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Figures de Massinissa : constructions et réceptions de l'image du roi numide dans les sources anciennes et l'historiographie coloniale / Figures of Massinissa : uses of the representation of a Numidian king in ancient and colonial historiography

Cazeaux, Mathilde 24 November 2018 (has links)
Massinissa est un personnage historique qui régna sur la Numidie entre 201 et 148 avant notre ère. Allié de Rome durant la deuxième guerre punique, il contribua à l’écrasement de Carthage. Ce roi ressort comme le premier « grand homme » de l’histoire de l’Afrique du Nord, dans l’historiographie ancienne que nous avons conservée (nous ne savons rien de l’historiographie punique ni libyque), mais aussi dans l’historiographie contemporaine des pays du Maghreb. Selon les auteurs grecs et romains, il aurait été doté de qualités exceptionnelles, et c’est à lui que reviendrait la gloire d’avoir le premier constitué un État numide unifié. Il est le sujet de nombreux exempla, de l’époque classique jusqu’au Moyen-Âge. À la fin de la période médiévale, on observe, en Europe, un transfert générique : Massinissa, délaissé par les genres savants, devient une source d’inspiration pour les poètes. Pendant la même période, le roi numide disparaît de la tradition savante nord-africaine, et sans doute également de la tradition populaire orale, jusqu’à la colonisation de l’Afrique du Nord par les Français.Mon étude s’inscrit dans le temps long, puisqu’elle retrace le parcours de Massinissa dans l’Antiquité et au fil de sa redécouverte par les historiens de la France coloniale et de sa récupération par les historiens des mouvements nationalistes algériens. Avec la conquête de l’Algérie à partir de 1830, le discours colonial instaure la figure de Massinissa en tant que figure de référence de la région. Les institutions cherchant dans l’histoire de la mainmise progressive de Rome sur l’Afrique du Nord un précédent, c’est-à-dire à la fois une légitimation et une expérience utile pour guider leur action, Massinissa suscite bien entendu un fort intérêt, puisqu’il est présenté par les auteurs classiques, dont les historiens de l’époque sont pétris, comme l’allié très fidèle, voire le client de Rome. Cependant, il serait caricatural de penser que tous les historiens de la période coloniale se sont conformés sans nuance à cette idéologie, et l’étude précise de différents ouvrages montrent au contraire comment cette historiographie coloniale a pu ouvrir la voie à une récupération nationaliste du personnage, en posant un regard critique sur les sources anciennes.Les mouvements nationalistes se sont emparés à leur tour du personnage. Massinissa, premier habitant de l’Algérie dont le nom ait retenti au-delà des mers et par-delà les siècles, était un candidat évident au « panthéon » de héros nationaux que les intellectuels algériens se sont efforcés de mettre en place pour créer un sentiment d’appartenance nationale dans les premières décennies du XXe siècle. Et cela, d’autant plus que les rois numides furent les derniers souverains autochtones avant des siècles de domination étrangère. Il fallait alors affronter certains paradoxes : se réapproprier, ou plutôt s’approprier une histoire modelée par les colonisateurs d’hier et ceux d’aujourd’hui, valoriser un héros encensé par l’ennemi, et enfin ménager une place à un Berbère polythéiste, à rebours de l’arabo-islamisme des discours identitaires majoritaires.Ce travail replace chacune des représentations de Massinissa dans son contexte historique et idéologique ainsi que dans les codes propres à sa nature ou à son genre littéraire, de façon à repérer les filtres qui ont infléchi son élaboration et à mieux comprendre l’orientation qui en résulte. Sources littéraires, archéologiques, épigraphiques et numismatiques seront également analysées en tant que pratiques discursives, et l’on s’attachera à retracer la généalogie de ces représentations. / Massinissa is a historical figure who reigned over Numidia between 201 and 148 BCE. An ally of Rome during the Second Punic War, he contributed to the annihilation of Carthage. This king appears as the first «great man» of the history of North Africa, within the ancient historiography which has been preserved (we know nothing of the ancient Punic or Libyan historiography), but also in contemporary historiography from countries of the Maghreb. According to Greek and Roman authors, he was endowed with exceptional qualities, and to him goes the glory of having first constituted a unified Numidian State. He is the subject of many exempla, from the classical period until Middle Ages. At the end of the medieval period, we observe, in Europe, a generic transfer: Massinissa, neglected by scholars, becomes a source of inspiration for poets. During the same period, the Numidian king disappears from the North African scholarly tradition, and no doubt also from the oral folk tradition, until the colonization of North Africa by the French.My study covers a long time period, since it retraces the path of Massinissa in Antiquity and follows the thread of its rediscovery by historians of colonial France and appropriation by historians of nationalist movements in Algeria. With the conquest of Algeria starting from 1830, the colonial discourse establishes the figure of Massinissa as a reference figure for the region. The institutions seeking a precedent in the history of Rome's gradual stranglehold over North Africa, that is both a legitimacy and a useful experience to guide their action, Massinissa aroused of course a strong interest since classical authors, whom historians of the time were steeped in, present him as a very loyal ally, even the client of Rome. However, it would be caricatural to believe that every single historian of the colonial era complied without nuance with this ideology, and the precise study of various works show on the contrary how this colonial historiography could open the way to a nationalist appropriation of the character, by taking a critical look to ancient sources.In turn, nationalist movements took over the character. Massinissa, the first inhabitant of Algeria whose name has resounded beyond the seas and over the centuries, was an obvious candidate for the «pantheon» of national heroes that Algerian intellectuals strove to set up to create a sense of national belonging in the first decades of the twentieth century. And this, all the more since the Numidian kings were the last indigenous rulers before centuries of foreign domination. It was then necessary to face certain paradoxes: to reclaim, or rather appropriate a history written by the colonizers of yesterday and those of today, to valorize a hero praised by the enemy, and finally to make room for a Berber polytheist, at odds with the Arab-Islamism of the majority identity discourse.This work places each of Massinissa's representations in its historical and ideological context, as well as in the codes specific to its nature or literary genre, so as to identify the filters that have influenced its development and to better understand the resulting orientation. Literary, archeological, epigraphic and numismatic sources will also be analyzed as discursive practices, and I will insist on retracing the genealogy of these representations.
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Les États maures et numides de la mort de Massinissa jusqu'à l'avènement de Juba II / Moor and Numidian States from the death of Massinissa until the accession of Juba II

