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La construction d’un futur sur quatre roues : Une ethnographie du handicap locomoteur dans Mitchell’s Plain (Afrique du Sud) / Building a future on four wheels : An ethnography of locomotive disability in Mitchell's Plain (South Africa)

Cette thèse se concentre sur les subjectivités particulières que produit la déficience locomotrice dans la ville postapartheid au moyen d’une ethnographie de la vie ordinaire. À cet effet, la déficience locomotrice désigne toute limitation des déplacements due à une infirmité des membres inférieurs. Celle-ci est dès lors conçue comme une épreuve, c’est-à-dire un évènement qui rompt avec le quotidien et met sous tension les responsabilités des différents acteurs impliqués — personnes en situation de handicap, familles, État, etc. En outre, ces tensions s’articulent sur différents niveaux dont trois sont particulièrement discutés ici : le champ politique qui détermine un certain type de citoyenneté, les réseaux sociaux qui constituent la personne et enfin le rapport des acteurs en situation de handicap à leur histoire personnelle. Ces trois niveaux se combinent pour façonner des subjectivités particulières, qui sont analysées dans un cadre foucaldien en tant que rapports à soi, mais également aux autres et au monde qui nous entoure. Le chapitre 1 introduit la discussion en proposant un aperçu général de la problématisation politique du handicap en Afrique du Sud. J’y interroge la manière dont l’histoire nationale a pu influencer les discours et les mesures prises dans ce domaine. Au-delà de ces considérations générales, je cherche surtout à saisir les effets réels des mesures adoptées sur l’expérience de la déficience locomotrice dans l’Afrique du Sud contemporaine. Le chapitre 2 s’intéresse alors plus spécifiquement aux politiques de sécurité sociale et d’aide à l’emploi. Cette étape de l’analyse permet d’intégrer une dimension économique dans la suite de la discussion sur les relations sociales des personnes rencontrées. Le chapitre 3 interroge l’existence d’autrui significatif dans le choix d’un logement. Le chapitre 4 se concentre quant à lui sur les rapports de genre et leurs reconfigurations contemporaines, tels qu’ils sont vécus par les personnes atteintes d’une déficience. Un troisième registre de sociabilité plus large et plus diffus fait l’objet du chapitre 5, qui documente les lieux de sociabilité dans le township de Mitchell’s Plain et la manière dont les personnes en situation de handicap s’y intègrent. Finalement, le chapitre 6 rassemble les différents éléments discutés dans les sections qui le précèdent pour saisir les récits de soi que ces dynamiques sociales produisent. C’est alors la place donnée à la déficience par l’individu dans son rapport à lui-même et aux autres qui est mise en évidence. De manière générale, cette réflexion souhaite contribuer à la compréhension des conséquences pratiques des politiques établies et de leur appropriation par les acteurs et participe dès lors aux débats autour de la prise en charge de personnes vues comme ‘dépendantes’. Une approche par le handicap dans une nation conçue tour à tour comme développée et en voie de développement, ni tout à fait sociale ni strictement libérale, cherche à enrichir la réflexion sur ces sujets dans nos sociétés contemporaines. Qui plus est, l’angle de la déficience en Afrique du Sud permet de revenir sur les politiques d’apartheid, dans leur dimension corporelle et sociale, en s’intéressant à la restructuration de la ville postapartheid. Dans ce cadre, interroger la citadinité sud-africaine permet de se départir d’une rhétorique raciale, qui monopolise souvent la réflexion sur cette société, pour comprendre comment, au-delà de ces différences, l’espace urbain est réapproprié. À travers ces dynamiques, c’est aussi la mémoire d’un passé troublé, au statut incertain, qui se joue. Enfin, interroger la déficience locomotrice en Afrique du Sud permet de revenir sur un lien supposé entre ce type de handicap et la violence endémique des anciens townships. / This thesis explores subjectivities shaped by locomotive disability in the post-apartheid city through an ethnography of ordinary life. Locomotive disability encompasses every limitation of mobility due to an infirmity of the lower limbs. In my discussion, it is conceived as a ‘test’ (épreuve), namely an event that interrupts everyday routines and creates tensions between the responsibilities of different actors’ – people with disabilities, families, the state, etc. These tensions are articulated on various levels. In my discussion, I focus on three of them: the political field that determines a certain type of citizenship, the social networks that constitute the person, and finally the understanding people with disabilities have of their personal history. These levels combine to shape people’s subjectivity, and are analysed in a Foucauldian perspective not just as individuals’ relations with themselves, but also with others and the wider world. Chapter 1 introduces the discussion by providing an overview of the political problematisation of disability in South Africa. I question how national history has influenced discourses and legislation in the field of disability. More specifically, I explore the effects of these programs on the experience of locomotive disability in contemporary South Africa. Chapter 2 then presents in detail South African social security and job creation policies. This section of the thesis introduces an economic dimension to the discussion of the social relationships of people with disabilities which is taken up in the following chapters. Chapter 3 questions significant others’ identity in the process of finding a house. Chapter 4 focuses on gender relationships and their current reconfigurations, as lived by people with disabilities. A third register of sociability is introduced in chapter 5, which documents the existence and the nature of social places in Mitchell’s Plain township and the ways people with disabilities participate in those spaces. Finally, chapter 6 brings together the conclusions from each chapter to explain the self-narrations (récit de soi) produced by different social dynamics. Through my analysis, I thus explore the place people give to disability in their relationships with the self and with others. More generally, this thesis aims to contribute to the understanding of the consequences that policies have for people’s lives and the way these policies are appropriated by the actors on the field. In so doing, the thesis participates in the debate around the management of people who are often perceived as ‘dependants’. To look at disability in a nation that is both conceived as developed and still developing, neither completely social nor totally liberal, is a way to extend our knowledge on these topics in contemporary societies. Moreover, the topic of disability in South Africa allows me to analyse apartheid policies and their bodily and spatial dimensions, by focusing on how the city is nowadays (re)appropriated by its inhabitants. In this context, questioning South African citiness allows me to depart from a racial discourse that still often monopolises analysis of this society, in order to comprehend how, beyond these differences, the urban space is restructured. Through this dynamic, the memory of a troubled past with an uncertain status is at play. Finally, a discussion on locomotive disability in South Africa challenges the supposed link between this type of disability and the endemic violence of the townships.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017BORD0862
Date11 December 2017
CreatorsSchnitzler, Marie
ContributorsBordeaux, Université de Liège, Gruénais, Marc-Éric, Rubbers, Benjamin
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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