Cette thèse a pour objet de comprendre la question du mariage forcé vécu par des femmes immigrantes vivant au Québec et, les réponses politiques, législatives et sociales qu’on y apporte. De façon plus spécifique, il s’agit de mettre à jour la diversité des situations et des significations que recouvre la notion de mariage forcé pour tenter d’en dégager des éléments de définition et de compréhension. La thèse vise également à identifier les conséquences spécifiques qui découlent d’un mariage forcé pour les femmes immigrantes vivant au Québec, et enfin, d’analyser les réponses politiques, législatives et sociales visant le mariage forcé au Canada et au Québec afin de prévenir, dépister et d’en protéger ses victimes en contexte interculturel.
S’appuyant sur un corpus de dix entrevues avec des femmes immigrantes vivant, ayant vécu ou menacées d’un mariage forcé et de dix-huit informateurs clés intervenant auprès d’elles et provenant de différents milieux de pratique (police, justice, santé services sociaux et communautaires), une analyse intersectionnelle a permis de révéler toute la complexité des mariages forcés due notamment aux interrelations entre des systèmes d’oppression et des vulnérabilités multiples.
La recension des écrits et nos résultats indiquent que certains éléments caractérisent les mariages forcés. Premièrement, la préservation de l’honneur patriarcal qui problématise et contrôle le comportement des femmes en ce qui à trait notamment à leur vie sexuelle, mais aussi sociale. Deuxièmement, le fait que le mariage forcé soit un moyen de poursuivre des intérêts plus souvent collectifs qu’individuels. Dimension collective qui devra nécessairement être prise en considération lors des solutions à apporter à cette problématique. Troisièmement, le rôle des femmes (mères, belles-mères et autres femmes de la communauté culturelle d’appartenance) dans l’arrangement des mariages, mais également dans la surveillance et le contrôle de tous les faits et gestes des autres femmes.
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Quatrièmement, le potentiel d’agresseurs multiples, y compris la communauté elle-même, dans les actes de violence commis avant, pendant et, le cas échéant, après le mariage. Une autre dimension qui devra elle aussi être prise en compte lors de l’inter-
vention. Cinquièmement, le potentiel d’exploitation sexuelle (viol conjugal, grossesses forcées), physique (mauvais traitements, blessures), psychologique (pressions, manipulations) ou encore économique (travail forcé, privation d’autonomie financière).
L’ensemble de ces résultats a permis de cerner certains besoins liés à l’intervention, en terme de prévention, de dépistage et de protection des victimes de mariage forcé. / This thesis aims to understand the issue of forced marriage experienced by immigrant women living in Quebec and the political, legislative and social responses. More specifically, it is to demonstrate the diversity of situations and meanings covered by the concept of forced marriage in an attempt to identify elements of definition and understanding. The thesis also aims to identify the specific consequences of forced marriage for immigrant women living in Quebec, and to analyze the political, legislative and social responses to forced marriage in Canada and Quebec in order to prevent, detect and to protect victims in an intercultural context. Based on ten interviews with immigrant women living, having lived or under the threat of forced marriage and eighteen key informants involved with them and coming from various practice settings (Police, Justice, Health and Social services, Community organizations), an intersectional analysis has revealed the complexity of forced marriages due to the interrelations between various systems of oppression and multiple vulnerabilities.
The literature and our results indicate that certain elements characterize forced marriages. Firstly, the preservation of the patriarchal honor that problematizes and controls women’s behaviour, relating in particular to their sexual life as well as their social life.
Secondly, the fact that forced marriage is more often a way to pursue collective interests instead of individual ones. This collective dimension will necessarily be taken into account in solutions to this problem.
Thirdly, the role played by women (mothers, stepmothers and other women from the same ethnic community) in the marriage arrangements, but also in the surveillance and control of all the comings and goings of other women.
Fourthly, the potential of multiple perpetrators, including the community itself, involved in violent acts before, during and sometimes after the wedding is another dimension which must also be taken into account during the intervention.
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Fifthly, the potential for sexual exploitation (marital rape, forced pregnancies), physical violence (bodily harm), psychological violence (pressures, manipulation) or economic violence (forced labor, deprivation of financial autonomy).
All these results helped to identify some needs in terms of prevention, screening and protection of forced marriage victims.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/15845 |
Date | 01 1900 |
Creators | Lamboley, Madeline |
Contributors | Cousineau, Marie-Marthe, Jimenez, Estibaliz |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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