Doctorat en philosophie et lettres / info:eu-repo/semantics/nonPublished

Depuis le début des temps, l'homme est confronté à sa propre finitude. Aussi, faut-il s'étonner que plusieurs philosophies et religions perçoivent le corps comme étant celui qui nous fait tendre vers le mal et le péché. Influencée par le platonisme, l'Église catholique n'a pas été à l'abri de la pensée dualiste. Pour les jansénistes des siècles derniers, le corps incarnait le mal, oubliant que le Christ s'était lui-même incarne. Le présent ouvrage laisse parler Irénée qui donne, à sa façon, une dignité incontestable au corps. Pour mieux comprendre la pensée irénéenne, les deux premiers chapitres présentent respectivement un bref historique du contexte irénéen, puis lèvent le voile sur le gnosticisme qui avait force Irénée à prendre la plume. Le troisième chapitre survole la théorie sémiotique (en se limitant au premier Greimas), ce qui permet, dans le chapitre quatre, de faire une étude sémiotique d'un extrait de l'Adversus Haereses. Enfin, la conclusion formule quelques déductions théologiques amenées par l'étude.

Le Dieu chrétien est-ll un Dieu vraiment présent à l’être humain? Pour répondre à cette question bien actuelle, nous avons puisé aux sources de notre foi. Notre but était de montrer qu'lrénée de Lyon peut nous aider à comprendre comment le Dieu des chrétiens est un Dieu de présence. Notre méthode a consisté à analyser rigoureusement l'œuvre principale d’Irénée, l’Adversus Haereses. Pour ce faire, nous avons conçu une grille de lecture qui a permis d’exploiter la dimension narrative de l’ouvrage étudié. Les éléments ainsi révélés par le texte ont fourni les matériaux de la lecture particulière d’Irénée qui constitue cette thèse. Dans une première partie, nous avons constaté que l'approche hérésiologique d’Irénée l’a amené à comprendre l’économie gnostique comme une expérience d’absence de la divinité. Le dieu gnostique lui apparaît en effet comme isolé par une multiplicité d’intermédiaires, et non intervenant dans la création; malgré l’apparente révélation qu’apporte la gnose, la divinité gnostique est présentée par Irénée comme inaccessible; et, au plan de l'achèvement, nous avons conclu à une fondamentale irrelation entre ce dieu et les autres êtres. Dans une deuxième partie, nous avons vu que la démonstration d’Irénée montre l’économie chrétienne orthodoxe comme une expérience de présence de Dieu. Nous avons rencontré un Dieu créateur qui se fait proche de ses créatures par l’intermédiaire de ses deux "Mains". Irénée nous a présenté un Dieu éducateur qui "accoutume" les humains à l’alliance avec lui par la médiation du Verbe incarné et de l’Esprit prophétique. Enfin, nous avons vu qu’au terme, le Dieu Père entre en communion d’amour avec ses enfants par l’intermédiaire du Verbe récapitulateur et le don de l’Esprit de vie. Oui, Irénée de Lyon, témoin du Ile siècle, homme de relation, peut contribuer à rendre à notre époque l’espérance en un Dieu toujours présent.

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