Le monde du cirque contemporain, qui a émergé en France à la fin des années 70, et qui a toujours entretenu une certaine marginalité, révèle les rapports ambivalents qu'entretient notre société à l'égard du handicap. Nous avons adopté une approche relationniste du handicap pour réaliser une étude exploratoire quantitative, puis une étude qualitative de onze associations circassiennes. Nous avons mis à jour quatre types de rapports à la différence : certaines associations organisent un Regroupement et Mise à distance des différences, qui sépare les personnes qui ont des limitations de capacités intellectuelles des autres pratiquants, par la création d'un véritable secteur de cirque spécialisé; une majorité d'associations accepte également la participation de personnes qui ont peu d'incapacités dans des pratiques de cirque normalisées, par un processus d'assimilation, traduisant une hiérarchisation des comportements; dans certaines associations professionnelles, quelques artistes aux corps hors-normes sont mis en avant, par leurs différences corporelles créatives; seule une des associations étudiées propose une forme originale de participation, acceptant des personnes ayant tous types de capacités et incapacités pour des pratiques inclusives, révélant une mixité créative. Le cirque contemporain a ainsi mis en place un secteur spécialisé, qui reproduit le détour ségrégatif organisé par les secteurs médico-sociaux et psychiatriques. Il propose un simulacre d'intégration hors du monde du handicap, tout en instituant une mise à distance de la différence. Cette participation au processus de ségrégation est masquée par la mise en avant d'artistes ayant des incapacités motrices et l'utilisation créative de leurs différences corporelles, à condition qu'ils démontrent un contrôle exceptionnel du corps. Une unique association combine l'organisation de pratiques inclusives et le rejet affirmé de sa propre institutionnalisation. Pour les autres, ni le statut associatif, ni la posture de marginalité, ne produisent des formes originales de participation pour les personnes ayant des limitations de capacités. On assiste à une polarisation du rapport à la norme, la marginalité « négative » des personnes « handicapées » – au sens d'un manque de contrôle des comportements – est encadrée par une prise en charge globale alors que la marginalité« positive » des différences corporelles est encadrée comme une œuvre, par une mise en piste spectaculaire, symbole de la marginalité renouvelée du cirque contemporain. / The contemporary circus emerged in France during the late 70s and so far it has taken up a marginal position. Itsframework reveals the ambivalent relationship between society and disability.A research approach in which disability is the result of interaction between individuals and their environments wasadopted. We conducted a wide angle quantitative study about circus associations throughout France, followed by aqualitative study centered on eleven circus associations. We established four relationship patterns with respect todissimilarities: some associations organize a Clustering and segregation, that separates people with intellectual disabilitiesfrom other participants, with the creation of a specialized circus programs; a majority of associations also accepts theparticipation of people who carries low impact disabilities in normalized circus practices, by a process of assimilation,reflecting a Behavioral prioritization ; in associations that regroup professional performers, few artists with unconventionalbody types are emphasized by their Creative corporal dissimilarity ; only one among all organizations studied offers anoriginal pattern of participation, where people with all types of abilities and disabilities are united in inclusive practices, bythe virtue of a creative mosaic.Contemporary circus has established specialized programs that reproduce the segregation utilized in the medicosocialand psychiatric sectors. It proposes a simulated integration aimed to the world outside of the disability, whileestablishing a distancing of the difference. Recurrent highlighting of artists with physical disabilities that creatively usestheir corporal differences and demonstrates exceptional body control masks this participation in the process of segregation.A single organization combines inclusive practices and affirmatively rejects its own institutionalization. For others,neither association status nor the posture of marginality produces original forms of participation for people withdisabilities.Norm is polarized: “Negative” marginality of the “disabled” – those that have a lack of behavioral control – isframed by a global care, while the “positive” marginality of corporal differences is framed as a fine art piece by spectacularstaging, the symbol of the renewed marginality of the contemporary circus.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014MON14001 |
Date | 20 March 2014 |
Creators | Lantz, Elise |
Contributors | Montpellier 1, Marcellini, Anne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0036 seconds