Ce travail repose sur des observations de terrain montrant que des salariés vont s’orienter ou non vers un arrêt de travail suite à un même type d’accident du travail de gravité mineure. De plus, les statistiques nationales décrivent une tendance à la baisse pour les accidents du travail mais l’absentéisme est en hausse (CNAM, 2016 ; Ayming-Kantar TNS, 2016). Ces données posent donc la question de la nature de la relation entre l’accident et l’arrêt de travail. L’objectif de cette thèse était d’explorer dans quelle mesure l’arrêt de travail serait expliqué par les états de stress et les stratégies de coping des salariés accidentés. En référence au modèle Self-Regulatory Executive Function – S-REF (Wells & Matthews, 1994), un objectif dans ce travail de thése est d'explorer dans quelle mesure les croyances métacognitives constitueraient des facteurs pouvant expliquer les états de stress, et leur gestion, après une période d'arrêt de travail. En référence à ce modèle, nous postulions alors que les salariés, en arrêt de travail, développeraient un syndrome cognitif attentionnel – CAS (Wells, 1995). Nous avons réalisé trois études testant trois hypothèses principales : 1) les salariés absents suite à un accident du travail présentent un profil métacognitif particulier impliquant des croyances métacognitives positives et négatives sur l’inquiétude, et activent préférentiellement des stratégies de coping émotionnelles ou d’évitement (étude 1) ; 2) les salariés absents suite à un accident du travail ont construit une représentation de l’accident du travail plus menaçante que les salariés qui ne se sont pas absentés (étude 2) ; 3) la probabilité de s'arrêter de travailler, dans les jours suivant l'accident, serait prédite par l'état affectif des salariés après l'accident (i.e., inquiétude, dissociation et détresse péritraumatiques) ainsi que par leurs stratégies de coping (étude 3). Nos résultats montrent que les salariés ayant vécu un accident du travail ne présentent pas de profil métacognitif différent selon qu’ils aient eu un arrêt de travail ou non (étude 1). Les stratégies de coping sont prédites par les croyances métacognitives ayant trait à l’inquiétude ; les stratégies de coping centrées sur le problème sont moins utilisées par les salariés ayant eu un arrêt de travail suite à leur accident du travail (étude 1). La représentation de l’accident du travail ne présente pas un caractére menaçant supérieur chez les salariés qui ont eu un arrêt de travail (étude 2). Enfin, les résultats de l’étude 3 montrent que la probabilité d’être en arrêt de travail suite à un accident du travail est uniquement prédite par une faible propension à l’usage des stratégies de coping centrées sur le problème. Nos principaux résultats indiquent que le stress ressenti par les victimes d’accident est influencé par les croyances métacognitives positives et négatives sur l’inquiétude (études 1 et 2). Nos travaux ne montrent pas de différence dans le profil métacognitif entre les salariés absents et non absents après un accident du travail. L’utilisation des stratégies de coping centrées sur le problème serait le principal corrélat (étude 1) et prédicteurs (étude 3) de l’absentéisme des salariés accidentés. L'ensemble de ces résultats plaide en faveur d'une approche de l'arrêt de travail appuyée sur la modélisation transactionnelle du stress, afin de mieux comprendre ce phénomène et proposer des méthodes de prise en charge innovantes des salariés ayant vécu un accident du travail. / This work is based on field observations showing that employees will or will not move to a work stoppage following the same type of work accident of minor gravity. In addition, national statistics describe a downward trend for work-related accidents, but absenteeism is on the rise (CNAM, 2016; Ayming-Kantar TNS, 2016). These data therefore pose the question of the nature of the relationship between the accident and the work stoppage. The aim of this thesis was to explore to what extent the work stoppage would be explained by stress states and coping strategies of injured employees. Referring to the Self-Regulatory Executive Function Model - S-REF (Wells & Matthews, 1994), one goal of this thesis work is to explore the extent to which metacognitive beliefs are factors that may explain stress states, and their management, after a period of work stoppage. In reference to this model, we postulated that employees who were off work would develop a Cognitive Attentional Syndrome - CAS (Wells, 1995). We conducted three studies testing three main hypotheses: 1) Employees who are absent following an occupational accident have a particular metacognitive profile implying positive and negative metacognitive beliefs about anxiety, and preferentially activate emotional coping or avoidance strategies (study 1); 2) Employees who were absent due to a work accident built a more threatening occupational accident representation than employees who did not miss (study 2); 3) The probability of stopping work in the days following the accident would be predicted by the affective state of the employees after the accident (i.e., worry, peritraumatic dissociation and distress) as well as by their coping strategies (study 3). Our results show that employees who have had an accident at work do not have a different metacognitive profile, depending on whether they have had a work stoppage or not (study 1). Coping strategies are predicted by metacognitive beliefs about worry; coping strategies centered on the problem are less used by employees who have had a work stoppage following their work accident (study 1). The representation of the industrial accident does not present a higher threat character for employees who have had a work stoppage (study 2). Finally, the results of study 3 show that the probability of being off work due to an accident at work is only predicted by a low propensity to use coping strategies centered on the problem. Our main findings indicate that the stress experienced by accident victims is influenced by positive and negative metacognitive beliefs about worry (studies 1 and 2). Our work shows no difference in the metacognitive profile between absent and absent employees after an accident at work. The use of coping strategies centered on the problem would be the main correlate (study 1) and predictor (study 3) of absenteeism of injured employees. All these results argue in favor of a work stoppage approach based on transactional stress model, in order to better understand this phenomenon and propose innovative methods of care for employees who have suffered an occupational accident.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018MON30045 |
Date | 30 November 2018 |
Creators | Freu, Rachel |
Contributors | Montpellier 3, Trouillet, Raphaël |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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