Dans un climat de réforme globale, touchant l’ensemble de la société hollandaise, émerge un certain nombre de compositions picturales nouvelles, peintes, au cours la première moitié du XVIIe siècle, par de jeunes artistes amstellodamois avides de reconnaissance. Prenant généralement pour sujet le repos de soldats, retranchés dans de sombres intérieurs, ces scènes se diffusent rapidement dans les Pays-Bas de l’époque. Les différents experts et théoriciens de l’époque les identifient alors comme des scènes de cortegaerd, terme issu du français « corps de garde ». Renvoyant dans un premier temps à la brûlante actualité de la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), de telles œuvres s’en éloignent néanmoins rapidement au gré d’une transformation, aussi subtile que radicale, opérée par ces peintres sur l’iconographie du mercenaire pillard : celui-ci quitte, en effet, peu à peu, dans ces scènes, les tristes oripeaux du maraudeur pour revêtir les luxueux atours de l’officier éclairé et raffiné. En miroir de cette progressive assimilation de la figure de l’officier à celle de l’amateur, doit également être perçue celle du peintre à l’officier, régnant en maître sur son atelier. Initiée dans les années 1630, cette double mutation croisée des images du soldat et de l’artiste témoigne de la mise en place d’un intense mouvement de légitimation. Si une guerre de l’art a bien eu lieu en Hollande au cours de la première moitié du siècle, il s’agit avant tout d’une guerre de conquête de marchés et de statuts, menée par d’ambitieux artistes s’identifiant eux-mêmes comme les membres d’un corps moderne et indépendant de la peinture, portant haut les couleurs d’un discours théorique nouveau. / Amid a climate of overall reformation, which encompassed the whole of Dutch society, a group of ambitious young artists from Amsterdam developed a new kind of compositions during the first half of the XVIIth century. These painters were mostly known in the Netherlands for their depictions of relaxing soldiers in dark interiors. Those works were quickly given the label cortegaerd by art experts and theorists from the time, a term that derives from the French military term corps de garde, or guardroom. While initially referring to the brutal actualities of the Eighty Years War (1568-1648) in their art, these artists seem to have quickly moved away from the image of the pillaging mercenary towards a radically different iconography. Indeed, the Dutch soldier rapidly started to leave behind its sad rags for the luxurious attire of the enlightened officer and amateur. Mirroring this painted transformation of the officer into the art lover, painters similarly created visual parity between themselves, as masters reigning over their workshop. Beginning in the 1630s, this twofold transformation testifies to the existence of an intensity of ambition. If a war of art really did take place in Holland during the first half of the XVIIth century, it was therefore a war of conquest of new markets and social statuses by young artists who saw themselves as members of a modern painting corps. This desire for artistic legitimacy was launched by an emerging class of painters who were not only eager to establish their independence from a dominant form of painting, but also become the standard-bearers for a new theoretical discourse.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA040073 |
Date | 23 June 2017 |
Creators | Pouy-Engler, Léonard |
Contributors | Paris 4, Université de Genève, Mérot, Alain, Blanc, Jan |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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