Cette thèse constitue essentiellement un essai de roman pédagogique. Que la pédagogie soit un art au même titre que la poésie ou le roman est ce qui y est affirmé. Les principales références bibliographiques sont du domaine de la philosophie et en particulier de la philosophie française des trente dernières années. L'argumentation est donc essentiellement d'ordre philosophique; mais non pas exclusivement, pour cela que le genre pédagogique qui se développe à travers l'argumentation avoue une préférence: le style, à l'occasion, doit l'emporter sur la signification; au sens où il revient souvent au premier de mettre en scène la seconde. Car la pédagogie n'est rigoureuse qu'à cette condition d'assurer une "performance" du dire qui soit à mine d'illustrer ce qui est dit. C'est du moins ce que veut montrer cette thèse. La méthodologie utilisée dans cet ouvrage a donc ceci de particulier qu'elle favorise l'organisation théâtrale, poétique et romanesque du texte au profit du sens, tout de même, de ce qui est posé dans la problématique. Celle-ci consiste principalement dans une interrogation sur la spécificité du discours pédagogique. La route qui mène du problème à sa résolution littéraire est suffisamment longue pour que s'y rencontrent deux traditions: celle qui fait encore de Socrate l'ancêtre de la pédagogie en Occident et celle qui fait toujours de Protagoras l'ennemi juré de la vérité. A travers le concept de "médiation de pertinence", il est montré que le statut du langage n'est aucunement déterminé en pédagogie - qu'il tient à la fois du son des réponses trop longues de Protagoras et du sens des questions brèves de Socrate - et que son indétermination même est finalement constitutive du genre pédagogique. C'est du moins l'hypothèse qui circule à travers tout l'ouvrage et qui sert de raccord entre les parties: la genèse de la transparence du savoir et son échec, les trois couleurs du savoir et en particulier le "faire savoir blanc" subversif discuté sur le terrain de la phénoménologie, le "faire savoir blanc" pervers campé dans un certain structuralisme et la question de la narration pédagogique. Enfin, c'est dans une histoire racontée en fin de parcours que se dénouent les intrigues du sens concentrées dans un certain nombre de paradoxes laissés le long du trajet. On y apprend finalement que la pédagogie dépend des paradoxes du sens. Et alors que le bon sens et le sens commun auraient souhaité que la pédagogie-à l'instar de la thérapie et de la science - résolve les paradoxes de la communication et de la signification, on découvre au contraire que la pédagogie n'a de sens qu'à lutter contre le bon sens et le sens commun. Et que c'est dans cette perversion même que consiste la spécificité artistique de la pédagogie. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2014
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28929 |
Date | 25 April 2018 |
Creators | Daignault, Jacques |
Contributors | Pépin, Yvon |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | iii, 201 f., application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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