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Le dépouillement dans Moon Palace de Paul Auster

Ce mémoire étudie le thème du dépouillement dans Moon Palace de Paul Auster. La perte, la dépossession et la faim se présentent ainsi comme des quasi préalables à la création. Cette façon de faire qui a évidemment des résonances religieuses, chrétiennes et juives, mais aussi orientales, permet à Auster de s'amuser à démonter quelques-uns des symboles chers à l'Amérique. Américain, Auster inscrit aussi son Moon Palace dans le mythe de la frontière. Il y présente le dépouillement comme une manière de s'alléger afin de faciliter l'avancée vers un horizon qu'il essaie sans cesse de repousser. L'Ouest et l'espace ne deviennent dans Moon Palace que des métaphores de la nouvelle frontière qui serait à explorer, celle de l'imaginaire.

Dans le premier chapitre, le mémoire met en parallèle Moon Palace (de même que d'autres écrits d'Auster) et Walden de Henry David Thoreau. Les deux ouvrages envisagent le dépouillement comme une nécessité à accepter et à utiliser. Ils discourent sur le besoin de se défaire de ce qui embarrasse le regard, pour mieux voir, de même que sur l'importance de se concentrer dans ce qui se présente à soi, sur les différences plutôt que sur les seules similitudes, en vue de mieux comprendre le monde et de progresser.

Dans le deuxième chapitre, le mémoire étudie le roman sous l'éclairage de la judaïcité. Dans Moon Palace, cette longue tradition se fait sentir un peu partout même s'il s'agit d'un roman de la frontière. Moon Palace est donc dépeint comme puisant pour beaucoup dans cette très longue et très ancienne tradition. Mais ce n'est chaque fois que pour repartir vers de nouvelles contrées, toujours plus avant. La tradition juive prend elle-même ses sources dans ce qui est de l'ordre du dépouillement : elle est née de la perte du Temple, du Roi et du territoire, et elle a appris à construire le temps plutôt que l'espace, et le livre surtout, intertextualité première à laquelle Moon Palace puise sans cesse.

Le troisième chapitre montre comment toutes les représentations de la création (sous forme embryonnaire, comme le cri de révolte, ou achevée, comme la peinture et l'écriture) que l'on retrouve dans Moon Palace, dépeignent un passage obligatoire par une phase de perte, de dépossession, ou de dépouillement, comme si cela constituait le préalable à toute création en général. Ces représentations de la création sont aussi évidemment une auto-représentation de la création de Moon Palace, ?uvre née de la faim.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.955
Date January 2000
CreatorsBergeron, Gino
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/955/

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