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Permutations et translations des voix narratives dans le Huitième jour d'Antonine Maillet

Ce mémoire de recherche a été élaboré à partir de l'analyse du HUITIÈME JOUR d'Antonine Maillet, paru aux éditions Leméac en 1986. Selon Madame Maillet, c'est la première fois qu'on opte pour l'analyse de cette oeuvre qui, de son propre aveu, est sa préférée et n'a connu, à mon grand étonnement, qu'un succès mitigé sur le marché littéraire. Pourtant, c'est une oeuvre qui offre une possibilité de lectures multiples et de nombreuses avenues analytiques. Pour ma part, j'ai choisi de la considérer dans une perspective d'énonciation en utilisant le support théorique de Julia Kristeva et l'appareil analytique d'Algirdas Julien Greimas.

Ce que révèle mon analyse, c'est que, considérée dans une perspective d'écriture, renonciation - acte résultatif du langage, selon Greimas et Courtes ? est et sera toujours la manifestation concrète d'un sujet, d'une instance, voire d'un JE qui tente de se poser comme tel. Kristeva décrit ce phénomène en termes de permutations et translations:

(...) l'unité du sujet se divise et se multiplie, de sorte qu'il peut occuper en même temps toutes les instances du discours (1).

Les permutations s'y opèrent selon un mode bien défini: une première narratrice -Tonine - délègue, dans le prologue, la parole à une seconde narratrice ? une conteuse - qui prend en charge le récit central, avant de rendre la parole à Tonine dans l'épilogue. Quant aux translations, elles s'effectuent à deux niveaux: le parcours narratif de Tonine et celui des héros - également au nombre de deux ? de façon telle qu'il y a déplacement, mouvement d'une narratrice vers l'autre au cours duquel les positions actantielles liées aux narratrices restent parallèles, tout en étant tributaires les unes des autres.

Cependant, si les deux paroles sont en relation de présupposition et de superposition l'une par rapport à l'autre, elles ne peuvent occuper en même temps le lieu de renonciation; c'est par le biais de représentations d'elles-mêmes qu'elles y parviennent d'une manière détournée! Ainsi les deux narratrices projettent-elles dans l'énoncé, selon les mécanismes du débrayage et de l'embrayage, des marques - positive et négative - d'elles-mêmes, de façon à favoriser la conjonction d'identité qui a lieu dans l'épilogue, une fois le parcours narratif des héros - dont est tributaire le JE de Tonine - complété et la parole de la conteuse abrogée.

La démonstration de ce processus d'actualisation du JE-écrivain de Tonine a été rendue possible par le découpage en séquences narratives de tout le récit central (voir Annexe I) que j'ai ensuite distribuées dans les catégories de contenu des quatre phases du schéma greimassien (schéma narratif) qui se subdivise en sous-schémas-narratifs, factuel et discursif. De sorte que n'ont été retenus et considérés que les éléments permettant d'illustrer le jeu des permutations et des translations des voix narratives.

Ce jeu des permutations et des translations s'effectue, en outre, en tenant compte des composantes mêmes du récit: le temps et l'espace, qui sont des sous-composantes de la discursivation (syntaxe discursive). Et, partant, ces unités constitutives du récit sont exploitées au maximum, puisque, tant au niveau factuel que discursif, elles occupent une part importante dans le processus d'actualisation du JE de Tonine.

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- J. Kristeva (1974): 317

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.1283
Date January 1994
CreatorsCôté, Michèle
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/1283/

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