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Entre rupture et continuité : régimes d'historicité dans Une belle éducation de France Théoret, Après la nuit rouge de Christiane Frenette et Fugueuses de Suzanne Jacob

L'histoire du Québec moderne est, le plus souvent, pensée en fonction d'une rupture qui cloisonne et oppose les périodes d'avant et d'après la Révolution tranquille. Cette modalité de conscience historique a forgé un rapport au temps particulier, marqué par la honte et l'oubli volontaire du passé de Grande Noirceur. Ce rapport des Québécois-es à leur passé semble être en voie de se modifier, comme en témoignent certaines fictions québécoises contemporaines. Une belle éducation de France Théoret, Après la nuit rouge de Christiane Frenette et Fugueuses de Suzanne Jacob revisitent toutes un certain passé marqué par la rupture pour mieux mettre en relief sa permanence dans le présent. Ce faisant, ces romans remettent en cause la valeur réelle de la rupture opérée par la Révolution tranquille et permettent de saisir certains échos du passé dans la sphère du présent. Ce mémoire présente une validation de cette hypothèse de lecture grâce à l'analyse des pensées du temps propres à ces trois romans, analyse réalisée à partir de la notion de régimes d'historicité. Elaboré par François Hartog, ce concept porte « sur les formes ou les modes d'articulation de ces catégories ou formes universelles que sont le passé, le présent et le futur1 » et permet de décrire divers rapports au temps. Ainsi le mémoire présente, pour chacune des oeuvres retenues, une analyse détaillée de la nature et des modalités des ordres du temps mis en scène. Une belle éducation de France Théoret fait la mise en scène d'un présent répétitif à force d'immobilité, permanent parce que refermant sur luimême toute possibilité d'avenir. Dans cet univers fait pour durer, le personnage principal du roman inventera pour lui-même et pour se doter d'un futur ouvert un rapport au temps et des modalités de conscience de soi inédits, basés sur l'importance d'avoir une mémoire. Après la nuit rouge de Christiane Frenette raconte en alternance deux histoires et met ainsi en place deux régimes d'historicité : l'un, basé sur la rupture comme mode d'organisation du temps, est décelable dans les parcours narratifs des personnages principaux de chaque récit ; tandis que l'autre, d'ordre lectural, établit une continuité entre les temps racontés. Fugueuses de Suzanne Jacob se saisit des enjeux d'héritage et de transmission à travers l'histoire d'une lignée familiale. Le roman pense le temps à l'aune de la tension vécue par le sujet lorsque, pour se forger un destin individuel, il doit lier un héritage négatif reçu de sa famille et sa propre singularité. Des trois romans à l'étude se dégage une pensée du temps résolument située entre rupture et continuité, qui veut montrer que l'une ne va pas sans l'autre et qui, de ce fait, propose à notre temps présent de nouvelles modalités de conscience de soi.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.2642
Date January 2013
CreatorsGagnon-Bergeron, Sophie
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/2642/

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