L'objectif général de la recherche est d'explorer les modes d'intervention auprès des femmes héroïnomanes qui pratiquent un rituel mutilant lors de leurs injections. En guise de problématique nous partons du constat selon lequel la littérature au sujet de la toxicomanie ne s'attarde que très rarement aux analyses différentielles selon les genres, mettant ainsi de côté les spécificités des femmes, notamment celles des femmes héroïnomanes. La comorbidité, décrite par de rares études et analyses de la communauté scientifique, entre toxicomanie féminine et agression sexuelle constitue un défi pour l'intervention. On note chez elles un faible taux de demande d'aide, un état plus détérioré et un pronostic plus sombre. Ces mêmes femmes sont aussi celles chez qui on observe des gestes d'automutilation. En général, les réseaux d'aide et scientifique, sont mal informés sur le problème social qu'est l'automutilation et accroît la stigmatisation que vivent ces femmes. L'injection mutilante est un concept qui a été développé lors nos observations à la clinique du projet de recherche NAOMI. Nous avons constaté avec quelle violence certains des usagers s'injectent. C'est ainsi qu'ils disent obtenir une plus grande satisfaction. Intuitivement, ces
« rituels d'automutilation » semblaient plus accentués chez les femmes participantes au projet NAOMI qui avaient fréquemment dit en rencontre psychosociale avoir été abusées sexuellement. Aucune documentation, littérature scientifique ou rapports de recherche recensés, ne fait état de l'injection mutilante. Il s'agit d'un sujet conceptualisé à partir d'observations cliniques. Nous nous sommes appropriées l'expression « injection mutilante » dans le cadre de cette recherche afin de développer davantage les connaissances à ce sujet. Il s'agit d'un parti pris. Notre cadre conceptuel pour élaborer la recherche se réfère à trois approches d'intervention: la psychanalyse, le féminisme et la réduction des méfaits. Cette recherche, féministe et qualitative, utilise comme méthode de collecte de données le point de vue des femmes concernées recueilli à l'aide d'entrevues. Dix femmes héroïnomanes qui fréquentent des services d'aide à Montréal ont participé à une entrevue individuelle et elles ont toutes été conviées à une entrevue de groupe. Nous avons divisé en quatre grands thèmes qui proviennent de l'analyse du contenu des propos des répondantes. L'analyse a été effectuée de manière qualitative et avec un regard féministe. Voici les quatre thèmes: • tabous et rituels d'injection non-sécuritaire, • leur vision de la toxicomanie: le plaisir, • leur vision de la femme héroïnomane: le rapport aux hommes et à la sexualité, • leur vision de l'intervention: le rapport aux services d'aide. Cette recherche met de l'avant l'importance d'élaborer des recherches scientifiques en toxicomanie qui s'attardent aux distinctions selon les genres. La concomitance entre l'abus sexuel et la surconsommation des drogues reste frappante, elle est amplement démontée par les travaux cités. Les résultats annoncent que les femmes une fois instruites au sujet de leur santé, réduiraient leurs comportements mutilants reliés à la seringue. Les répondantes ont privilégiées une approche d'intervention en réduction des méfaits. Elles ont aussi reconnu certains aspects de l'interprétation psychanalytique et elles ont soulevé la pertinence de s'intéresser aux enjeux spécifiques des femmes. Ceci démontre l'importance de se centrer sur les besoins des femmes plutôt que sur une approche prédéfinie qui se limite à son cadre d'analyse.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2602 |
Date | January 2009 |
Creators | Rainville, Léa-Frédérique |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2602/ |
Page generated in 0.003 seconds