les forts taux de natalité ; une crise agricole et environnementale qui impose des logiques de survie de groupe ; ainsi qu’une frilosité Étatique à éradiquer le problème, entre injonctions internationales, impuissance budgétaire et considérations électoralistes vis-à-vis des pouvoirs musulmans. / Historically, Senegalese Quranic schools (Daaras) are predominantly rural. Environmental degradation and the collapse of agricultural policies have impoverished the peasant world and caused the schools to move to the cities. Ideologically, a parent entrusts his child, the student (Talibé) to a Koranic teacher (Marabout). The latter has unconditional authority over the child who must live humbly and submit to harsh discipline. This koranic interpretation added to the value of the alms (Zakât) legitimizes the begging of the Talibés. It becomes very urban from the discovery by the Koranic teachers of a supply of urban monetary alms. This market of urban alms, religious gift, offering, sacrifice, results from a large offer of alms from townspeople to monetarized social relations; and to religiosities including more broadly the dimension of the material gift. The thesis explores this market dimension of the gift. It is based on the assumption that the begging of the Talibés results from this offer of alms to which a demand has been adjusted. We retrace a migratory process superimposing 4 logical: A symbolic and intangible gift 1, that a parent gives his child to a Koranic teacher; a material and temporary gift 2, in the form of a land loan, which connects a donor who owns land in the city of a house under construction or a piece of land, and a Quranic master who has made a home in search of accommodation for his Talibés; a material donation 3, where city dwellers take care of the primary needs of children. And finally a purely monetary gift 4, where by the obligation of the child to bring a sum of money daily to the Quranic master (Sass), the Marabout designates him as intermediary-beggar. This last logic crystallizes much more the stakes of infant begging. A second system of institutional donation is superimposed on this first, religious. It is the mobilization of means by the civil society and the State, to eradicate the problem. This parallel market of humanitarian aid, beyond considerations of the many concrete aid actions it produces, can also sometimes be co-constructed with the market of religious alms. This is where a donation 5 comes which is international aid to the organizations fighting against this begging; and a gift 6 constituted by the help of these agencies to Koranic schools. By analyzing a model of the dismantling of Koranic schools by these organizations that finance a return to agriculture of Koranic masters for example, we realize very quickly that the gift 6 can pervert the gift 1 initially disinterested materially, a parent who entrusts his child symbolically: a dimension of trafficking and exploitation of children tends to supplant the educational one. This research was conducted in four towns and six villages between Senegal and Guinea-Bissau. A questionnaire survey was conducted among begging children; the qualitative approach was favored for rural actors and adult respondents. The thesis shows globally that the non-resolution of the problem results from different strategies of the actors concerned who tend to feed it (voluntarily and involuntarily) and maintain two systems of donation that self-regulate. This systemic analysis seems much more relevant than the linear causal ones, which reduce the phenomenon of several of its immersed dimensions: A gender and demographic given the condition of the rural woman and the high birth rates; an agricultural and environmental crisis that imposes group survival logics; as well as a reluctance of the state to eradicate the problem, between international injunctions, budget impotence and electoral considerations vis-à-vis the Muslim powers.
|
2 |
Les talibés mendiants, une catégorie d’enfants de la rue au Sénégal. Pérennisation d’un fait social / Reflection on street children issue in Senegal : the singular case of talibe beggars in the city of Dakar.Sané, Kadessa 13 January 2017 (has links)
Cette recherche est née de la volonté de mener une réflexion sur la pérennisation de la mendicité des talibés en milieu urbain sénégalais, notamment dans la ville de Dakar. Les talibés sont des enfants confiés par leurs parents à des maîtres coraniques pour l’apprentissage du Coran. À l'origine, cet apprentissage qui est une tradition religieuse se faisait exclusivement en zones rurales. Toutefois, depuis les années 1970, en raison des grandes sécheresses qui se sont abattues dans les zones rurales du Sénégal et qui ont appauvri les populations, s’est développée la migration vers les villes d’hommes et de femmes en quête de meilleures conditions de vie. L’enseignement coranique a été touché par ces mutations socio-économiques car depuis lors, certains maîtres coraniques qui sont avant tout des cultivateurs, s'installent dans les villes sénégalaises, accompagnés d’enfants destinés à être leurs talibés. Toutefois, arrivés en ville, ces enfants passent plus de temps dans les rues que dans les daaras (« écoles coraniques ») car leurs maîtres leur demandent de mendier quotidiennement et de leur ramener entre autres une somme d'argent fixée d'avance. Même si l’Etat sénégalais dispose de lois répressives contre la mendicité infantile, il arbore une attitude équivoque face à ce que des organisations internationales considèrent comme une exploitation infantile. Ainsi, pour appréhender la pérennisation du fait social qu’est la mendicité des talibés, cette thèse se propose d’étudier les pratiques sociales à l’égard des talibés mendiants, des pratiques qui consistent essentiellement à leur adresser des dons d’aumône. En plus des raisons religieuses et humanitaires qui peuvent justifier ces dons, ces derniers sont également effectués pour des raisons plus mystiques notamment après certaines divinations de marabouts de type féticheur/guérisseur/voyant. Comme on le verra dans le cœur de cette recherche, ces distributions d’aumône apparaissent ainsi tel un enchevêtrement de croyances religieuses et hétérodoxes. In fine, il s’agira à partir d’une méthodologie qualitative d’élucider et d’analyser les ambivalences tout comme les enjeux sociaux que recouvre la pérennisation de la mendicité des talibés dans la plupart des villes sénégalaises. / This research followed the will to lead an inspection about the perennation of children begging in Senegal urban areas. Talibes are children whose parents entrust to some koranic masters. At the very beginning, this kuranic teaching that is a religious tradition was solely organized in rural area. Even so, in the seventies, rural areas faced harsh droughts that empoverished its inhabitants. As a matter of fact, some men and women started leaving their villages in quest for better living conditions in Senegal big cities. Koranic teaching was also affected by these socio-economic mutations because since then, some koranic masters who are first and foremost growers, have set up in cities taking with them children who are meant to be their talibes. However, when the latter arrive in town they spend more time in the streets than into daaras (koranic schools) because their masters ask them to beg daily and to bring them among other things a specific amount of money. Thus, those children are at the same time talibes and beggars. Even though the Senegalese government owns repressive laws against children begging, it shows off an equivocal attitude towards this social phenomenon. In this way, to apprehend the perennation of children begging, this thesis aims to study and to re-examine social practices towards talibes-beggars. Those practices consist mainly in giving them alms. Apart from religious and humanitarian reasons that can justify those practices, the latter can also be operated for more mystical reasons namely after some divinations made by marabouts like fetishs, healers and diviners. The scope therefore is to elucidate and to analyze, through a qualitative methodology, both ambivalences and eventual issues involved in the perannation of talibes begging in most of senegalese cities.
