Cette thèse a pour objet l’examen des manifestations poétiques et poïétiques du corps dans la poésie de Jules Supervielle. Le texte est marqué par le sceau de la disparition et du manque, contre lesquels il s’érige pour tenter de combler les corps défaillants. Les recueils, agrégés au long du premier XXe siècle, présentent une écriture affectée à la fois par l’histoire mondiale et l’histoire individuelle. Le poète passe de l’acceptation d’une déchirure constitutive singulière à la mise au jour d’une résonance corporelle cosmique. En créant des images évolutives, en confrontant son propre corps au réel et en inventant une réalité poétique par l’imaginaire du rêve, il reconnaît la multiplicité de ses ancrages, et se relie à l’univers. Si le sujet installe ses assises grâce aux relations qu’il noue avec l’extérieur, il désire aussi connaître ses propres rouages en retournant son regard au-dedans. Notre étude interroge les différents états perceptifs du corps que les poèmes figurent, s’appropriant la métamorphose permanente et cherchant à circonscrire les troubles physiologiques. L’instabilité et le mouvement sont capturés par le texte qui, d’instant en instant, passe du corps au non-corps et tente de rapatrier les formes privées de corps dans la matière. L’analyse révèle que le corps se renouvelle en transgressant et en estompant les frontières. La dialectique entre le corps vivant et la forme évasive de l’âme des morts serait résolue par une ontologie poétique de l’entre-deux. Grâce au souvenir remémoré du divin dans une nature de laquelle Dieu s’est retiré, l’homme se réapproprie la responsabilité de sa continuité et de la continuité du monde, par la mise en œuvre de sa puissance de création. / This thesis holds its objective to study the poetic and poietic manifestations of the body in the poetry of Jules Supervielle. The text is imprinted with the mark of disappearance and absence, against which it arises to make amends for the defaulted bodies. This anthology, edited through the first half of the 20th century, presents a writing influenced by a history both universal and individual. The poet travels from the acceptance of a constitutive singular implosion, reaching out for an ever-evolving resonance of the cosmic body. By creating evolving images, by rubbing against "the real" at the expense of his own flesh and blood, by inventing a poetic reality with his dreamy fantasy, he has revealed his multiple extensions, as to find his way to be connected with the universe. If the subject owns his firm footing to his relationships with the outside world, he is equally eager to comprehend his own mechanism by winding his observation towards the inside. Our study inquires into the different perceptive depths of the bodies that the poems illustrate, by making use of the permanent metamorphosis, in order to come to terms with the physiological aberrations. Instability and movement are captured by the text which, from a moment to the other, pass from body to absence of body and tries to unify shapes without body into the matter. The analysis reveals that the body renews itself by breaking and borrowing boarders. The dialectic between the living body and the evasive shape of the soul of the dead would be resolved by a poetic ontology of the interspace and period in between. Thanks to the reminded recollection of the divine presence in a nature from which God took off, the mankind takes again the responsability of his continuity and the continuity of the world, by using his power of creation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015USPCA144 |
Date | 27 November 2015 |
Creators | Simonin, Marion |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Collot, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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