Ce présent travail aborde le carnaval de Cayenne en tant que phénomène festif issu du fait colonial et interroge les mécanismes d'ajustement qui ont amené esclaves et "gens de couleur libres" à retourner une fête religieuse, au service d’une coercition imposée par l’ordre colonial et esclavagiste, en une pratique subversive. Il s'inscrit dans le champ des études théâtrales et aborde le carnaval à travers sa dramaticité. L'histoire du carnaval, des premiers temps de la colonie jusqu’à à la période contemporaine, montre une mise en place d'esthétiques originales qui autorisent toutes les subversions. La tradition dramatique carnavalesque est fortement marquée par la pratique du Détour pouvant se définir par l'exacerbation du caractère dérisoire de l'être créole. Le grotesque européen se mêle à la dérision militante créole offrant un héritage théâtral pouvant exprimer une digne rage, une humanité perdue, une utopie nouvelle. La danse des bals, populaires autant que ceux de la bourgeoisie noire, quant à elle, est un art de la fuite et convoque le marronnage créateur en construisant un espace-temps différent où l'être renaît dans un sentiment d'enthousiasme. Cet art de la fuite au sein des vidé participe à une immense transe collective où la violence jaillit devenant un moyen de déstabiliser l'ordre en place et d'aborder une nouvelle sociabilité. Le carnaval contemporain tente de résoudre les problématiques de l'histoire et devient l'inverse du Détour. L'être sort de l'ombre pour manifester sa valeur d'exposition manifestant un hédonisme générale. La théâtralité y est brillante et manifeste une hypervisibilité de soi. C'est l'ère de l'exacerbation de la valeur de l'être cayennais. / This present work approaches the carnival of Cayenne as a festive phenomenon which has developed from the colonial fact. It examines the mechanisms of this adjustment by which slaves and "free people of color" have converted a religious feast reinforcing colonial order and slavery, and subverted it into a manifestation of pride in identity and expectation of a better future. As such this falls within the field of theatrical studies, i.e. evaluating the carnival as drama. The history of the carnival, from the colony's earliest days until the present, shows how new aesthetics have, year after year, changed its original role. The dramatic traditions of the carnival were strongly marked by the practice of "Détour", best defined as stressing the derisory character of the Creole being. European grotesque was mixed with Creole militant mockery, offering a theatrical inheritance expressing dignified rage, a lost humanity, a new utopia. The dance of balls, as popular as those of the black bourgeoisie, is an art of the flight, and summons creative marronnage by building a different space-time in which the being is reborn in a feeling of liberation and enthusiasm. This art of flight within the "vidé" occurs in an immense collective trance, where violence erupts, destabilizing an old order, encouraging a new. The contemporary carnival tries to solve the problems of history and becomes the opposite of the "Détour". The being comes out of darkness displaying its exhibition value, showing a general hedonism. Its theatricality is brilliant and manifests a hypervisibility. The true value of the Cayennais being is recognised.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA030162 |
Date | 05 December 2012 |
Creators | Mauffret, Blodwenn |
Contributors | Paris 3, Chalaye, Sylvie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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