Return to search

Naissance, métamorphoses et modernités d'un genre : l'autobiographie au Québec (1885-1984)

L'autobiographie au Québec existe depuis 1885, pourtant peu de chercheurs se sont penchés sur les manifestations de ce genre littéraire dans le corpus québécois. Cette thèse analyse les différents parcours et suit l'évolution du discours autobiographique au Québec. À la source de cette réflexion, une question : «quelles sont les conditions sociales qui permettent à la voix autobiographique de s'exprimer dans une collectivité?» Après avoir posé les bases théoriques de l'autobiographie et analysé la trajectoire des principaux autobiographes, nous avons constaté que ces écrivains n'étaient pas insensibles au projet de la modernité. C'est pourquoi nous émettons l'hypothèse que l'autobiographie naît des conditions sociales qui départagent une société à détermination moderne, d'une société à détermination traditionnelle. Il nous fallait, en conséquence, poser les balises et les repères de la modernité, ce que nous avons fait à l'aide des travaux d'Habermas, d'Arendt, de Heidegger et de Hegel. Une fois le concept de modernité bien défini, nous avons analysé les valeurs que véhiculaient les Cinquante ans dans l'Église de Rome de Charles Chiniquy. Première autobiographie québécoise, les Cinquante ans appellent un nouveau rapport avec le sacré dans la cité, ce qui préoccupe d'ailleurs plusieurs écrivains de l'intimité. À cet égard, Georges Gusdorf avance que l'autobiographie naît de la désacralisation de l'espace intérieur. Or, l'autobiographie québécoise aurait ceci de particulier, elle ne chercherait pas tant à déposséder Dieu du siège de l'âme et de la conscience, mais à décoloniser cet espace dont s'étaient appropriés Ses serviteurs. De tous les textes que nous avons analysés, le journal intime de Saint-Denys Garneau est celui qui avait suscité le plus d'intérêt auprès des chercheurs. De notre côté, nous nous sommes arrêté plus particulièrement à la crise mystique qui habite le journal du poète. Il semble que Garneau, pourtant l'un des premiers modernes, voyait son art comme un rival de Dieu et déclarait coupables de lèse-majesté les raisonnements qui parcourent son journal. Par ailleurs, si depuis le XIXe siècle la raison est suspecte de détourner l'homme du Divin, pour Borduas il en va tout autrement. En effet, selon le maître de l'automatisme, la raison est la voix de l'ordre, et les Projections libérantes, autobiographie de Borduas, valorisent plutôt la voix des passions en tant qu'énergie créatrice et révélatrice de l'espace intime. Peut-être le plus beau texte autobiographique à avoir été publié au Québec demeure La détresse et l'enchantement de Gabrielle Roy. Avant d'analyser la première partie de cette autobiographie, nous avons posé comme hypothèse que la ritualisation des pratiques lectorales participait à la fois à la pleine reconnaissance de l'écrivain et à la discrimination du genre, en confirmant la théorie du pacte autobiographique de Lejeune. Dans ces circonstances, l'autofiction devient un faux problème face à l'autobiographie; c'est aussi ce que nous nous sommes attardé à démontrer en conclusion.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/18888
Date12 April 2018
CreatorsPlamondon, Jean-François.
ContributorsBeaudet, Marie-Andrée
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format297 f., application/pdf
Coverage20e siècle, 19e siècle
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

Page generated in 0.0031 seconds