Contexte : La structure du sommeil évolue grandement dans les premières années de vie. Les réveils nocturnes occasionnels chez les enfants d'âge préscolaire font partie d’un processus normal de développement et de maturation du sommeil. Ils sont cependant considérés comme anormalement fréquents lorsqu’ils surviennent une nuit sur deux ou plus. La littérature suggère que les réveils nocturnes fréquents sont associés de manière transversale à des difficultés comportementales du jeune enfant. Or, l’évolution des réveils nocturnes dans la petite enfance, les facteurs associés à leurs trajectoires et les liens longitudinaux avec le comportement sont peu connus. Objectifs : Modéliser l’évolution des réveils nocturnes entre l’âge de 2 et 5-6 ans et explorer leurs liens avec des facteurs précoces familiaux et de l’enfant. Analyser les associations entre les trajectoires de réveils nocturnes et le comportement de l’enfant avant l’entrée à l’école. Population et méthode : Nos analyses ont porté sur les données de l’étude EDEN. Il s’agit d’une cohorte mère enfant, qui a recruté 2 002 femmes enceintes entre 2003 et 2006 dans les maternités de Nancy et Poitiers. Les réveils nocturnes et le comportement ont été mesurés par des questionnaires parentaux à l’âge de 2, 3 et 5-6 ans. La méthode du « group-based trajectory modeling » nous a permis de modéliser l’évolution des réveils nocturnes et de difficultés d’attention, et ainsi d’identifier des trajectoires, décrivant différentes histoires développementales entre l’âge de 2 et 5-6 ans. Les analyses statistiques pour mesurer les associations entre les trajectoires de réveils nocturnes, les facteurs précoces et le comportement de l’enfant, ont été faites par régressions logistiques, ajustées sur les facteurs de confusion potentiels. Résultats : Deux trajectoires distinctes de réveils nocturnes ont été identifiées chez les enfants entre 2 et 5-6 ans. L’une, nommée “réveils nocturnes rares”, représentait 77% des enfants. Ce groupe suivait une trajectoire linéaire proche de zéro et légèrement décroissante avec le temps. La seconde trajectoire, nommée « réveils nocturnes communs », représentait 23% des enfants. Elle était plus haute que la première trajectoire à chaque point de suivi, et présentait un pic à l’âge de 3 ans. Les facteurs de risque d’appartenir à la trajectoire de « réveils nocturnes communs » étaient essentiellement environnementaux : l’exposition au tabagisme passif, un mode de garde collectif et le temps passé devant la télévision. Les enfants appartenant à la trajectoire de réveils nocturnes communs présentent un risque accru de présenter des symptômes émotionnels, des problèmes de conduite et des problèmes d'hyperactivité/inattention à l’âge de 5-6 ans. Aucune association n'a été trouvée avec le comportement pro-social ou avec les problèmes de relations avec les pairs. Trois trajectoires d’inattention/hyperactivité ont été identifiées, une trajectoire basse, intermédiaire et une haute, toutes trois stables au cours du temps. Le risque d’appartenir à une trajectoire haute d’inattention/hyperactivité, par rapport à une trajectoire basse, était quatre fois plus important pour les enfants avec une trajectoire de « réveils nocturnes communs » comparativement à ceux avec trajectoire de « réveils nocturnes rares ». Conclusion : Les réveils nocturnes et les troubles d’inattention/hyperactivité persistent dans la petite enfance. Une trajectoire de réveils nocturnes communs durant cette période est un facteur de risque de plusieurs troubles du comportement : symptôme émotionnel, troubles de conduites et inattention/hyperactivité. Ces derniers co-évoluent avec les troubles du sommeil. Nos résultats soulignent l’importance d’identifier et de prendre en charge les difficultés de sommeil dès le plus jeune âge, surtout en présence de difficultés de comportement. / Context: The structure of sleep evolves greatly in the first years of life. Occasional nightwaking is thus normal in young children, but waking-up every other night or more is considered adversely frequent. The scientific literature suggests that frequent night-waking is associated with concomitant behavioral difficulties in children. Yet, little is known about the evolution of night-waking in preschool years and its longitudinal association with behavior. Objectives: To model the evolution of night-waking between the age of 2 and 5-6 years and explore the association with family and child related factors. To analyze the associations between night-waking trajectories and behavior before school entry. Population and methods: Analyses were based on the French birth-cohort study EDEN, which recruited 2 002 pregnant women between 2003 and 2006 in the maternity of Poitiers and Nancy. Information regarding night-waking and behavior were assessed using parental questionnaires at the ages of 2, 3 and 5-6 years. The « group based trajectory modeling » method allowed us to model the evolution of night-waking and of inattention/hyperactivity, describing different developmental trends between the age of 2 and 5-6 years. The associations between night-waking trajectories, family and child related factors and behavior, were analyzed using logistic regressions, adjusted on potential confounding factors. Results: Two distinct night-waking trajectories were identified in children between the age of 2 and 5-6 years. One, named « rare night-waking », represented 77% of the children. This group followed a linear trajectory, which was close to zero and slightly declining with time. The second trajectory, named « common night-waking », represented 23% of the children. It was higher than the first trajectory at each time-point, and a peak was observed at age 3. Risk factors for belonging to the « common night-waking » trajectory were life-style related factors: exposures to second hand smoking, collective care arrangement, and time spent in front of the television. Children belonging to the common night-waking trajectory had higher risk of having emotional symptoms, conduct problems and inattention/hyperactivity at age 5-6. No associations were found with prosocial behavior nor peer-relationship problems. Three trajectories of inattention/hyperactivity were identified, a low, an intermediate and a high one, all stable in time. The risk of belonging to a high inattention/hyperactivity trajectory, compared to a low one, were four time more important for children with a « common night-waking » trajectory. Conclusion: Night-waking and inattention/hyperactivity persist in preschool years. A common night-waking trajectory during this period is a risk factor of diverse behavioral difficulties: emotional symptoms, conduct problems and inattention/hyperactivity. The latter co-evolves with night-waking. Our results highlight the importance of identifying sleep problems in early years, especially in the presence of behavioral difficulties.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCB108 |
Date | 27 September 2017 |
Creators | Reynaud, Eve |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Plancoulaine, Sabine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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