Entre fin 1944 et fin 1948, près d’un million de prisonniers de guerre allemands a été détenu en France métropolitaine par les nouvelles autorités. Figure honnie de l’occupation allemande et de la défaite nazie, ces soldats de Hitler désormais vaincus deviennent un enjeu majeur de la sortie de guerre, ou plutôt des sorties de guerre, tant les temporalités et les modalités diffèrent, parfois divergent selon les nombreux acteurs. Les autorités du GPRF sont tout de suite confrontées à un gigantesque défi logistique : prendre en charge une masse de prisonniers, alors que la France de la Libération peine à subvenir aux besoins de sa propre population. Or ces prisonniers sont avant tout réclamés et gardés comme une main-d’œuvre pour la reconstruction de la France. De militaire, la captivité allemande en mains françaises devient économique et pose avec urgence le problème de l’entretien de cette force de travail. La sortie hors du camp offre certes des solutions, mais diffuse progressivement la gestion à l’ensemble de la société : employeurs, maires, mais aussi populations locales et opinions publiques entrent en contact avec cette nouvelle présence allemande. Et la « question PGA » de devenir une affaire de politique intérieure qui fait rejouer la diversité discordante des vécus de guerre : où se situe la limite entre le traitement économiquement rentable mais politiquement peu patriotique ? Qui doit être prioritaire dans l’affectation de la main-d’œuvre prisonnière ? Le travail de celle-là doit-il revenir à l’employeur ou bénéficier à l’ensemble de la nation ? Les réponses engagent une certaine idée de la Reconstruction. Cette question du traitement des PGA dépasse le cadre national pour devenir un enjeu des relations franco-américaines de l’après-guerre et de facto de la politique allemande des deux alliés au statut si inégal : 70% des prisonniers gérés par les Français ont été cédés par les Américains qui entendent conserver leur responsabilité de puissance détentrice. Avec la fin du conflit, puis le début de la guerre froide, qui bouleverse les priorités américaines, la gestion des PGA à l’échelle internationale permet d’observer comme le bilatéralisme transatlantique est progressivement intégré dans le cadre européen qui lui impose son calendrier. Comment les Français entendent-ils ainsi répondre aux demandes de libération à partir de 1946 sans contrarier le plan Monnet ? / Between the end of 1944 and the end of 1948, almost one million German prisoners of war were detained in metropolitan France by the new authorities. As hated figures of the German occupation and the Nazi defeat, Hitler’s soldiers, henceforth vanquished, became a main issue of how to get out of the war, which involved a large number of actors. The authorities of the provisional government of the French republic were immediately confronted with a huge logistical challenge: to take care of a mass of prisoners, whereas France at the time of Liberation already had some difficulties to provide for its own population. Whereas German prisoners had been claimed and kept above all as labor to rebuild France. From being military in nature, the German captivity in French hands became an economic phenomenon and posed the question of the maintenance of this labor force. Removing the prisoners from camps presented some solutions, but spread progressively the management to the whole society: employers, mayors, but also local populations and public opinions who came in contact with this new German presence. The “German POWs question” became an issue of domestic policy, which made the conflicting diversity of war experiences resonate: Where is the line between the economically profitable treatment, but politically not so patriotic? Who must have priority in the allocation of POW labor? Must the work of this latter be due to the employer or to benefit the whole nation? Answers to these problems defined a certain idea of the reconstruction. This question of the treatment of POWs exceeds the national framework to become an issue of the Franco-American relationships in the after-war period and, de facto, of German policy - decided by two allies with such unequal status: 70% of the prisoners managed by the French had been transferred by the Americans who wanted to keep the responsibility as the detaining power. With the end of the conflict, then the beginning of the Cold War, which changed American priorities, the management of the German POWs at the international scale gives the opportunity to observe how the transatlantic bilateralism was progressively integrated into the European framework which set its own agenda. How could the French authorities meet the claims for liberation from 1946 without thwarting the Monnet plan?
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA100184 |
Date | 07 December 2010 |
Creators | Théofilakis, Fabien |
Contributors | Paris 10, Universität Augsburg, Becker, Annette, Wirsching, Andreas, Rousso, Henry |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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