|
3 |
Les "talibés" du Sénégal : une catégorie de la rue, prise entre réseaux religieux et politiques d'action humanitaireChehami, Joanne 17 December 2013 (has links) (PDF)
La perpétuation de l'islam sénégalais repose en grande partie sur l'enseignement musulman, traditionnellement réalisé dans des écoles coraniques (daara) par des maîtres reconnus pour leurs compétences religieuses. Des enfants leur sont confiés par leur famille, souvent pauvre en milieu rural. Une partie de ces écoles migre pour s'installer en ville, suite à divers bouleversements socio-économiques subis par le Sénégal depuis une quarantaine d'années. Certains de ces élèves deviennent alors des taalibe-mendiants : la quête majoritairement monétaire qu'ils pratiquent et les rapports entretenus avec leur maître sont basés sur des principes culturels et cultuels anciens, ayant muté depuis quelques décennies. L'élève coranique se situe au centre de différentes sortes d'échanges de prestations et de dons sur fond de baraka (grâce divine). Ce travail de recherches se propose d'expliciter les stratégies élaborées par les multiples acteurs sociaux - maîtres, chefs religieux, parents, population donnant l'aumône (sarax) suite à l'injonction d'un marabout devin/guérisseur...- interagissant dans ce phénomène, afin de comprendre les changements problématiques subis par ce type d'enseignement. L'utilisation de la théorie du don initiée par Mauss permet d'analyser l'évolution de la fonction sociale du taalibe-mendiant, qui ne doit pas être confondu avec un faxman (enfant des rues), présent lui aussi au Sénégal.
|
4 |
Les "talibés" du Sénégal : une catégorie de la rue, prise entre réseaux religieux et politiques d'action humanitaire / Senegalese "talibe" : a street category caught between religious networks and humanitarian policiesChehami, Joanne 17 December 2013 (has links)
La perpétuation de l'islam sénégalais repose en grande partie sur l'enseignement musulman, traditionnellement réalisé dans des écoles coraniques (daara) par des maîtres reconnus pour leurs compétences religieuses. Des enfants leur sont confiés par leur famille, souvent pauvre en milieu rural. Une partie de ces écoles migre pour s'installer en ville, suite à divers bouleversements socio-économiques subis par le Sénégal depuis une quarantaine d'années. Certains de ces élèves deviennent alors des taalibe-mendiants : la quête majoritairement monétaire qu'ils pratiquent et les rapports entretenus avec leur maître sont basés sur des principes culturels et cultuels anciens, ayant muté depuis quelques décennies. L'élève coranique se situe au centre de différentes sortes d'échanges de prestations et de dons sur fond de baraka (grâce divine). Ce travail de recherches se propose d'expliciter les stratégies élaborées par les multiples acteurs sociaux – maîtres, chefs religieux, parents, population donnant l'aumône (sarax) suite à l'injonction d'un marabout devin/guérisseur…– interagissant dans ce phénomène, afin de comprendre les changements problématiques subis par ce type d'enseignement. L'utilisation de la théorie du don initiée par Mauss permet d'analyser l'évolution de la fonction sociale du taalibe-mendiant, qui ne doit pas être confondu avec un faxman (enfant des rues), présent lui aussi au Sénégal. / The perpetuation of Senegalese Islam is based in major part on Muslim teaching, traditionally fulfilled in Koranic schools (daara) by masters acknowledged for their religious skills. Children are entrusted to them by their families, often poor in rural environments. A certain amount of these schools migrate to settle in the city, due to various socio-economic changes experienced by Senegal in the last forty years. Some of these students then become taalibe-beggars: the quest mostly monetary they practice and the relationships maintained with their masters are based on ancient cultural and religious principles having mutated in recent decades. The Koranic student is at the center of various kinds of service and gift exchanges based on the baraka (divine grace) principle. This research aims to explain the different strategies developed by the multiple social actors – teachers, religious leaders, parents, people giving alms (sarax) following the injunction of a marabout diviner/healer ... – interacting in this phenomenon, so as to understand the problematic changes went thought by this type of teaching. The gift theory thought out by Mauss permit to analyze the taalibe-beggar social functions' evolution, which should not be confused with a faxman (children of the streets), also present in Senegal.
|
Page generated in 0.1101 seconds