Ce mémoire est catégorisé dans la sous-discipline de l'anthropologie culturelle, car la culture - comme phénomène - occupe un rôle important dans l'analyse. Il aborde néanmoins des questions de santé et de santé mentale. On pourrait donc le catégoriser également dans une sous-sous-discipline de l'anthropologie de la santé mentale. / L’étiologie et l’épistémologie biomédicale sont importées par les psychiatres, les thérapeutes et les intervenants-es qui pratiquent en milieux autochtones. Elles entrent parfois en conflit avec des conceptions locales des troubles (Laplantine 1998 ; Summerfield et al. 2016). C'est en réaction à ce problème que des champs d'études interdisciplinaires relativement récents tels que la psychiatrie transculturelle et l’ethnopsychiatrie se sont développés. Ces disciplines proposent une épidémiologie socioculturelle et contextuelle de la santé mentale ainsi que des traitements alternatifs originaux (Lecompte et col. 2006). La différence culturelle ferait partie des obstacles au succès du travail de prévention, au traitement et particulièrement au développement d’une alliance thérapeutique (Chandler et Lalonde 1998 ; Kirmayer 2003 et 2009 ; Sterlin et Dutheuil 2000). Dans le Nord du Québec, l’enjeu de la différence sociale et culturelle s’ajoute au fait que certains services de santé sont parfois difficiles à offrir dans les communautés nordiques et donc éloignées des centres urbains et hospitaliers. De plus, le roulement des employés y serait plus grand (Paré 2004).
Cette recherche étudie spécifiquement la rencontre clinique dans un contexte interculturel précis et l‘adaptation des services et des cadres psychothérapeutiques qui en suit. Le travail des intervenantes et leur vécu est documentés et analysés en profondeur. Cette recherche accorde une attention particulière à l’analyser de la dynamique originale du soin de type « fly-in, fly-out » (FIFO) et à ses effets sur l’issue des rencontres cliniques. Les données de l’étude témoignent de plusieurs modifications apportées à la pratique des soignantes suite à ce que j’appelle leur psytinéraire interculturel en contexte colonial.
Mon étude est fondée sur une approche inductive et qualitative. L’analyse conjugue des données provenant d'une quinzaine d’entrevues semi-dirigées avec des informateurs-trices psy- de même que du matériel de prévention et de formation que ces informatrices ont développé.
En bref, je m’intéresse à la manière dont s’articulent la prévention et les soins de santé mentale et aux défis rencontrés par les intervenantes psy. Les variables mises en cause sont : les effets de l’éloignement et de l’isolement (« fly in fly out » - FIFO), la différence sociale et culturelle et d’autres particularités liées au contexte colonial qui entrent en jeux lors des rencontres thérapeutiques (violences coloniales, traumatismes, pauvreté, etc.). Finalement, je me questionne sur les éléments des modèles d’interventions transculturelle et ethnopsychiatrique qui pourraient être importés dans ce contexte afin que le travail clinique ait davantage de succès. En trame de fond, j’interroge quelle place prend la culture portée par les différents acteurs de la rencontre dans les traitements. Une perspective systémique complémentariste inspirée des travaux de George Devereux et de Grégory Bateson s’est avérée très utile. / This exploratory study focuses on the mental health care services provided within aboriginal communities in Northern Québec, through a systemic and ethnopsychiatric perspective. Based on an approach both inductive and qualitative, this analysis relies on data from some fifteen semi-structured interviews with informants from the psychological and psychiatric fields, combined with educational and prevention materials developed by those actors. This study first wishes to document and examine the peculiar dynamics of mental health care within northern communities and how the medical staff adapts its methods, yet it also wishes to question the very own nature of the provided mental health care system, focusing especially on the impact of the alternating care providing system (the "fly-in, fly-out") on the outcomes of clinical meetings.
While presenting some advantages, this structure of care still raises numerous issues, from the constraints emerging from cultural differences, to the geographical and demographical situations of those communities, even raising issues linked to the colonial history of Quebec. In this context, all the boundaries of medical intervention are increased, as well as risks associated with errors, re-traumatization, even neo-colonisation. Consequently, therapists seem to see their practice transcultured once immersed in a new environment. I therefore examine potential elements for a new model of transcultural and ethnopsychiatric intervention, that once developed, might help clinical works be more successful. Moreover, the idea is to think more generally about what should be the place given to the culture of the care providers, in order to start creating an environment more in line with the issues brought by the testimonies I collected.
Finally, this Master Thesis wishes to link theories of ethnopsychiatry and transcultural psychiatry to field work in the Northern territories, in order to offer a reflection on the decolonization of mental health care, through the use of a complementarist systemic perspective and a community-based, partnership-based approach.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/24139 |
Date | 10 1900 |
Creators | Blanchet, Edgar |
Contributors | Minn, Pierre |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
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