Cette étude interroge la place de l’écrit et des actes d’écriture lors de la première mission jésuite en Angleterre, de 1580 à 1610. Lettres, autobiographies et pamphlets s’inscrivent dans un programme mis en place par les supérieurs de l’ordre, visant à l’édification des catholiques anglais et au dénigrement du gouvernement d’Élisabeth auprès des peuples européens. À la fois outils de propagande et seuls moyens d’information possibles entre l’île et le continent, les écrits missionnaires permettent à leurs auteurs de donner corps à la communauté récusante clandestine, ainsi qu’à la mission elle-même. La circulation de ces textes, tant en Angleterre que sur le continent, trace ainsi les contours d’une communauté dont l’existence est étroitement liée à la production de l’écrit. Mais, si elle détournée, la trace peut devenir arrêt de mort, révélant l’identité de celui qui l’a produite aux yeux de l’intrus qui la déchiffre. Pourtant, les jésuites ne cessent d’écrire malgré le danger que cela représente. L’acte d’écriture semble alors dépasser la seule visée programmatique pour revêtir une dimension ontologique, permettant à l’auteur de dépasser le traumatisme de l’expérience immédiate et de renouer avec sa propre identité, mise en mal par l’exil, la prison ou la perspective de l’exécution. / The purpose of this study is to analyse the role of writing during the first English Jesuit mission, from 1580 to 1610. It shows that letters, pamphlets and autobiographies were part of a larger programme devised by the Superiors of the Company of Jesus. As both a means of propaganda and information between England and the continent, missionary writings helped to shape the Jesuit mission and the underground recusant community within which the Jesuits lived. The aim was to edify the English Catholics and to weaken Elizabeth’s government in the eyes of European Catholics. By circulating texts throughout the country and in the rest of Europe, the Jesuits shaped a community highly reliant on written material. But writing was also incredibly dangerous as it marked the author and those responsible for its circulation as irredeemably catholic. Yet, the Jesuits kept on writing regardless of the consequences. Indeed, writing was vital to those missionaries whose identity was daily denied and who had to face the gloomy prospect of death from their arrival onwards. The very act of writing allowed them to fight against the feeling of dispossession which was gradually taking hold of them.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040263 |
Date | 24 November 2012 |
Creators | Serena, Gaëlle |
Contributors | Paris 4, Iselin, Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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