Que la réflexion du compositeur sur la technique et l’histoire des règles de l’écriture musicale constitue une pratique de soi, l’exercice d’une subjectivation qui suspend normes et pouvoirs du dehors, les déplace, les informe autrement, crève l’écran de l’écriture, et institue, dans la pratique compositionnelle, un sujet de l’écriture, une subjectivité autonome, c'est-à-dire musicale — voilà ce qu’il faut entendre par politique de l’écriture musicale. Que la musique génère des puissances capables d’anéantir tous les écrans qui s’interposent entre l’œuvre et l’auditeur, qu’un sujet de l’écoute soit fabriqué dans un faire corps rituel avec la musique, voire qu’un homme nouveau, une humanité régénérée surgissent d’un laboratoire sacré de l’écoute — voilà ce qu’il faut entendre par politique de l’écoute musicale. Deux compositeurs que cette question travaille ; deux dates pour la circonscrire et la problématiser. Pierre Boulez en 1950, ou comment un degré zéro de l’écriture met en crise une subjectivité cherchant dans la structure le chiffre d’une expérience radicale, fondamentale, fondatrice — homme structural devenu la variable humaine d’une prolifération qui le dépasse. Karlheinz Stockhausen ou comment ce qu’il s’est passé à New York le 11 septembre 2001 fut la plus grande œuvre d’art pour le cosmos tout entier — rêve d’une œuvre d’art totale, réveil de l’obsession de Richard Wagner, et révélation d’une expérience musicale et d’une expérience politique que seules la technologie et la marchandise mettent en œuvre. Des structures et des hymnes, des hélicoptères et des éclats, et, à la fin du parcours, un carnaval symphonique. / That reflection of the composer on the technique and the history of the rules of musical writing constitutes a practice of the self and the exercise of a subjectivation which suspends norms and powers from the outside, moves them, informs them in another way, passes through the screen of writing, and institutes, in the practice of composition, a subject of the writing, an autonomous, that is musical subjectivity — that is how one has to understand politics of musical writing. That music gathers powers capable of annihilating any screen which intervene between the work and the listener, that a subject of listening is ritually made by an identification between bodies and music, even that a new man, a regenerated humanity appear from a sacred laboratory of the listening — that is what it is necessary to listen by politics of musical listening. Two composers whom this question works; two dates to define and problematize it. Pierre Boulez in 1950, or how a writing degree zero puts into crisis a subjectivity looking in the structure for the figure of a radical, fundamental, founding experience — a structural man which becomes the human variable of a proliferation which exceeds him. Karlheinz Stockhausen, or how what it happened in New York September 11th, 2001 was the greatest work of art for the whole cosmos — dream of a total work of art, awakening of Richard Wagner's obsession, and revelation of a musical experience and a political experience which only the technology and the commodity operate.Structures and hymns, helicopters and fragments, and, at the end of the route, a symphonic carnival.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA100170 |
Date | 02 December 2011 |
Creators | Dousson, Lambert |
Contributors | Paris 10, Perret, Catherine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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