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Duras et Détruire dit-elle : le langage de la révolution

Marguerite Duras a été une écrivaine activement engagée dans la vie politique. Entre son adhésion au Parti communiste français, ses articles dans divers journaux ainsi que les nombreuses entrevues qu'elle a données, la politique a toujours occupé une place de choix dans son discours. Influencée entre autres par les événements de Mai 68 en France, elle rédige, dans la même année, Détruire dit-elle. Il s'agit du préambule d'une révolte à la fois politique, sociale et littéraire.

Dans la mesure où Duras a choisi l'écriture comme moyen d'expression, c'est par un remaniement du langage, une déstructuration de nos habitudes langagières et une poétique atypique qu'elle va matérialiser sa pensée politique. Le texte Détruire dit-elle présente précisément plusieurs particularités de cette nature qui complexifient sa lecture ainsi que sa compréhension. Nous cherchons ici à mettre au jour certains aspects de la poétique de Détruire dit-elle pour comprendre la forme littéraire qu'a prise cette volonté d'un double mouvement révolutionnaire: à la fois transformation politico-sociale et reconstruction de la société où l'être, dans toute sa dimension humaine et affective, va primer. Pour ce faire, nous procédons ainsi. D'abord, nous proposons une anamnèse et un bilan de la pensée politique de Duras. Puis nous mettons au jour la poétique durassienne à même le roman par une analyse du statut générique du texte, de l'usage du dialogue et des personnages.

Le premier chapitre est consacré à une récapitulation des événements socio-politiques qui ont marqué l'auteure et qui nous permettront de comprendre l'élaboration de cette critique sociale. Nous étudions ici certains moyens que Duras, à travers divers styles d'écriture, se donne afin d'exprimer sa contestation. Dans le deuxième chapitre, nous montrons que ce texte semble entremêler plusieurs genres à la fois. Il possède des éléments relevant de l'art romanesque, du théâtre et de l'écriture cinématographique, ce qui le rend difficilement saisissable. C'est la complexité plurielle des dialogues durassiens qui nous occupe dans le troisième chapitre. Dans Détruire dit-elle, les lois qui régissent la pratique dialogale dépendent du statut social de l'individu. Certains personnages se comprennent parfaitement bien entre eux, mais il n'en va pas de même pour tous : la «barrière» sociale est également, dans le cadre de ce récit, une «barrière» langagière. Dans le quatrième et dernier chapitre, nous étudions en détail les personnages, et plus particulièrement les protagonistes féminins, qui ont un rôle politique à jouer dans texte : « [...] une femme armée, une femme [...] informée de son aliénation [envers la société], est déjà une femme politique1 », précise Duras. 1 Marguerite Duras et Xavière Gauthier, Les Parleuses, p. 31. Ces quatre dimensions de notre réflexion, qui forment les chapitres du mémoire, contribuent à mettre en lumière les moyens textuels et romanesques d'une déstructuration du langage, elle-même en relation expressive avec une pensée politique.

Identiferoai:union.ndltd.org:Quebec/oai:constellation.uqac.ca:420
Date January 2006
CreatorsGagnon, Julie
Source SetsUniversité du Québec à Chicoutimi
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/420/, doi:10.1522/25017810

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