La première industrialisation, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, s’est appuyée sur « la révolution des consommateurs » : une consommation et une circulation accrue de tous les objets du quotidien que sont tissus, dentelles, tapisseries, faïences, papiers peints, vaisselle… Le désir d’acheter et de posséder des biens autres que ceux qui permettent la simple survie conduit ainsi à une affirmation des phénomènes de mode, impliquant pour les producteurs la nécessité de prendre en compte le goût changeant des consommateurs et la diversification de leurs consommations. La course à la novation pour séduire la clientèle devient un enjeu majeur pour les manufacturiers. Le dessinateur occupe une place essentielle dans cette compétition, puisque la première phase du processus de production, avant celle de la fabrication et de la commercialisation, est celle de la création, du design du produit.Ce travail interroge le statut de cette main-d’œuvre qualifiée, détentrice d’un savoir-faire peu formalisé durant le XVIIIe siècle, mais qui tend à une lente institutionnalisation, dont nous examinons les rythmes jusqu’à l’émergence et la codification de la profession. L’œuvre et l’auteur étant des entités indissociables, il s’agit de questionner le statut du dessinateur-auteur au sein du processus de production collectif et industriel, et non singulier et artistique. Rarement étudiée, la place des femmes dans le monde manufacturier doit aussi être analysée. De plus, il convient de faire le deuil des taxinomies sociales ordinaires et en particulier des oppositions binaires figées : art/industrie, artiste/artisan, art libéral/art mécanique, mais aussi dessin de figure/dessin linéaire. / The first industrialization rested on what recent historiography calls “the revolution of the consumers”: a consumption and an increased circulation of all the objects of the daily life which are fabrics, laces, tapestries, earthenware, wallpapers, crockery… The desire to buy and have other goods than those which allow simple survival led thus to an assertion of the phenomena of fashion, implying for the producers the need for taking into account the changing taste of the consumers and the diversification of their consumption. The race to novation to allure the customers becomes a major stake for the manufacturers. The draughtsman occupies an essential place in this competition, since the first phase of the production process, before that of manufacturing and of marketing, is that of creation, the design of the product. This study thus aims at questioning the statute of this very qualified worker, holder of a know-how ; still little formalized in the second half of the 18th century, this know-how tends to show a slow institutionalization, of which we will examine the rhythms until the emergence and the coding of the profession. Work and its author being indissociable entities, we will question the statute of the draughtsman-author within the production process which is collective and industrial, nonsingular and artistic. Seldom studied, the place of the women in the manufacturing world must also be analyzed. Moreover, it is advisable to live behind us ordinary social taxonomies and in particular the fixed binary oppositions: art/industry, artist/craftsman, liberal art/mechanical art, but also drawing of linear figure/drawing.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA080017 |
Date | 30 June 2015 |
Creators | Millet, Audrey |
Contributors | Paris 8, Institut d'histoire (Neuchâtel, Suisse), Minard, Philippe, Christin, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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