La capacité à reconnaître les visages de nos collègues, de nos amis et de nos proches est essentielle à notre réussite en tant qu'êtres sociaux. Notre cerveau accomplit cet exploit facilement et rapidement, dans une série d’opérations se déroulant en quelques dizaines de millisecondes à travers un vaste réseau cérébral du système visuel ventral. L’habileté à reconnaître les visages, par contre, varie considérablement d’une personne à l’autre. Certains individus, appelés «super-recognisers», sont capables de reconnaître des visages vus une seule fois dans la rue des années plus tôt. D’autres, appelés «prosopagnosiques», sont incapables de reconnaître le visage de leurs collègues ou leurs proches, même avec une vision parfaite. Une question simple reste encore largement sans réponse : quels mécanismes expliquent que certains individus sont meilleurs à reconnaître des visages? Cette thèse rapporte cinq articles étudiant les mécanismes perceptifs (articles 1, 2, 3) et cérébraux (articles 4, 5) derrière ces variations à travers différentes populations d’individus.
L’article 1 décrit le contenu des représentations visuelles faciales chez une population avec un diagnostic de schizophrénie et d’anxiété sociale à l’aide d’une technique psychophysique Bubbles. Nous révélons pour la première fois les mécanismes en reconnaissance des expressions de cette population: un déficit de reconnaissance est accompagné par i) une sous-utilisation de la région des yeux des visages expressifs et ii) une sous-utilisation des détails fins. L’article 2 valide ensuite une nouvelle technique permettant de révéler simultanément le contenu visuel dans trois dimensions psychophysiques centrales pour le système visuel — la position, les fréquences spatiales, et l’orientation. L’article 3 a mesuré, à l'aide de cette nouvelle technique, le contenu représentationnel de 120 individus pendant la discrimination faciale du sexe et des expressions ( >500,000 observations). Nous avons observé de fortes corrélations entre l’habileté à discriminer le sexe et les expressions des visages, ainsi qu'entre l’habileté à discriminer le sexe et l’identité. Crucialement, plus un individu est habile en reconnaissance faciale, plus il utilise un contenu représentationnel similaire entre les tâches.
L’article 4 a examiné les computations cérébrales de super-recognisers en utilisant l’électroencéphalographie haute-densité (EEG) et l’apprentissage automatique. Ces outils ont permis de décoder, pour la première fois, l’habileté en reconnaissance faciale à partir du cerveau avec jusqu’à 80% d’exactitude –– et ce à partir d’une seule seconde d’activité cérébrale. Nous avons ensuite utilisé la Representational Similarity Analysis (RSA) pour comparer les représentations cérébrales de nos participants à celles de modèles d’apprentissage profond visuels et langagiers. Les super-recognisers, comparé aux individus avec une habileté typique, ont des représentations cérébrales plus similaires aux computations visuelles et sémantiques de ces modèles optimaux. L’article 5 rapporte une investigation des computations cérébrales chez le cas le plus spécifique et documenté de prosopagnosie acquise, la patiente PS. Les mêmes outils computationnels et d’imagerie que ceux de l’article 4 ont permis i) de décoder les déficits d’identification faciale de PS à partir de son activité cérébrale EEG, et ii) de montrer pour la première fois que la prosopagnosie est associée à un déficit des computations visuelles de haut niveau et des computations cérébrales sémantiques. / The ability to recognise the faces of our colleagues, friends, and family members is critical to our success as social beings. Our brains accomplish this feat with astonishing ease and speed, in a series of operations taking place in tens of milliseconds across a vast brain network of the visual system. The ability to recognise faces, however, varies considerably from one person to another. Some individuals, called "super-recognisers", are able to recognise faces seen only once years earlier. Others, called "prosopagnosics", are unable to recognise the faces of their colleagues or relatives, even with perfect vision and typical intelligence. A simple question remains largely unanswered: what mechanisms explain why some individuals are better at recognizing faces? This thesis reports five articles studying the perceptual (article 1, 2, 3) and neural (article 4, 5) mechanisms behind these variations across different populations of individuals.
Article 1 describes the content of visual representations of faces in a population with a comorbid diagnosis of schizophrenia and social anxiety disorder using an established psychophysical technique, Bubbles. We reveal for the first time the perceptual mechanisms of expression recognition in this population: a recognition deficit is accompanied by i) an underutilization of the eye region of expressive faces and ii) an underutilization of fine details. Article 2 then validates a new psychophysical technique that simultaneously reveals the visual content in three dimensions central to the visual system — position, spatial frequencies, and orientation. We do not know, however, whether skilled individuals perform well across a variety of facial recognition tasks and, if so, how they accomplish this feat. Article 3 measured, using the technique validated in article 2, the perceptual representations of 120 individuals during facial discrimination of gender and expressions (total of >500,000 trials). We observed strong correlations between the ability to discriminate gender and facial expressions, as well as between the ability to discriminate gender and identify faces. More importantly, we found a positive correlation between individual ability and the similarity of perceptual representations used across these tasks.
Article 4 examined differences in brain dynamics between super-recognizers and typical individuals using high-density electroencephalography (EEG) and machine learning. These tools allowed us to decode, for the first time, facial recognition ability from the brain with up to 80% accuracy — using a mere second of brain activity. We then used Representational Similarity Analysis (RSA) to compare our participants' brain representations to those of deep learning models of object and language classification. This showed that super-recognisers, compared to individuals with typical perceptual abilites, had brain representations more similar to the visual and semantic computations of these optimal models. Article 5 reports an investigation of brain computations in the most specific and documented case of acquired prosopagnosia, patient PS. The same computational tools used in article 4 enabled us to decode PS's facial identification deficits from her brain dynamics. Crucially, associations between brain deep learning models showed for the first time that prosopagnosia is associated with deficits in high-level visual and semantic brain computations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27830 |
Date | 11 1900 |
Creators | Faghel-Soubeyrand, Simon |
Contributors | Gosselin, Frédéric |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0031 seconds