La lecture et l'écriture sont traditionnellement considérées comme deux objets d'études distincts par les Neurosciences Cognitives. Pourtant, ces deux habiletés sont étroitement mises en relation au cours de leur apprentissage initial. Dans ce travail, nous avons tenté de mettre en évidence des interactions perceptivo-motrices dans l'écrit, c'est à dire de montrer que lorsque nous reconnaissons les lettres qui forment les mots, nous nous référons implicitement aux mouvements que nous produirions pour écrire ces mêmes lettres. Pour cela, nous avons adopté deux approches.<br /> <br />La première a consisté à mesurer, par Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf), l'activité cérébrale de sujets adultes qui lisaient ou qui écrivaient des lettres ou des symboles graphiques inconnus. Nous avons observé qu'une zone corticale prémotrice qui est activée pendant l'écriture, l'est aussi pendant la lecture de lettres, alors que les sujets sont immobiles. Un certain nombre d'arguments nous ont permis d'avancer l'idée que cette zone spécifique serait impliquée dans la représentation des mouvements nécessaires à écrire chaque lettre.<br />La seconde a consisté en une étude comportementale en école maternelle, auprès d'enfants qui ne savaient pas encore lire et écrire (3-5 ans). Nous avons comparé, chez ces enfants, l'apprentissage traditionnel de la lecture/écriture et l'apprentissage avec un clavier, dans le but de mesurer l'effet de ces deux méthodes sur les capacités subséquentes de reconnaissance visuelle des lettres. Après l'apprentissage, les enfants qui avaient appris à la main discriminaient mieux les lettres de leurs images en miroir que ceux qui avaient appris au clavier. Cet avantage de l'écriture manuscrite n'apparaissait qu'après une semaine et uniquement chez les enfants les plus âgés. Ces données indiquent que les mouvements d'écriture participent à la mémorisation de l'orientation des lettres.<br /><br />L'ensemble de ces résultats, discutés dans le cadre de la théorie motrice de la perception, suggère un couplage fonctionnel entre les versants perceptif et productif du langage écrit. Parce que nous apprenons simultanément à lire et à former les lettres en les traçant, nos aptitudes à la lecture pourraient en partie dépendre de notre manière d'écrire.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00172023 |
Date | 19 December 2003 |
Creators | Longcamp, Marieke |
Publisher | Université de la Méditerranée - Aix-Marseille II |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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