Compte tenu du fait que l'histoire littéraire ne saurait rendre compte de toutes les oeuvres parues chaque année, nous proposons, dans un contexte où l'institution littéraire s'intéresse de plus en plus aux écrivains méconnus, une étude en deux volets d'un phénomène littéraire pratiquement oublié aujourd'hui : le populisme. Il s'agit d'une d'école littéraire fondée en 1929 par Léon Lemonnier et André Thérive, critiques littéraires et romanciers, en réaction contre le roman moderne, plus particulièrement le roman d'analyse. Comme cette école connut un certain succès dans les années 1930, nous avons voulu savoir, dans un premier temps, ce qu'était l'école populiste et ce que ses membres proposaient comme ligne de conduite. Dans un deuxième temps, nous nous sommes attardés sur quelques oeuvres qui peuvent permettre de constater ce que le populisme a été concrètement, c'est-à-dire sur le plan de la création littéraire.
Le premier chapitre est consacré au premier objectif de la recherche qui est de déterminer ce que fut au juste l'école populiste. Pour ce faire, nous avons cru tout d'abord utile de situer le populisme à la fois dans son contexte socio-historique et dans son contexte littéraire pour comprendre les conditions d'émergence et d'obsolescence qui forent extérieures au mouvement. Nous avons également estimé important de définir le populisme en regard des autres littératures du peuple, afin de réduire au maximum les ambiguïtés relatives aux dénominations des écoles littéraires, principalement l'équivoque qui subsiste encore en ce qui concerne les définitions des littératures populiste et prolétarienne. Nous établissons donc, sur le plan de la théorie, en quoi à la fois la thématique et l'esthétique des populistes voulaient se démarquer des autres littératures du peuple de la même époque. Une fois cela fait, nous avons voulu retracer les postulats théoriques et idéologiques étayant la démarche des fondateurs. Cet exercice doit évidemment permettre de comprendre la démarche artistique des auteurs populistes, de cerner les limites et les possibilités théoriques de la doctrine, dans le but de parvenir à une définition exhaustive, mais aussi d'établir une liste de critères selon lesquels une oeuvre pouvait ou non être qualifiée de populiste dans les années 1930. Une partie du premier chapitre sera aussi réservée à l'analyse des influences de Thérive et Lemonnier qui ont conduit à l'élaboration de la doctrine du populisme. Une recherche devait aussi être effectuée autour du mot « populisme » pour en connaître la provenance, la valeur et en apprécier éventuellement la dérive sémantique. Nous nous sommes aussi attardés sur la réception critique du populisme et de ses principaux auteurs5 soit les fondateurs du mouvement ainsi qu'Eugène Dabit, qui ne s'associa jamais à l'école officielle, mais grâce à qui le populisme n'a pas tout à fait disparu des manuels d'histoire littéraire. Le discours critique concernant l'école et les oeuvres populistes fut pour nous primordial puisqu'il constitue pour ainsi dire la seule source qui traite sérieusement du sujet de ce mémoire. Finalement, nous avons tenté de retracer ceux qui s'impliquèrent activement dans le mouvement populiste. Cela semblait d'autant plus pertinent que plusieurs des écrivains figurant aujourd'hui sous la bannière populiste furent des détracteurs du mouvement et que le Prix populiste fut attribué à des auteurs de différents milieux et de tendances distinctes, ce qui crée une confusion persistante dans l'histoire littéraire. À cette question : qui étaient les populistes ? se joignent inévitablement ces deux interrogations : pour qui écrivaient-ils et dans la poursuite de quel objectif ? Notre premier chapitre est donc consacré à ces nombreuses questions concernant l'école populiste.
Le deuxième objectif, qui est de vérifier, dans une perspective comparative, ce qu'a produit l'école populiste par rapport aux visées initiales des fondateurs, fera l'objet du deuxième chapitre. Au-delà des conjonctures politiques et idéologiques qui étouffèrent les élans populistes, nous devons questionner la valeur des oeuvres qui ont résulté de l'effort de théorisation de Thérive et de Lemonnier. Une étude thématique et formelle de la production romanesque populiste permettra de déterminer les lieux communs qui unissent les auteurs appartenant au mouvement. Nous pourrons aussi constater dans quelle mesure les oeuvres issues de la doctrine lui sont fidèles et à quels écarts celle-ci a donné lieu. Puisque le populisme, au dire même de ses fondateurs, existait avant sa conceptualisation définitive et que vraisemblablement il survivra à F école populiste, puisque, de plus, Thérive et Lemonnier n'en font pas une doctrine exigeante et hermétique concernant les seuls membres, nous proposons une liste de romans soit écrits par les fondateurs, soit considérés comme populistes à l'époque. Cette forme de validation de la théorie par la pratique permettra de dégager d'un corpus romanesque ce qui tient ou non du populisme au-delà de l'appartenance au groupe. Il apparaîtra ainsi la valeur du mouvement, ses limites ou même ses insuffisances, en ce qui concerne le style et l'idéologie. Nous tenterons aussi de discerner au passage ce que les romanciers populistes ont pu produire d'important pour l'époque, en regard de l'histoire littéraire.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.123 |
Date | January 2009 |
Creators | Trottier, Véronique |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://constellation.uqac.ca/123/ |
Page generated in 0.0017 seconds