Le Caucase est souvent vu comme une région morcelée, en proie à des rivalités géopolitiques et à des nationalismes virulents. Cette recherche propose de rompre avec ces perceptions, en relisant son histoire récente. Elle reconstitue la trajectoire des confins de la Turquie, de l’Iran et de la Russie dans le premier tiers du 20e siècle, en présentant d’abord une histoire des circulations transfrontalière au cours de cette période de révolutions, de conflits et de bouleversements politiques. L’étude de la frontière caucasienne est mise au service d’une analyse des formes d’autonomie politico-administrative dans ces confins. Les institutions régionales puissantes qui s’appuient sur l’ouverture de la frontière jusqu’à la fin des années 1930 jouent un rôle majeur dans les évolutions intérieures des empires, mais aussi dans les relations interétatiques. Elites régionales et consuls en poste dans la région donnent naissance une véritable paradiplomatie caucasienne. Cette diplomatie frontalière est une ressource pour les élites régionales dans leurs rapports de force avec les gouvernements centraux, et énonce des enjeux très différents de ceux des diplomaties centrales : migrations, questions policières et judiciaires, défis environnementaux constituent certains des champs de cette coopération entre Etats, qui donne lieu à des influences et échanges peu connus. En les mettant en lumière, cette recherche suggère de dépasser une historiographie centrée sur l’impérialisme des puissances. On ne peut comprendre l’histoire caucasienne sans mettre au premier plan ses acteurs régionaux et leur capacité à se positionner dans les interstices de politiques étatiques et de territoires impériaux. / The Caucasus is often perceived as a fragmented area, dominated by geopolitical rivalries and rabid nationalisms. This research attempts to break with such an interpretation by rethinking its recent history. It reconstructs the shared dynamics of the Caucasian borderlands between Turkey, Iran and Russia in the first third of the 20th century, by presenting a history of cross-border circulations in this moment of revolutions, conflicts and political upheavals. This study of border interactions is inserted into a wider analysis of political-administrative autonomy in these borderlands. Until the late 1930s, powerful autonomous institutions rely upon the open Caucasian border and play a major role within each empire and between them. Regional elites and consular networks give rise to a genuine Caucasian paradiplomacy. This border diplomacy creates resources for regional elites in the balance of powers with central governments and focuses on issues neglected by a focus on central diplomacies: migrations, police and judicial matters, environmental challenges are but a few of these fields which foster interstate cooperation, enabling little-known influences and exchanges. By highlighting them, this dissertation suggests a way to go beyond a historiography of great powers imperialism. It contends that Caucasian history cannot be properly understood without putting at the forefront regional actors and their ability to exploits the interstices of state policies and imperial territories.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015IEPP0047 |
Date | 17 December 2015 |
Creators | Forestier-Peyrat, Etienne |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Rosental, Paul-André, Dullin, Sabine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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