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Lieux d'une errance spéculaire, Le Labyrinthe : image génétique des Météores de Tournier

L'image chez Michel Tournier est la condition première de l'écriture, elle forge le discours enveloppant le lecteur dans l'espace scriptural qu'elle produit, le retenant un instant, puis le propulsant vers un ailleurs sans cesse reconstruit par lui. Cette image qui n'est jamais fixe, qui est essentiellement un mouvement de signifiance, qui est parcours et traversée circulaire faites d'avancées et de retours, c'est l'image du labyrinthe, principe moteur des Météores. L'image chez Tournier est donc trouble, recèle une «inquiétante étrangeté» qui se retrouve dans cette aliénation qu'offre la thématique de l'oeuvre: la gémellité. Primauté de l'image sur la parole, du regard sur la voix, la figure du labyrinthe sera vue comme l'image «génétique» des Météores, puisqu'elle est productrice du texte et qu'elle la «génère» littéralement tissant l'organisation de la trame narrative et discursive.

Par l'intermédiaire du miroir et de l'expérience spéculaire, tout se dédouble dans ce texte, les personnages, les lieux de même que les épisodes, utilisant par ailleurs la mise en abyme pour ajouter de la «profondeur» à la construction déjà complexe de la narration. Le texte développe un récit qui semble chaotique non seulement par ses nombreuses analepses et prolepses, mais aussi par l'entrée des différents narrateurs-personnages qui racontent les mêmes événements avec un infime décalage créant des miroitements multiples. La thématique du récit sera donc mise en parallèle avec sa construction, en observant l'image maîtresse du texte et à l'aide du concept de Peirce: la sémiosis illimitée.

En regard des théories lacaniennes et plus précisément du stade du miroir, la question de l'identité, appelée par les personnages du récit, sera convoquée comme constitution d'un Signe, celui du Soi, signe labile en constant devenir, le reflet spéculaire représentant un signifiant en appel d'un signifié sans cesse suspendu et relancé dans l'espace symbolique de la parole rejoignant en cela la sémiose de Peirce et permettant de figurer ce parcours génétique de l'image originaire et fondatrice. La quête de l'identité qui est posée par Lacan comme procès interminable constitue donc un parcours labyrinthique d'une parole toujours en voyage, dans des avenues sinueuses et des carrefours qui en retardent et en repoussent constamment l'issue.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.984
Date January 1999
CreatorsMorrier, Linda
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/984/

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