Cette thèse avait pour objectif d'évaluer la défaunation comme technique permettant une meilleure nutrition des ruminants. La défaunation entraîne une augmentation du flux d'azote (non ammoniacal) au niveau du duodénum. Cependant, des études de la littérature indiquent que l'effet de la défaunation sur les productions animales (viande, lait et laine) est variable. Notre hypothèse de travail est que le rapport azote / énergie (PDIN / UF) de la ration est le principal facteur de variation des effets observés. Nous avions pour objectifs: 1) Etablir les lois de la réponse animale à la défaunation en général, ainsi que dans le contexte spécifique de la zone tropicale humide. 2) Déterminer l'impact de la défaunation sur les paramètres de la digestion permettant d'expliquer la réponse animale à la défaunation, notamment sur la protéosynthèse et la cellulolyse microbienne. En premier lieu, les lois générales des effets de la défaunation ont été établies à partir de l'analyse statistique d'une base de données de la littérature (méta-analyse). Dans un second temps, l'étude de quatre rations à base de fourrage (Digitaria decumbens) contenant 50, 60, 70 et 90 g PDIN /UF a été réalisée. Dans une seconde étude, quatre autres rations composées de fourrage avec complément (maïs et tourteau de soja) et contenant 80, 100, 120 et 140 g PDIN /UF, furent testées. La production de viande a été déterminée par mesures de gain de croît moyen quotidien (GMQ) d' agneaux faunés et défaunés, en fonction des huit profils alimentaires (8 rapports PDIN /UF). Des mesures de flux duodénaux d'azote sur des béliers adultes fistulés, faunés et défaunés, nous ont permis d'estimer la protéosynthèse. La cellulolyse microbienne a été estimé par les mesures de dégradabilité in sacco des fibres (NDF), de digestibilité ruminale des fibres (NDF) ainsi que par la mesure des activités enzymatiques glycolytiques du rumen, sur ces mêmes béliers. Les résultats de la synthèse bibliographique indiquent que la défaunation entraîne une augmentation de la croissance des animaux en moyenne de 10% (P < 0.01, 132.6 vs 118.7 ± 5.2 g/j). Lors des essais expérimentaux, la défaunation a permis d'augmenter le GMQ en moyenne avec les rations mixtes ( PDIN / UF > 80) (P < 0.03, 184.1 vs 165.9 ± 9.3 g/j). Aucun effet n'a été observé pour les rations de fourrage (GMQ = 76 ± 3 g/j), sauf pour la ration contenant 50 PDIN/UF (25 vs 49 ± 11 g/j). Dans la synthèse bibliographique, l'augmentation de 20 % du flux d'azote (microbien et alimentaire) intestinal après défaunation, contribue à l'augmentation des quantités de nutriments azotés absorbés. Pour les études expérimentales, après défaunation ce flux augmente significativement de 20% pour les rations mixtes, et de (+ 11%) pour la ration de fourrage. La synthèse indique une amélioration du profil des acides gras volatils (AGV) du rumen (augmentation du pourcentage de propionate) après defaunation, tandis que la cellulolyse microbienne diminue (- 4.7 % DrNDF). L'augmentation du flux d'azote intestinal et l'amélioration du profil des AGV contribuent à l'amélioration de l'utilisation métabolique des nutriments énergétiques. Ainsi, la défaunation améliore l'indice de consommation des animaux défaunés ( -1.4 g MS / g de croît). L'ensemble de ces résultats est confirmé par l'étude de nos rations expérimentales. En conclusion, le rapport azote / énergie de la ration module les effets de la défaunation, quand l'énergie n'est pas limitante. En zone tropicale humide, la défaunation ne présenterait un intérêt que pour les rations mixtes et les vieux fourrages. L'intérêt de la défaunation en ZTH reste à confirmer, notamment pour les jeunes fourrages et la canne à sucre (pauvre en azote, riche en sucre).
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:pastel.archives-ouvertes.fr:pastel-00000348 |
Date | 05 July 2002 |
Creators | Eugène, Maguy |
Publisher | INAPG (AgroParisTech) |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
Page generated in 0.0019 seconds