Thèse en cotutelle entre l'Université Laval, Québec, Canada et l'Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, Belgique / Notre thèse se donne pour tâche d'expliquer la critique, par Jonas, du rationalisme moderne à travers l'unité articulée de différentes phases de son travail intellectuel. Plaidant en faveur d'une rationalité dialectique, notre auteur a appris à critiquer Descartes à partir de Husserl et de Heidegger. Dans un premier temps, nous montrons la préfiguration de cette critique chez le jeune Jonas. Cette critique des Modernes est souterraine dans la démarche de Jonas qui rend compte de la dogmatisation de la dialectique paulinienne de la volonté par Augustin et applique l'analytique heideggérienne à la compréhension de l'existence gnostique. Sur le plan ontologique, la dialectique du vécu originaire, en tant que volo me velle, est brisée par l'objectivation qui la transforme en cogito (ou credo) me velle, puis en cogito me cogitare, à cause de la tendance de soi à la déchéance. Dans le mythe gnostique, la dialectique historique de la chute et de la délivrance s'accompagne de la dialectique de l'impuissance et de la puissance du soi comme mélange du divin et du monde. Cette double dialectique trouve également un vibrant écho dans la métaphysique d'Origène et dans celle de Plotin. Dans un deuxième temps, nous examinons la configuration de cette critique du rationalisme moderne à partir des Lettres d'apprentissage jusqu'aux recherches de New York. Jonas remet en question le dualisme cartésien qui fend la dialectique du réel, entraîne la science vers la géométrisation intégrale de la nature et conduit la théorie de l'organisme à l'impasse. En réalisant un saut décisif dans la compréhension de l'individualité et du conatus, Spinoza rétablit la dialectique de la vie et révolutionne le concept traditionnel de substance, au profit de la corrélation psychophysique à travers l'échelle infinie de l'individualité. Pour sa part, Leibniz propose la dialectique d'un ego perceptif et appétitif, selon laquelle chaque individu est une monade et la nature forme une échelle infinie de monades. Mais cette dialectique de la vie organique est mieux élucidée par Whitehead qui apparait, aux yeux de Jonas, comme la critique satisfaisante du rationalisme moderne. En troisième lieu, nous abordons la transfiguration de cette critique dans l'anthropologie et la philosophie de la nature de Jonas. Cette critique a donné une autre envergure à la thématique mobilisée dans les travaux de jeunesse et surtout aux concepts de nature et d'humain. D'une part, en formulant le projet d'un monisme intégral, Jonas examine la finalité spécifique à l'organisme et aux artefacts, en vue d'élaborer une phénoménologie du témoignage de la nature qui admet la dialectique entre la vie et le milieu et élargit son concept de liberté à toute l'échelle du vivant. D'autre part, l'anthropologie de l'homo pictor, mieux, de l'homo symbolicus met en évidence la constitution dialectique de la médiateté humaine d'où surgissent la métaphysique, la religion, l'éthique et le droit.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/104224 |
Date | 13 December 2023 |
Creators | Mamvemba, Clet Clay |
Contributors | Depré, Olivier, Langlois, Luc |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (ix, 369 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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