Depuis quelques années, la santé mentale au travail est devenue un enjeu important. Des transformations influent non seulement sur la vie professionnelle des travailleurs, mais également sur leur vie personnelle. Elles impliquent plusieurs changements structurels: une augmentation de la charge de travail, des déplacements plus fréquents, un climat de travail précaire, etc. Les effets de ces transformations se font maintenant sentir; une certaine détresse se développe chez ces travailleurs et les organisations tentent de faire face à cette situation du mieux qu'elles peuvent. Déjà, en 1975, Maslach, dans ses travaux sur la santé au travail, remarque que l'épuisement professionnel a un impact important sur les travailleurs qu'elle observe. Depuis, plusieurs indices nous signalent que la situation se détériore. Les premières définitions provenaient essentiellement d'échantillons d'individus qui travaillaient directement avec une clientèle qui avait besoin d'assistance (Maslach, 1976). Ainsi, on associa l'épuisement professionnel aux professions aidantes : infirmières, professeurs, travailleurs sociaux, intervenantes, etc. De ces définitions, un outil psychométrique est né, le Maslach Burnout Inventory (MBl, 1981). Cet outil devint le plus utilisé, voire le seul utilisé et cela jusqu'à aujourd'hui. Dès la fin des années 1980, on assista à une généralisation du phénomène à toutes les professions. Puis, en 2001, Demerouti présenta un nouveau modèle et un nouvel instrument de mesure qui reflète la réalité du syndrome d'épuisement professionnel, le Oldenberg Burnout Inventory (OLBI). Ce modèle est invariable entre les corps d'emploi (Demerouti, 2001) et permet une analyse plus adéquate du phénomène. Entre autres, il permet l'élimination de la dimension la plus critiquée (Lee & Ashfort, 1996) du modèle de Maslach de l'épuisement professionnel soit le sentiment d'accomplissement personnel. Cet outil de mesure développé par Demerouti ne fut jamais adapté pour une population francophone. Les objectifs de cette thèse de doctorat sont de traduire, adapter et valider en français un nouvel instrument de mesure de l'épuisement professionnel. Nous nous proposons également de développer des points de coupure sur l'OLBI. Une adaptation de l'OLBI fut effectuée grâce à la procédure du double aveugle adaptée. Cette procédure implique un troisième traducteur aveugle pour plus de sécurité. Cette procédure fut développée grâce à la grille d'analyse de Behling et Law (2001). Elle nous permet également d'adapter l'OLBI avec une procédure qui est à la fois efficace, sécuritaire, informative et transparente. Une passation de l'outil fut ensuite effectuée. Cette passation eut lieu auprès des employées d'une entreprise privée de la région de Montréal. Les indices psychométriques recueillis sont dans l'ensemble acceptables. Les indices de fidélité permettent de statuer que notre adaptation de l'OLBI est fidèle (α = 0.8048). De même, les différentes preuves liées à la validité sont présentées. Ces preuves sont assez nombreuses pour nous permettre de statuer que notre adaptation de l'OLBI est une première étape importante dans la validation de cet outil. De même, un point de coupure est ensuite établi grâce à la procédure ROC, afin de permettre une détection de la détresse lors de futures passations. Nous pensons que notre adaptation du questionnaire peut servir, au moins à titre expérimental, dans des situations de dépistage.
Des régressions multiples ont été effectuées afin de comparer l'OLBI au MBI. Les résultats démontrent la supériorité de l'OLBI à expliquer la relation entre les facteurs organisationnels et l'épuisement professionnel. D'ailleurs, l'OLBI permet d'expliquer 81 % de la variance dans la relation entre l'épuisement professiormel et les facteurs organisationnels, tandis que le MBI n'en explique que 60%.
En discussion, nous présentons d'abord les choix effectués lors de l'adaptation de l'outil. Puis les preuves de fidélité et de validité selon le modèle de l'APA (2003) sont présentées et discutées. Nous établissons finalement un point de coupure sur l'échelle de l'épuisement émotionnel de l'OLBI. Ce point de coupure nous permet de déterminer quels individus vivent de la détresse au moment de la passation du questionnaire. Ce point de coupure se situe au score 18 sur l'échelle de l'épuisement émotionnel de l'OLBI. Il signifie que la probabilité de retrouver une détresse importante est 6.74 fois plus importante que dans la population normale. En conclusion, la mesure de Demerouti est discutée. Le MBI et l'OLBI ont chacun leurs forces, mais l'expérimentation effectuée dans le cadre de cette thèse avantage l'Oldenburg Burnout Inventory (OLBI). Ainsi, un premier pas dans le développement d'un instrument de mesure alternatif pour la population québécoise est maintenant fait. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Épuisement professionnel, Psychométrie, OLBI, Adaptation canadienne, Courbe ROC, Burnout, Point de coupure, MBL.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2481 |
Date | January 2009 |
Creators | Chevrier, Nicolas |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse acceptée, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2481/ |
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