Alice au pays des merveilles et Nietzsche n'ont en commun ni la dentelle ni la chanson. Quelque chose de beaucoup plus fort les unit toutefois; nous le découvrirons peut-être ce jour où voleront les cochons. Ou à la fin de cette pièce, selon le bon vouloir des principaux-ales intéressé-e-s. Pendant ce temps, du fin fond de leur enclos, ils et elles n'en peuvent plus d'attendre. Leur salut ? L'heure du glas ? Leur heure de gloire ? Grands incapables, pugilistes décadents qui se tuent à ne pas se tuer, se déchaînent dans le verbiage, s'érigeant malgré eux contre toute forme de verve. Combattre cet Autre qui s'immisce insidieusement en soi et qui conduit à la perte du moi. C'est dans une folle lucidité que les égos se dérangent sans échanger, s'attaquent sans s'atteindre, hurlent sans être entendus, dans l'espoir, peut-être, de se réveiller in the land of Nod. Comme l’indique le titre, Chroniques de maux (de l’extrême ordinaire) met en scène une suite de chroniques dans lesquelles les principaux-ales intéressé-e-s témoignent de leur mal-être, et ce, à travers l’exploration de lieux communs. La dramaturgie tente, entre autres, de mettre en place une poésie de l’invective et de l’humour; une esthétique du trash-talking et de la logorrhée. Une importance particulière est accordée au rythme et au langage. L’atmosphère alterne résolument lourdeur et ludisme.
La pièce Rouge Gueule, d'Étienne Lepage, présente une mécanique visant manifestement à
« attaquer » l'Autre, qu’il s’agisse d’un personnage ou du lecteur-spectateur. Les attaques se perpètrent d'une part par un humour cru, influencé par la culture populaire, le trivial; un humour qui fonctionne de manière plutôt classique en convoquant des procédés aisément repérables et sans cesse réutilisés par l'auteur. D’autre part, la mécanique de « combat » se manifeste par l'invective, ainsi que par une violence caractérisée, du début à la fin, par un manque dans la motivation des actions. Ainsi, l’étude Attaques à vide. Bousculer la situation théâtrale au confluent de l’humour et la violence s’intéresse à Rouge Gueule, aux relations qu'entretiennent l’humour et l'univers brutal de la pièce, dans la perspective où l’humour est inextricablement lié à la violence. Une attention particulière est portée sur le personnage type de Lepage de même que sur l’esthétique de « l'arsenal » trash. Cette dernière est analysée afin de mieux circonscrire les attaques : sont-elles des moyens, et le cas échéant, pour parvenir à quelle fin puisque la fable, et donc la « quête », dans le théâtre contemporain est souvent remise en question. Cette étude verra comment les attaques « à vide », sont, chez Lepage, la force motrice de ce que Hans-Thies Lehmann nomme la « situation théâtrale ». / Alice in wonderland and Nietzsche have in common neither the lace nor the song. However, something much stronger unites them; we shall discover it maybe this day when pigs will fly, or at the end of this play, according to the goodwill of the characters within. Meanwhile, by the very depths of their enclosure, they can’t wait anymore. For what ? Their salute ? The hour of the knell? Their hour of glory? Tremendous incapables, decadent pugilists who kill themselves trying not to kill themselves, who burst out in verbosity, setting themselves up in spite of themselves against eloquence. Fighting this Other who interferes insidiously in itself and who drives to the loss of the me. It is in a crazy lucidity that egos disturb each other without exchanging, attack without reaching, roar without being heard, in the hope, maybe, of waking up in the land of Nod. As indicated in the title, Chroniques de maux (de l’extrême ordinaire) stages a series of chronicles among which the characters are testifying their ill-being. The language and the situation of utterance of this play without acts, falls within resolutely "poetic-trash" esthetics, and the atmosphere aims to alternate heaviness with playfulness.
Rouge Gueule, by Étienne Lepage, presents a structure aiming obviously at "attacking" the Other, whether it is about a character or about a reader-spectator. Attacks commited on the one hand by raw humor, influenced by the popular culture, the trivial; a humor which works in a rather classic way by using processes easily identifiable and ceaselessly reused by the author. On the other hand, the structural design of "fight" shows itself by the invective, as well as by the violence characterized, from the beginning to the end, by a lack in the motivation of the actions. So, this study, Attaques à vide. Bousculer la situation théâtrale au confluent de l’humour et la violence, looks into Rouge Gueule, by being interested in the relations that maintain the humor and the brutal universe of the play, in the perspective where the humor is inextricably connected to the violence. A particular attention is dedicated to the typical character of Lepage as well as the esthetics of the trash "arsenal". The latter is analyzed to better circumscribe the attacks: are they the means, and, if so, to what end considering that the fable, and thus the "quest", in contemporary theater is often questioned. This study will see how, in Lepage’s play, the "vacant" attacks are the driving strength of what Hans-Thies Lehmann appoints the "theatrical situation".
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/13466 |
Date | 12 1900 |
Creators | Côté, Maja |
Contributors | Mavrikakis, Catherine, Larrue, Jean-Marc |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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