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La difficile émergence de la communauté transnationale d'origine haïtienne et l'espace des droits en République dominicaine

Il est un fait indéniable qu'il existe une grande cohabitation entre un monde de l'opulence qui se dit champion du respect des droits humains, où l'individu constituerait le centre d'attention exclusive et la situation des millions de ces individus qui dans les faits vivent dans des conditions de vie abjectes d'esclaves. La conscience occidentale crée l'illusion selon laquelle la vie aisée et riche est atteignable par tous ceux et celles qui se la donnent pour objectif. Tout serait une question de choix individuel. Cette perspective fait aussi de la migration une question de choix. Tout en acceptant paradoxalement que la grande majorité des migrants migrent à cause des situations socioéconomiques et politiques précaires qui sévissent dans leurs pays respectifs. Cette mentalité nourrie à dessein par les médias appuierait très difficilement l'optique selon laquelle la pauvreté, la migration et la clandestinité tant décriée et condamnée seraient des produits du système. L'histoire des Dominicains-Haïtiens ostracisés dans les bateys et dans les quartiers marginalisés constituerait un des contre-arguments difficilement réfutables à cette conception individualiste de la vie. Cette histoire révèlerait bel et bien la fausseté d'un système qui dit combattre la pauvreté et l'exclusion tout en les produisant. En République dominicaine ce système a atteint son paroxysme en septembre 2013, lorsque le Tribunal constitutionnel a décrété l'apatridie des milliers de Dominicains-Haïtiens. Paradoxalement ce sont ces histoires particulières qui donnent espoir parce que le pauvre finit par s'accepter pauvre c'est à partir de l'appropriation de son exclusion, de sa pauvreté économique mais de sa riche spiritualité et de sa culture, qu'il devient sujet de son destin. Comme dans le cas des Dominicains-Haïtiens, l'exclusion devient source et espace de recréation et ipso facto pose un problème au système. La principale revendication des exclus n'est plus une vie riche faite d'accumulation de biens illimitée, mais une vie digne qui exige le respect scrupuleux des droits fondamentaux. Le droit de pouvoir raconter sa propre histoire et participer dans le vivre ensemble national. / It is an undeniable fact that there is a great cohabitation between a world of opulence that claims to be a champion of human rights, where the individual is the exclusive focus of attention, and the situation of millions of those individuals who in fact live in the abject conditions of slaves. The Western consciousness creates the illusion that a wealthy life is attainable by all those who set it as a goal. It is all a matter of individual choice. This perspective also makes migration a matter of choice. While paradoxically accepting that the vast majority of migrants migrate because of the precarious socio-economic and political situations in their respective countries. This mentality, intentionally fed by the media, would hardly support the view that poverty, migration and clandestinity, so decried and condemned, are products of the system. The story of the Dominican-Haitians ostracized in bateys and marginalized neighborhoods would constitute one of the counter-arguments that would be difficult to refute to this individualistic conception of life. This story would reveal the falsity of a system that claims to fight poverty and exclusion while producing them. In the Dominican Republic this system reached its climax in September 2013, when the Constitutional Court decreed the statelessness of thousands of Dominican-Haitians. Paradoxically it is these particular stories that give hope because the poor end up accepting themselves as poor. it is from the appropriation of their exclusion, existential poverty, but from their rich spirituality and culture, that they become subjects of their destiny. As in the case of the Dominican-Haitians, exclusion becomes a source and a space for recreation and ipso facto poses a problem for the system. The main demand of the excluded is not a rich life made of unlimited accumulation of goods, but a dignified life that requires the scrupulous respect of fundamental rights and the right to be able to express oneself and to participate in the construction of national vivre ensemble. / Es un hecho innegable que existe una gran cohabitación entre un mundo de opulencia que pretende ser paladín de los derechos humanos, en el que el individuo es el centro de atención exclusivo, y la situación de millones de esos individuos que, de hecho, viven en las condiciones abyectas de los esclavos. La conciencia occidental crea la ilusión de que la vida opulenta y rica es alcanzable por todos los que se lo proponen. Todo es cuestión de elección individual. Esta perspectiva también hace que la migración sea una cuestión de elección. Aunque paradójicamente se acepta que la gran mayoría de los emigrantes emigran por la precaria situación socioeconómica y política de sus respectivos países. Esta mentalidad, alimentada a propósito por los medios de comunicación, difícilmente apoyaría la opinión de que la pobreza, la migración y la tan discutida y condenada clandestinidad son productos del sistema. La historia de los dominico-haitianos condenados al ostracismo en bateyes y barrios marginales sería uno de los contraargumentos difíciles de refutar a esta visión individualista de la vida. Esta historia revelaría la falsedad de un sistema que pretende luchar contra la pobreza y la exclusión mientras las produce. En la República Dominicana este sistema alcanzó su punto álgido en septiembre de 2013, cuando el Tribunal Constitucional declaró apátridas a miles de dominico-haitianos. Paradójicamente, son estas historias particulares las que dan esperanza porque los pobres acaban aceptándose como pobres, y es a partir de la apropiación de su exclusión, de su pobreza espiritual y existencial, que se convierten en sujetos de su destino. Como en el caso de los dominico-haitianos, la exclusión se convierte en fuente y espacio de recreación e ipso facto plantea un problema para el sistema. La principal reivindicación de los excluidos no es una vida rica hecha de acumulación ilimitada de bienes, sino una vida digna que exige el respeto escrupuloso de los derechos fundamentales. el derecho a poder expresarse y a participar en la construcción del vivre ensemble

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/73073
Date11 April 2022
CreatorsGabriel, Ambroise Dorino
ContributorsSaillant, Francine
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xi, 357 pages), application/pdf
CoveragePays étrangers
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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