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L'enseignement ménager-familial au Québec, 1880-1970

Durant les années soixante, la société québécoise a connu une évolution des mentalités: la condition féminine en est un exemple. Notre recherche veut faire l'histoire d'un type d'enseignement consacré à "féminiser" sa clientèle. Par féminiser, il faut entendre l'inculcation d'attitudes et de comportements selon le sexe, qu'on veut faire passer pour des déterminismes. Cette nature spécifique attribuée à la femme par nos intellectuels, tous des hommes et très souvent des religieux, demeure fondamentalement la même tout en s'adaptant aux différentes conjonctures. Bien sûr une certaine résistance à ces idées va exister, qui s'exprimera avec un succès croissant. Issue des efforts conjugués des pouvoirs religieux et politiques pour soutenir la colonisation, la première école ménagère est fondée à Roberval en 1882. Avec le XXème siècle, le mouvement s'élargit en une lutte contre l'exode rural. On s'effraie de la croissance des villes et de l'émigration aux Etats-Unis. En accord avec l'idéologie agricole, on désire former des épouses de cultivateurs idéales, susceptibles de retenir leur famille sur la terre. L'accent est mis sur une formation ménagère agricole, et la clientèle s'accroît avec le nombre des écoles. La population devenant majoritairement urbaine, progressivement à la fin des années vingt on va chercher à atteindre une nouvelle clientèle. Mais ce n'est qu'en 1937 que le Comité catholique s'attache à une restructuration du système d'enseignement ménager en réponse aux désirs du cardinal Villeneuve et de Maurice Duplessis. Mgr Albert Tessier devient maître-d'oeuvre d'un enseignement destiné à former des apôtres de la restauration, familiale. En effet, la famille, "base de la société", est alors menacée de toute part: industrialisation, urbanisation, matérialisme américain, féminisme, existentialisme et le travail des femmes lors de l'effort de guerre. Car bien sûr, le conflit ne vient que grandir encore toutes ces menaces. Au rythme de la peur du modernisme, l'enseignement ménager se fait formation spirituelle et familiale. Il s'agit alors de faire des jeunes filles, des femmes dépareillées, comme le veut leur nature, leur intelligence et la mission qui leur a été confiée. La préparation a une carrière est devenue à peu près nulle et on ne peut accéder que très difficilement a une formation supérieure. A ce propos, les élèves, leurs parents et leurs professeurs paraissent d'accord pour exiger plus. La querelle des collèges classiques féminins témoigne de la distance entre ce type d’enseignement et les attentes d'un certain milieu féminin. Seul l'appui du pouvoir politique et du clergé a pu permettre à un tel mouvement de progresser, même s'il était en contradiction avec l'évolution culturelle. Il faut la révolution tranquille des années soixante, avec ses nouvelles valeurs en matière d'éducation alliées a une certaine vision de la condition féminine, pour freiner l'élan de 1 'enseignement familial. Plus concrètement, les conclusions des Rapports Parent et Tremblay, la régionalisation du réseau scolaire et les modifications à la loi des subventions aux écoles privées amènent peu à peu la fermeture des Instituts familiaux malgré une farouche résistance. A la fin des années 1970, il ne restera plus de ce type d'enseignement que le cours ménager-agricole dispense l'été aux jeunes filles dans les écoles moyennes d'agriculture et les cours-options du secondaire public. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28866
Date25 April 2018
CreatorsThivierge, Nicole
ContributorsHamelin, Jean
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format2 v. (l, 562 f.), application/pdf, application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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