Khalyl, Moulay Driss 11 September 2014 (has links)
La chute de Carthage devant les armées romaines en (146 avant J.-C.) est contemporaine de la constitution de grands États : celui des successeurs de Massinissa, en Afrique du Nord centrale et celui des maures en Afrique du Nord occidentale. Ces États étaient attachés à leur génie propre, qui trouvait longtemps sa meilleure expression dans l’œuvre unificatrice et expansionniste de Massinissa et de ses successeurs, notamment Jugurtha et Juba Ier, de même que dans les prouesses en diplomatie du roi maure Bocchus l’Ancien. Ces rois avaient œuvré, par divers moyens, pour l’édification d’un vaste État africain, original, puissant, unifié sous le même sceptre, et relativement à l’abri de toute ingérence. De nombreux indices témoignent de la continuité et de l’originalité des États maures et numides : une population regroupée notamment autour des villes, nommées « villes royales » par les Romains ; les frappes de monnaies dites de Massinissa et de ses successeurs ; le commerce avec le monde méditerranéen surtout avec Carthage, les Gétules, les Îles Grecques, l’Espagne, et bien sûr avec Rome ; l’armée numide, de par ses prouesses en guerre face à l’armée romaine, constitue un témoignage probant que Jugurtha était un fin stratège et un chef militaire hors pair ; il en va de même pour Juba Ire, qui avait non seulement organisé un État, mais administré également une armée très efficace ; une armée montée selon les normes méditerranéennes alors en cours, donc moderne en cette époque de l’Antiquité. Par ailleurs, dans le domaine religieux, ces États ont laissé des traces monumentales (tombeaux et mausolées). Ces vestiges religieux prouvent que même au moment où la romanisation pesait de tout son poids, cette civilisation a su, en dépit de superficielles adaptations, préserver son originalité. / The fall of Carthage in front of the Roman armies (146 BC) is contemporary of the constitution of big States: that of the successors of Massinissa, in central North Africa and that of the Moors in western North Africa. These States were attached to their appropriate genius, which found for a long time its best expression in the unifying and expansionist work of Massinissa and his successors, in particular Jugurtha and Juba I, as well as in the exploit in diplomacy of Moorish king Bocchus the Old. These kings had worked, by diverse ways, at the construction of a vast African, original, powerful State, unified under the same scepter, and with regard to the shelter of any intervention. Numerous indications testify of the continuity and the originality of the Moorish and Numidian States: a population grouped in particular around cities, named " royal cities " by Romain; the said striking’s of coins of Massinissa and his successors; the trade with the Mediterranean world especially with Carthage, Gaetulians, the Greek Islands, Spain, and of course with Rome; the Numidian army, due to its exploit at war in front of the Roman army, constitute a convincing testimony that Jugurtha was a fine strategist and an outstanding military leader; It's the same for Juba I, who had not only organized a State, but also administered a very effective army; an army taken up according to the then current Mediterranean standards, thus modern in this time of the Antiquity. Besides, in the religious domain, these States left monumental tracks (graves and mausoleums). These religious vestiges prove that even as the romanization pressed with all the weight, this civilization knew how to, in spite of superficial adaptations, protect its originality.

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