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La conscience du mal et la puissance régénératrice de l'acte réflexif dans l'éthique de Jean Nabert : de l' "injustifiable" à la reprise de soi

Udaga Mungumiyo Ali-Ausa, Dieudonné 15 June 2005 (has links)
Seule la conscience du mal appelle à la régénération éthique de soi. De quel mal s'agit-il ? Qu'est-ce que la régénération éthique de soi et comment s'inaugure-t¬elle dans une existence humaine? Ces interrogations sont le fil conducteur de la dissertation. Qui dit « régénération » (vocable kantien), dit précédemment « génération ». En effet, la genèse de la subjectivité (génération de soi) s'effectue à l'occasion des actes de réciprocité et de l'échec de la communication entre les consciences. La subjectivité (unique problème de la philosophie nabertienne) est déterminante pour la destinée morale de chaque être humain. Car, d'elle, dépend la capacité de commettre le mal, mais aussi le pouvoir de débarrasser le visage humain que l'on porte en soi-même de ce que la conscience juge comme ne lui convenant pas. Alors que la conscience morale reste encore très liée à l'ordre social du sens, la conscience du mal (pas seulement du mal moral, mais aussi du mal subi ou constaté) s'en arrache pour un au-delà des normes. La conscience du mal naît du sens métaphysique des expériences négatives, et le sentiment de remords ou de culpabilité, loin d'être pathologique, signifie au contraire une trahison à son être véritable. La mauvaise conscience ne peut que révolutionner une conscience de soi en marche vers son être véritable. Jean Nabert dégage philosophiquement l'itinéraire de la conscience en deux formes de la régénération éthique de soi : l'une part de l'expérience morale à l' excellence d'actes de sublimité (régénération vertueuse), et l'autre, de l'expérience du mal à la percée réflexive de la zone opaque jalousement protégée par chaque individu et culturellement entretenue par la société dans le « nous ». La conscience morale (sociale) voit bien ce fond obscur, mais préfère ménager ses intérêts (valoir, avoir) et ses ambitions ( pouvoir, domination des autres, émergence sociale) dans un clair-obscur théorique selon les principes du bien et du mal socialement définis, ferment des excuses, des justifications et des accusations mutuelles (=corruption mutuelle, le « déjà-là » du mal qui accueille tout être humain qui vient à ce monde). Ainsi la conscience morale ignore-t-elle les vices sous l'apparence de la vertu et la mauvaise fois dans la motivation. Les hommes se plaindront toujours de ce mal voilé dont le sage (ou le héros ou le saint) pressent la présence par le doute sur soi et l'incertitude qui envahit son âme, et dont l'acte réflexif discerne l'indice en un élément négatif persistant et l'écho en mal de la faute. De ce fait, c'est l'être de soi individuel qui demande à être régénéré. L' « analyse réflexive » nabertienne élargit le sillage du mal radical kantien en témoignages de la conscience individuelle de ce qui l'accable, la déchire. C'est la vie même de l'esprit qui est prise en considération dans des expériences diverses: la dégradation de ses oeuvres, le tragique, les maux (souffrance, maladies, mort). Lors de l'émergence de la subjectivité, l'acte spirituel constitutif de soi, en s'affirmant par rapport aux autres, introduit, dans la structure de la subjectivité, l'opposition de soi à soi-même : le retrait de la réciprocité d'actes spontanés engendre le dialogue de soi à soi-même (expérience de la solitude). Cette fissure, dont tout ensemble nous n'avons pas souvenir et sommes rendus complices par la décision première et mauvaise, est irrémédiable et constitue la condition misérable de tout être humain. L'acte réflexif, ressaisissant l'être absolu qui se profile au fond de ces expériences qui éveillent la conscience à elle-même, découvre en même temps ce que l'acte spirituel générateur s'oppose (au sens fichtéen) dans la conscience réelle comme une contradiction absolue. Seule une conscience en double relation (au principe de l'être absolu et à soi-réel) est sensible au mal inhérent à la structure de la forme d'être que nous sommes donnée, le mal qui doit être déclaré « injustifiable ». C'est là la racine du mal et des maux injustifiables dont les êtres humains souffrent diversement de par le monde. Comment nommer cette racine du mal ? Mal radical ? Cette expression prête à la confusion. Déjà le mal radical kantien n'est pas assez radical. Le péché originel ? Un concept à connotation fortement théologique déresponsabilisant l'homme du mal dont il est pourtant responsable (forme d'être par la liberté de consentement). Le vocable ricoeurien de « démonique » semble mieux le désigner. C'est donc du « dérnonique » qu'on peut se régénérer radicalement dans une intériorité fondée sur le principe absolu de son être. Cette expérience de l' « absolu », immanente et transcendante en la conscience de soi, est thétique, c'est-à-dire qu'elle se donne comme une tâche sans cesse recommencée dans la discontinuité des actes moraux. Car le « démonique » se mêle en la tendance psychologique de l'amour de soi, de la préférence à soi, de la complaisance à soi, et est présent en toutes nos actions morales. C'est pourquoi un mal appelle un autre mal et l'humanité dans son ensemble n'arrive pas à s'améliorer. Car chaque être le recommence. Les moyens de lutte contre le mal que la société utilise ne font que remplacer un injustifiable par un autre. S'agissant de la forme singulière qu'on s'est donnée, c'est à l'aune de l'absoluité de l'être (loi intérieure de la conduite) qui se profile à l'horizon des expériences négatives que le sujet aura à se dépouiller de ce qui le détermine et qu'il a emprunté au monde extérieur. Cette expérience de l' « absolu » porte la conscience de soi à la frontière de l'expérience religieuse (le désir de Dieu à l'horizon de l'acte réflexif à l'épreuve du mal). De même que la mentalité des excuses, des justifications, de la culpabilisation est le fruit d'une culture, de même la conscience du « démonique » et le sens de la responsabilité dans les conséquences de nos actes (bons ou mauvais) qui s'incrustent dans les structures sociales et qui se transmuent en maux divers, demandera une culture, dès lors que le mal physique ou naturel est de nos jours réductible