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Pères absents, filles oubliées. Le récit de filiation chez Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier

Dans mon mémoire, j'étudie trois oeuvres de la littérature française contemporaine : Mort d'un silence (2003) de Clémence Boulouque, Un père (1994) de Sibylle Lacan et La Reine du silence (2004) de Marie Nimier. Ma recherche s'intéresse à la manière dont s'articule la relation père-fille dans ces trois récits autobiographiques qui s'inscrivent, plus précisément, dans la tendance des récits de filiation. J'entends montrer comment l'écriture filiale contribue à mettre en lumière l'identité de la fille oubliée en accordant un second souffle à celui qui n'est plus et qui a manqué à son rôle dans le passé.

Dans le premier chapitre, j'analyse la posture énonciative des narratrices des trois textes. Les trois adoptent la posture du témoin hanté par le secret du père disparu. Je montre que Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier reviennent sur le récit de leur ascendant pour se raconter ? autrement dit, qu'elles tentent de comprendre le récit de leurs origines pour connaître qui elles sont.

Le deuxième chapitre est consacré aux moyens mis à contribution par les écrivaines pour évoquer le père. Clémence Boulouque et Marie Nimier s'en remettent à leurs proches, à des photos, à des écrits ou à d'autres archives familiales, tandis que Sibylle Lacan choisit de ne s'en tenir qu'à ses souvenirs et à sa mémoire. Ainsi, je montre que, malgré les divers moyens pris par les auteures-narratrices pour restituer le père, le portrait de ce dernier demeure fragmenté, lacunaire, ce qui ne va pas sans bouleverser la logique narrative des récits qui se présentent sous une forme éclatée, à l'image de la relation filiale difficile à réparer.

Dans le troisième chapitre, je mets en lumière l'enjeu identitaire qui sous-tend les trois oeuvres de mon corpus. Je précise que, si le portrait du père demeure incomplet à la fin de leur récit, les narratrices ont cheminé à la fois vers le deuil et vers la reconstruction de leur identité grâce à l'écriture. Je montre que leur façon d'être est changée par une existence qui s'est affirmée et qui n'est plus désormais dans l'ombre du père. Cette analyse fera voir que l'écriture filiale permet à Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier de reconnaître leur père malgré ses mystères et de renouer avec elles-mêmes.

Au final, ce mémoire révèle que l'écriture autobiographique telle que pratiquée par Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier prend la forme d'un récit-tombeau dans lequel le père s'anime pour ensuite être mis en terre de façon définitive. Pour ces auteures, il s'agit d'un accomplissement du deuil qui avait été laissé en souffrance, inachevé. D'une manière symbolique, les auteures-narratrices sont donc parvenues à remettre en place les pièces essentielles du puzzle filial dans lequel le père et sa fille se retrouvent. Ainsi, le récit de filiation répare en quelque sorte la brèche entre passé et présent faisant, du coup, la lumière sur l'identité de la fille jadis oubliée.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.2714
Date January 2013
CreatorsTremblay, Marilyn
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/2714/

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