Ce mémoire en création littéraire est composé de deux sections : la première partie d'un roman intitulé Tour Sud et un dossier d'accompagnement intitulé Chantiers. Tour Sud raconte l'histoire d'Yvan Dastou, un monteur de structures d'acier quittant en 1970 le Bas-Saint-Laurent pour rejoindre son frère aîné, Jocelyn, à East Orange, un quartier noir du New Jersey. Tous deux participent à la construction du World Trade Center, en œuvrant pour le compte d'une compagnie américaine aux côtés d'une soixantaine d'autres Québécois, Mohawks et États-Uniens. Cette situation ranime un conflit latent entre les deux frères qui, au fil des mois, apprennent pourtant à mieux se connaître. Elle met aussi en lumière le dilemme d'Yvan, qui doit choisir entre une vie traditionnelle sur la ferme où il est né ou une vie d'immigrant aux États-Unis. Ce roman aux assises à la fois biographiques et autobiographiques fait alterner des chapitres du présent et d'autres du passé des deux frères. Écrit à la première personne, il fait donc partager le point de vue du narrateur tout en privilégiant un style simple, dépouillé, à l'image du protagoniste, qui est un ouvrier. De même, il adopte ce que Patrick Saint-Amand appelle une esthétique de la surface : le narrateur a tendance à raconter les faits plutôt qu'à privilégier l'introspection, ce qui correspond à sa condition d'homme peu scolarisé. Chantiers donne lieu à une réflexion sur la « construction » de la mémoire dans le roman. À partir de théories développées entre autres par Jean-Yves et Marc Tadié, Paul Ricoeur et Maurice Halbwachs, l'essai aborde la mémoire comme une élaboration fictive qui n'est pas à l'opposé de l'écriture romanesque. Tour Sud étant inspiré de personnes réelles qui, dans les années 1970, ont émigré à New York pour y travailler, l'essai pose la question de la vérité romanesque, en lien avec la question de la biographie et de l'autobiographie, mais aussi avec le contexte historique. En effet, comme l'historien, l'auteur d'un roman se constitue une preuve documentaire lui permettant d'établir un récit plausible, écrit Paul Ricoeur. Mais si la vraisemblance d'un roman tient à la fois de la mémoire individuelle et de la mémoire collective, c'est aussi en se détachant des faits historiques, des souvenirs et de l'expérience d'un auteur que le roman prend forme et arrive à exprimer un contenu de vérité, pour reprendre une expression de Bakhtine, qui réussit à rendre la réalité. Il ne s'agit pas de respecter les faits, mais de réaliser un tout qui se tienne et trouve une valeur esthétique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : roman, mémoire, histoire, vraisemblance, biographie, autobiographie.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4221 |
Date | 09 1900 |
Creators | Fortin, Julien |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4221/ |
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