au mal moral./Only the conscience of the evil calls with the ethical regeneration of oneself. Of which evil does act it? What the ethical regeneration of oneself and how is it inaugurated in a human existence? These interrogations are the discussion thread of the essay. Who says "regeneration previously" (Kantian term), known as "generation". Indeed, the genesis of subjectivity (generation of oneself) is carried out at the time of the acts of reciprocity and the failure of the communication between the consciences. Subjectivity (single problem of Nabert's philosophy) is determining for the moral destiny of each human being. Because, on it, depends the capacity to make the evil, but also the capacity to clear the human face which one carries in oneself of what the conscience considers not being appropriate to him like. Whereas the moral conscience still remains very related to the social order of the direction, the conscience of the evil (not only of the moral evil, but also of the undergone or noted evil) is torn off some for one beyond the standards. The conscience of the evil is born from the metaphysical direction of the negative experiments, and the feeling of remorse or culpability, far from being pathological, means on the contrary a treason with its true being. The bad conscience can only revolutionize one self-awareness goes from there towards its true being. Jean Nabert philosophically releases the route of the conscience in two forms of the ethical regeneration of oneself: one leaves the moral experiment to excellence acts sublimity (virtuous regeneration), and the other, of the experiment of the evil to the reflexive opening of the opaque zone jealously protected by each individual and culturally maintained by the company in "us". The moral conscience (social) sees this obscure bottom well, but prefers to spare its interests (to be worth, to have) and its ambitions (to be able, domination of the others, social emergence) in clearly-obscure theoretical according to principles' of the good and of the evil socially defined, excuses' ferment, justifications and charges (= mutual corruption, the "déjà-là" of the evil which accomodates any human being which comes in this world). Thus the moral conscience is unaware of it the defects under the appearance of the virtue and the bad faith in the motivation. The men will always complain about this buckled evil whose wise one (or the hero or the saint) has a presentiment of the presence by the doubt about oneself and the uncertainty which invades its heart, and whose reflexive act distinguishes the sign in a negative element persisting and the echo in evil of the fault. So is to be of oneself individual for it which requires to be regenerated. The Nabert's "reflexive analysis" widens the wake of the Kantian evil radical in testimonys of the individual conscience of what overpowers it, tears it. It is the life even of the spirit which is taken into account in various experiments: the degradation of its works, tragedy, the evils (suffering, diseases, dead). At the time of the emergence of subjectivity, the spiritual act constitutive of oneself, while affirming itself compared to the others, introduced, in the structure of subjectivity, the opposition of oneself to oneself: the withdrawal of the reciprocity of spontaneous acts generates the dialogue of oneself with oneself (experiment of loneliness). This crack, of which any whole we do not have to remember and are made accessory by the decision first and bad, is irremediable and constitutes the miserable condition of all human being. The reflexive act, seizing again to be absolute for it which is profiled at the bottom of these experiments which wake up the conscience with itself, discovers at the same time what the generating spiritual act is opposed ( according to the Fichte's meaning) in the real conscience like an absolute contradiction. Only a conscience in double relation (with the principle of being it absolute and oneself-reality) is sensitive to the inherent evil with the structure of the form to be which we are given, the evil which must be declared "unjustifiable". It is there the root of the evil and the unjustifiable evils from which the human beings suffer variously all over the world. How to name this root of the evil? Badly radical? This expression lends to confusion. Already the Kantian radical evil is not radical enough. The original sin? A concept with strongly theological connotation taking away the man's sense of responsabilty of the evil for which it is however responsible (form to be by the freedom of assent). The Ricoeur's term of "demonic" seems to better indicate it. It is thus from the "demonic" force someone can radically regenerate in an interiority based on the overriding principle his being. This experiment of the "absolute", immanente and transcendent in the self-awareness, is thetic, i.e. it is given like a task unceasingly started again in the discontinuity of the moral acts. Because the "demonic" mixes in the psychological tendency with the self-love, the preference to oneself, kindness to oneself, and is present in all our actions morals. This is why an evil calls another evil and humanity as a whole is not able to improve. Because each being starts again it. The means of fight against the evil which the company uses make only replace one unjustifiable by another. Acting of the singular form that one gave oneself, he behaves according of the absoluity (interior law of control) which is profiled at the horizon of the negative experiments that the subject will have to be stripped what determines it and that it borrowed from the external world. This experiment of the "absolute" carries the self-awareness at the border of the religious experiment (the desire of God at the horizon of the reflexive act to the test of the evil). Just as the mentality of the excuses, the justifications, the culpabilisation is the fruit of a culture, in the same way the conscience of "demonic" and the direction of the responsibility in the consequences for our acts (good or bad) which are encrusted in the social structures and which are transmuted into various evils, will ask a culture, since the physical or natural evil is nowadays reducible with the moral evil.

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