La présente dissertation doctorale porte sur la problématique des rapports réciproques entre l'éducation et la société. Elle est centrée sur les fonctions remplies par l'école catholique dans le contexte social zaïrois. Elle adopte la logique de la systémique dialectique et une démarche sociohistorique combinée à la technique de l'analyse de contenu de type qualitatif. L'éducation, et spécialement l'école, a été et demeure encore au Zaïre au centre des préoccupations des dirigeants politiques et religieux. De 1906 à 1977, l'Église et l'État se sont prononcés à plusieurs reprises au sujet de l'enseignement. Durant cette même période, les élites locales en faisaient aussi l'objet de leurs revendications. Quelles visions en avaient-ils les uns et les autres? A quels besoins vou1 aient-i1 s que le système scolaire répondît? Et quel genre de rapports ont-ils entretenu entre eux autour de cette institution éducative? Pour connaître les pensées de ces acteurs sociaux sur ce thème, nous avons consulté leurs productions discursives. Cette thématique avait déjà fait l'objet d'autres recherches. Ces différents travaux s'accordent tous à attribuer au système scolaire catholique zaïrois un rôle de reproduction des rapports sociaux: il aurait été au service des intérêts du colonisateur et du missionnaire belges; aujourd'hui, il inculquerait l'idéologie de l'élite au pouvoir. Reproduire, ce maître-mot de théories sociologiques aussi contradictoires que le fonctionnalisme et le conflictuaiisme, est devenu un leitmotiv des écrits politiques et pédagogiques sur l'enseignement au Zaïre. Mais ce cadre général d 'interprétation se justifie-t-il dans une analyse socio-historique? Rend-t-il justice à l'école catholique zaïroise? Avouons tout d'abord qu'il a le bon sens de son côté, car il nous révèle un aspect important de l'appareil scolaire: sa dépendance vis-à-vis des forces sociales. Une société, sous peine de disparaître, ne doit-elle pas veiller à la socialisation culturelle des jeunes générations? La nécessité d'une reproduction par l'éducation s'impose donc avec évidence. Ceci admis, une question demeure cependant: l'école catholique zaïroise a-t-elle été réellement une marionnette de l'environnement politico-religieux? A-t-elle reproduit automatiquement la structure sociale de l'époque? Sinon, à quelles conditions l'a-t-elle modifiée? Notre hypothèse était que les rapports entre l'éducation catholique et son environnement n'étaient pas mécaniques et simples, mais bien dynamiques et complexes: ils étaient de dépendance (reproduction), de niveau critique (production) et de type dialectique (conservation - transformation) . Ce dernier aspect a fait de l'école une réalité ambivalente. A cause de son rôle de reproduction, elle a été un objet et un lieu de luttes idéologiques entre l'Église et l'État. En bout de piste, cette double hypothèse s'est confirmée. L'analyse révèle que, tout en étant au service des intérêts de la trilogie coloniale belge, l'école catholique a produit aussi des nationalistes qui l'ont utilisée pour contester la domination coloniale. Si elle a contribué à la dépendance, elle a alimenté, malgré les voeux de ses organisateurs, des possibilités d'indépendance qui sont passées par la généralisation de l'écriture et la médiation culturelle. Elle a été ainsi un dieu "Janus", à deux visages. L'étude montre aussi que ces intérêts coloniaux n'étaient pas homogènes, les objectifs de l'Église et de l'État étant divergents. L'école fut un terrain où ces divergences se manifestèrent, comme elle est encore aujourd'hui un véritable miroir et un baromètre des relations conflictuelles entre les pouvoirs politique et religieux. Dans une société où régnait, et règne, la lutte d'influence et de pouvoir hégémonique, aucune pédagogie ne pouvait, et ne peut, avoir une valeur monolithique et universelle. La lutte idéologique traverse la théorie pédagogique comme elle traverse toute théorie sociale. Cette recherche convie ainsi à nuancer beaucoup d'idées reçues sur la collusion entre colonisation et évangélisation à la lumière des faits précis, à renouveler et à élargir des modèles théoriques d'explication en sociologie de l'éducation. L'éducation n'est pas simple reproduction sociale, mais innovation, esquisse d'un homme nouveau et d'une culture nouvelle. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2016
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/29437 |
Date | 25 April 2018 |
Creators | Kambaji, Lukusa |
Contributors | Laliberté, G.-Raymond |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | lxiv, 756 f., application/pdf |
Coverage | Congo (République démocratique) |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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