Une des caractéristiques fondamentales des policiers et des agents correctionnels est le recours légitime à la coercition pour imposer leur autorité. Cette force publique doit donc, en théorie, avoir le dessus sur toute forme de force privée. Dans l’étude des phénomènes de violence, cette caractéristique rend leur victimisation singulière. À ce jour, les formes d’influence, de pressions indues et d’intimidation vécus par les agents de la force publique demeurent relativement peu étudiées. Les objectifs de cette thèse sont d’améliorer notre compréhension des dynamiques d’intimidation, de soulever les différents enjeux pour la force publique et de proposer une théorie de l’intimidation criminelle. La force publique étant, avant toute chose, une émanation de l’État, nous avons commencé par analyser la problématique de l’intimidation criminelle de manière plus globale. En testant la théorie de l’action de sécurité (Cusson, 2010), nous avons constaté qu’une force publique intimidée et corrompue entraîne une perte de légitimité et une inefficacité du système judiciaire dans sa lutte contre la criminalité. Nous avons ensuite adopté une perspective interactionniste pour comprendre les dynamiques d’intimidation au quotidien. Nous nous sommes demandés quels étaient les éléments qui rendaient une intimidation crédible et grave pour les policiers. En identifiant leur monde d’objets (Blumer, 1986), nous avons constaté que les actes d’intimidation qui survenaient en dehors du cadre professionnel étaient jugés plus graves par les policiers et que l’appartenance de l’intimidateur à une organisation criminelle entraînait une augmentation de la gravité de la menace. Ensuite, nous nous sommes interrogés sur la notion d’identité sociale des agents correctionnels victimes d’intimidation (Tedeschi et Felson, 1994). Nous avons constaté que les intimidations mineures mais répétées avaient tendance à modifier les pratiques professionnelles des surveillants. Une analyse intégrée de ces perspectives met en lumière l’existence de deux formes d’intimidation : une intimidation réactive et peu sévère en nature et une intimidation planifiée et grave. Elle soulève également trois enjeux pour la force publique : son aspect symbolique, la transformation de son action et sa légitimité. En intégrant ces enjeux, une théorie de l’intimidation criminelle est proposée. En dernier lieu, des solutions préventives et répressives sont avancées pour lutter contre ce phénomène. / One of the most salient characteristics of police and correctional officers lies in their legitimate use of coercion to impose their authority. In theory, this public force must have precedence over any private force. In the study of violence, this feature makes their victimization particularly peculiar. Unlawful pressure and influence as well as intimidation tactics experienced by law enforcement officers have not been the focus of much attention. This thesis aims at bringing a better understanding of the intimidation dynamics, at identifying the major issues for the public force and at offering a more general theory of criminal intimidation. Public force being an inherently State function, we focussed first at the problem of intimidation in a global manner. By testing the theory of the action of security (Cusson, 2010), we observed that an intimidated and corrupted public force leads to a loss of legitimacy and efficiency of the judicial system in its fight against crime. We then adopted an interactionist approach to understand the everyday dynamics of intimidation. We asked ourselves what were the factors that officers considered severe and credible enough for them to consider an intimidation. By identifying the world of objects of police officers (Blumer, 1986), we observed that acts of intimidation that occurred outside the professional setting were considered more serious. Also, the fact that the intimidator belonged to a criminal organisation raised the gravity of the threat. Then, we looked into the social identities of correctional officers that experienced intimidation (Tedeschi et Felson, 1994). We discovered that minor but repeated acts of intimidation had a tendency to modify the professional practices of prison guards. An integrated analysis sheds light on two types of intimidation: on one side, a reactive and mild intimidation; on the other, a programmed and serious intimidation. This brings three issues for the public force: its symbolic aspects, a transformation of its action and its legitimacy. By integrating those issues, we have been able to offer a theory of the criminal intimidation. Lastly, preventive and repressive measures are discussed as a solution to criminal intimidation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11928 |
Date | 12 1900 |
Creators | Gomez del Prado, Grégory |
Contributors | Cusson, Maurice |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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