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Poétique du vivant et du mythe chez Marcel Moreau. La voix de l'Étrangeté : de l'organique au mythologique / The poetics of life and myth in Marcel Moreau’s work. The voice of strangeness : from an organic to a mythological dimensionJobard, Antoine 03 September 2016 (has links)
C’est à l’écart de tous et de tout que s’est toujours tenu Marcel Moreau, écrivain aux chairs habitées d’un corps verbal. Son œuvre en témoigne par sa monstrueuse densité: plus d’une soixantaine de livres en cinquante années. L’objet de cette thèse sera de définir sa poétique du corps tout en prenant en compte ses refus du classifiable et la mise en place d’une mythologie intime le dépassant. Engageant directement le lecteur, son écriture l’insère dans une relation tragique au dehors et au-dedans de lui-même, rendu à un réel libéré de toute passivité. Une approche biographique s’impose donc en ce qu’elle implique étymologiquement le vivant dans l’écriture. Aussi, si son utilisation de la langue française s’ancre profondément dans son organisme, elle forme une voix de l’Étrangeté disloquant toute idée de frontière – littéraire, géographique, générique, ou physique. Le langage devient réappropriation du pulsionnel, réhabilitation de ce qui est perçu comme irrationnel. Rendre leur force aux mots invite à inverser les perspectives et à réaliser que c’est la perception de l’étrange, le concevoir autre, qui ouvre à ce que l’on est, à la complexité panique du monde. Les instincts éclairés, c’est-à-dire acceptés en tant qu’origine des tremblements de la chair et de la pensée, relèvent plus d’une cruelle lucidité face aux chaos de la nature et de soi, que d’un simple amas incontrôlable et mauvais. Lorsque la parole renoue avec sa violence, qui est puissance fondatrice, elle nous renvoie aux structures mythiques engendrant nos littératures, mais aussi à la place de l’écrivain, de la parole poétique faisant lien et liane avec nos représentations du vivant au sein de la communauté. / Marcel Moreau has always stood aside from the dominant thought of his age. He is incarnated and possessed by words, what he calls his “verbal body”. His work indeed shows a monstrous density: more than sixty books in fifty years. This thesis will attempt to define the poetics of the body while taking into consideration the building up of an intimate mythology that goes beyond himself, and beyond his rejection of any label. His writing directly engages the reader and integrates him in a tragic relation with his inner and outer self, sending him back into a reanimated passivity reality. A biographical approach is necessary because the Living is etymologically implied in the act of Writing. Thus, if the way he uses French is deeply embedded in his own organism, it creates a “voice of Strangeness” that dislocates the mere idea of frontiers – in literature, geography, genres, or even biology. Impulses finally express themselves through this poetical language, along with what is considered irrational. Words are living things whose strength can utterly change our cognitive structures. In Marcel Moreau’s mind, one is able to open up to what he is and to the panicked complexity of the world surrounding him thanks to his perception of strangeness and otherness. The writer aims at enlightening his instincts, as they are the origin of trembling flesh and trembling thought, even though they carry a charge of cruel lucidity within them. When speech bonds with its original violence, it brings us back to the mythical structures that created our literatures, but also to the condition of the writer and to the poetical language that binds our community together with its multiplicities.
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