Cette thèse analyse le profil culturel des visiteurs des musées d’art moderne et contemporain en Belgique dans le but de mieux comprendre ce que représente, pour eux, l’expérience muséale. Il s’agit de dépasser une certaine approche courante en sociologie qui limite l’étude des relations publics-musées à la mise à jour du rôle des déterminants socioéconomiques sur la fréquentation. Mon approche part d’un postulat de base selon lequel il faut inscrire la visite muséale dans un rapport plus large à la culture pour appréhender le sens et les usages des musées d’art moderne et contemporain. <p>La récolte des données a eu lieu au cours de deux phases principales :une première quantitative suivie par une seconde qualitative. Le design est séquentiel (en deux étapes successives) et non équivalent puisque la première étape quantitative a plus de poids (terminologie basée sur Leech et Onwuegbuzie). <p>Pour la première phase, a été réalisée une enquête par questionnaires auprès des visiteurs de six musées en Belgique âgés de 15 ans et plus. Au total, 1900 questionnaires ont été récoltés et encodés. A partir de ces données, une analyse en correspondances multiples a été effectuée pour évaluer de quelle manière les différentes dimensions des profils culturels (goûts pour la musique, l’art et la lecture, participation culturelle, loisirs ordinaires, créativité) s’agencent les unes aux autres. Cette méthode a été choisie pour ses qualités inductives et relationnelles. <p>Cette analyse montre que les profils culturels peuvent être perçus comme le résultat de bricolages entre répertoires culturels. Ceux-ci doivent être compris comme des principes qui classifient les goûts et les pratiques et leur donnent sens. Parmi ces répertoires, la distinction culture haute versus culture basse à la Bourdieu conserve une place primordiale mais cohabite avec d’autres, tels que les distinctions omnivores versus univores (Peterson), voraces versus inactifs (Sullivan & Katz-Gerro), culture jeune versus culture classique, goût pour la transgression versus conservatisme. Cette thèse appuie en conséquence l’idée selon laquelle il n’y a eu ni de transformation unidirectionnel des snobs vers les omnivores (thèse de l’omnivorité), ni un effondrement des hiérarchies culturelles (massification et postmodernisme). <p>L’utilisation de ces répertoires est principalement influencée par l’âge, l’éducation (sous diverses formes) et le statut socioprofessionnel (qui met l’accent sur les différences en termes de cultures professionnelles). Les profils culturels s’ancrent dès lors toujours dans des structures sociales, contrairement à ce que pensent certaines théories individualistes plus extrêmes (Bauman), et continuent d’être structurés par des mécanismes de distinction, puisque les répertoires sont socialement valorisés. <p>Une classification hiérarchique ascendante a suivi l’analyse en correspondances multiples pour mettre à jour une typologie qui reflète les principales configurations des profils culturels. Six classes ont été identifiées :les cultivés classiques, les cultivés en retrait, les cultivés progressistes, les hédonistes, les éloignés culturels et les amoureux de l’art. Pour conduire la deuxième phase qualitative, trois personnes par classe ont été interviewées pour approfondir les donnés quantitatives sur leur rapport à la culture, à l’art et au musée. Au regard de cette analyse de discours, il apparaît que les six classes ainsi constituées partagent en leur sein des grilles de lecture similaires du rôle de l’art et de la culture au sein de la société moderne mais aussi du musée et agissent, ce faisant, en « communautés interprétatives » (Fish; Hooper-Greenhill). Comprendre la diversité des profils culturels des visiteurs (tout en prenant en compte l’origine sociale) permet, dès lors, de concevoir la multiplicité des rapports au musée./<p><p>What do we know about art museums’ visitors? This question can appear very trivial. Visitors of art museums seem to belong to educated elite. At least, this is the image that cultural participation surveys rightly spread. Nevertheless, this perspective focuses mainly on the characteristics of the population who do not visit museums, rather than on the characteristics of the museums' visitors. These surveys help indeed to define the sociodemographic particularities of visitors, with regards to the general population but do not investigate a possible diversity within the visitor population. They show that cultural democratization did not really happen but can we really conclude that the audience constitutes a homogeneous mass of snobs defined by a precise relation to the culture?<p>This presentation aims to go beyond this traditional approach in sociology that focuses on sociodemographic criteria and to show how diverse can be the audience. It intends to illustrate that visitors have heterogeneous cultural profiles (described by their tastes, cultural and creative activities, and more ordinary leisure), even if they tend to be similar from a socioeconomic viewpoint, and to evaluate which impact these cultural profiles have on the way of visiting a museum.<p>With the use of a multiple correspondence analysis and an ascending hierarchical classification, six different classes were distinguished among the visitors of six museums of modern and contemporary art in Belgium (N: 1900) according to their cultural profiles. Each cultural profile is considered as a bricolage of different cultural repertoires: low versus high culture (Bourdieu), univores versus omnivores (Peterson), voraces versus non-voraces (Sullivan & Katz-Gerro), classical versus young culture and traditional versus modern values. Instead of observing an unidirectional change from snobs to omnivores, my results suggests indeed that several repertoires interact with one another to structure cultural profiles and to give meaning to them. Finally, with selected interviews among the different six classes, it will be demonstrated that people with an analogous cultural profile tend to share similar interpretations of museums and act as "interpretative communities" (Fish; Hooper-Greenhill). Therefore, the meaning of a museum visit for visitors requires taking into account their cultural profiles.<p> / Doctorat en Sciences politiques et sociales / info:eu-repo/semantics/nonPublished
Identifer | oai:union.ndltd.org:ulb.ac.be/oai:dipot.ulb.ac.be:2013/210147 |
Date | 27 April 2010 |
Creators | Hanquinet, Laurie |
Contributors | Jacobs, Dirk, de Maret, Pierre, Genard, Jean Louis, Draguet, Michel, Glorieux, Ignace I. |
Publisher | Universite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté des sciences sociales, politiques et économiques – Sciences sociales, Bruxelles |
Source Sets | Université libre de Bruxelles |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | info:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/openurl/vlink-dissertation |
Format | 2 v. (xiv, 458 p.), No full-text files |
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