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Le genre et l’intimité dans les établissements carcéraux pour femmes : sites de contraintes ou leviers de réappropriation?

Cousineau, Sophie 05 January 2021 (has links)
Cette étude à caractère intersectionnelle se penche sur la performativité du genre et ses enchevêtrements avec l’intimité dans les établissements carcéraux pour femmes. Plus précisément, à l’aide d’ateliers en création littéraire et de discussions rétrospectives auprès de femmes détenues et d’ex-détenues, j’examine les discours des participantes autour des questions de genre ainsi que leurs différentes configurations de l’intimité structurelle (Mackenzie, 2013) au sein du milieu carcéral. En mobilisant une vision ethnométhodologique (West et Fenstermaker, 1995ab) et butlérienne du genre, je tente d’apporter un peu de lumière aux réflexions suivantes : comment les femmes conceptualisent-elles et actualisent-elles le genre (les catégories femme-féminité et homme-masculinité) ainsi que leurs rôles sociaux de genre au sein de la détention? Comment l’affirmation d’une identité genrée ou d’un rôle social peut-elle être un levier de réappropriation ou une manière de naviguer les contraintes carcérales? Qu’est-ce qui motive les personnes incarcérées de mon étude à réifier ou à délaisser leur performativité du genre? Quels sont les recoupements entre l’intimité structurelle et la performativité du genre? Comment d’autres axes identitaires peuvent-ils se greffer à ces questions, notamment la culture, l’orientation sexuelle, l’âge et l’identité de genre (cis/trans*)? Pendant vingt-cinq mois, des ateliers en création littéraire se sont déroulés auprès de 29 participantes à l’intérieur de différents sites communautaires et carcéraux : les locaux d’Élizabeth Fry Gatineau et Ottawa, deux maisons de transition, respectivement JF Norwood House à Ottawa et la Maison Thérèse-Casgrain à Montréal ainsi que l’Établissement Joliette pour femmes. Les ateliers de création littéraire comprenaient une série d’exercices allant du collage aux métaphores. Les résultats de recherche découlent de ces exercices créatifs et du verbatim de 22 discussions rétrospectives. Mes résultats de recherche découlent d’une analyse thématique en amont (Paillé et Mucchielli, 2008 ; Negura, 2016 ; Braun et Clarke, 2006) et une analyse des répertoires interprétatifs en aval (Wetheterell et Potter, 1988, 1992). Cette dernière a permis d’identifier les variations discursives et les accomplissements des participantes. Mes résultats sont découpés en trois temps. Le chapitre 4 fait état d’une performativité-miroir par rapport au genre (catégories homme-masculinité et femme-féminité) et de la matrice hétérosexiste (liens de cause à effet entre le genre, le sexe, le désir et l’orientation sexuelle). Les participantes ont recours à une stratégie de distance et de dissociation pour aborder les unions entre femmes et la masculinité carcérale. Quatre discours sont aussi repérés chez les participantes pour qualifier les femmes détenues. D’abord, les femmes détenues sont présentées à travers une pluralité et un socle commun : leur statut de personne recluse. Ensuite, l’identité maternelle met sur pied une actualisation particulière de l’intimité : en « cocon partagé », c’est-à-dire entre grappes de parents en compagnie de leurs enfants. Plus encore, la femme marionnette renvoie à la sexualisation active ou passive de la participante. Ce discours aborde aussi les aléas de la fouille à nu et son potentiel de revictimisation. Enfin, le discours de la femme-machine renvoie à la mise au travail (appropriation) des femmes incarcérées ainsi que des dynamiques déshumanisantes qui sont présentes à l’atelier de couture. Le chapitre 5 a pour lieu commun la neutralisation. La première partie de ce chapitre porte sur « différents dégradés » de la féminité tandis que la seconde partie traite des éléments internes ou externes qui entravent l’accomplissement des rôles sociaux de genre (de mère, d’épouse et de fille). D’abord, la féminité est représentée sous l’angle de l’absence (peu ou pas), d’un déclassement (un déploiement atténué comparativement au cadre carcéral). Ces nuances en matière de féminité sont rationalisées en soulignant les contraintes matérielles du milieu, les dynamiques interpersonnelles antagoniques, la santé mentale (dépression), une priorisation différentielle (la survie) et l’absence de son partenaire (son homme). Par ailleurs, la logique institutionnelle de gestion des risques et les dynamiques au sein des unités de vie entravent l’accomplissement de rôles sociaux de genre des participantes. Plus précisément, ces éléments affectent deux modalités de communication avec les proches : les visites et les appels. En revanche, les participantes peuvent choisir délibérément de mettre un terme à leurs contacts avec leur famille ou encore d’en réduire la fréquence. Leurs discours révèlent des motifs de nature égoïste et altruiste. Le chapitre 6 épluche la question de la résistance. L’intimité est réinventée d’après les structures en place. De plus, l’agentivité des participantes découle des contraintes institutionnelles (Mackenzie, 2013). Ainsi, l’intimité se déploie à travers des pratiques pour soi et dans des espaces clefs : les unités résidentielles et les chambres (cellules). La résistance, telle que conceptualisée d’après les propos de Bosworth (1999) et de Butler (1988, 1990, 1993, 2006), est diffusée à des pratiques de l’intime. Ce sont des moments d’entre-soi tels le partage de repas, des conversations intimes, des instants de détente, l’écriture ou la lecture de correspondance. Certaines tâches genrées servent de levier pour accomplir des objectifs individuels ou collectifs. Des significations de rechange sont aussi associées à la féminité ou à la parentalité afin que les participantes soulignent leurs compétences en tant que mères dignes. Ces résultats pluralisent la question de la performativité du genre et de l’intimité. Des nuances apparaissent en matière de culture, d’orientation sexuelle, de transidentité, d’âge ou de classe socio-économique. Au sein du milieu carcéral, le genre est tout à la fois un site de contraintes et un levier de réappropriation (d’agentivité). La résistance est négociée à même le cadre carcéral. Autrement dit, le spectre des possibilités en matière de résistance est limité par le contexte institutionnel dans lequel se situe les participantes. Conséquemment, des recommandations sont suggérées afin que les établissements carcéraux augmentent leur cohérence avec les principes directeurs du rapport La création de choix (1990) et maximisent certaines fenêtres d’intimité. Ainsi, des modifications sont proposées à l’endroit de la forme et du contenu des ateliers de travail et des directives entourant la fouille à nu, l’admission des biens de personnes incarcérées et les modalités liées aux appels. L’accès à des biens culturels et à des personnes-ressources aux yeux des Premières Nations est aussi préconisé.

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