Dans une perspective psychosociale, l’objectif de cette thèse est de saisir l’aspect dynamique de la rumeur inter et intragroupe et son rôle dans la reconstruction des mémoires collectives dans des contextes spatio-temporels précis. A partir d’une étude monographique, sur la catastrophe de l’usine AZF survenue le 21 septembre à Toulouse, notre travail de thèse vise à expliquer ce qui est en jeu pour les groupes en présence, d’adhérer à et de faire perdurer ou non, telle ou telle « version ». En prenant en compte l'espace en tant que cadre social de la mémoire, nous nous intéressons à l'inscription spatiale de la rumeur, notamment au travers des pratiques commémoratives, comme une manière de s'approprier les lieux détruits par cette catastrophe. Notre recherche s’ancre dans le champ de la pensée sociale interrogeant les savoirs du sens commun et les manières de penser en contexte en fonction des insertions sociales des individus. Dans cette perspective nous adoptons le regard ternaire propre à la psychologie sociale pour interroger la rumeur dans une visée compréhensive du phénomène. Pour cela, nous avons mis en place une triangulation méthodologique (entretiens semi-directifs, observations, analyse de presse et questionnaires) afin de saisir la dynamique de la rumeur dans ses différentes temporalités, au travers de plusieurs groupes plus ou moins impliqués. L’analyse de l’ensemble des résultats confirme alors l’existence d’un phénomène rumoral à Toulouse plus de 10 ans après la catastrophe autour des origines de l’explosion au sein des différents lieux et groupes enquêtés. Le niveau d’implication des sujets et le degré des émotions négatives ressenties suite à l’événement sont alors des facteurs saillants expliquant d’une part, l’adhésion à une rumeur et, d’autre part, sa persistance. Toutefois, nos résultats mettent en évidence des variations de contenu du message de la rumeur selon les groupes en fonction de leur insertion et position sociales ainsi que du lien qui les rattachait à l’usine AZF. Notre recherche souligne ainsi combien le processus de la rumeur et les fonctions qu’elle remplit ne sont pas simplement animés par une mécanique cognitive de la pensée mais davantage motivés par des enjeux identitaires et mémoriels, selon les intérêts du moment pour le groupe. La permanence de la rumeur dans le temps et des lieux précis, témoigne alors de son rôle dans la transmission d’une mémoire collective, de sorte qu’elle soit valorisante pour les groupes. / In a psychosocial perspective, the aim of this research is to capture the dynamic aspect of inter and intragroup rumor and its role in the reconstruction of collective memories in specific spatiotemporal contexts. Based on a monographic study relative to the explosion of the AZF factory that occurred September 21th, 2001, in Toulouse, our PhD work aims to explain what is at stake for the groups involved, and why would they adopt and perpetuate or not a « version » of the story or another. Taking into account space as a social framework of memory, we will focus on the spatial inscription of the rumor, particularly through commemorative practices, considered as a way to re-appropriate places destroyed by the catastrophe. Our research belongs to the field of social thought, which question common sense knowledge and ways of thinking in specific contexts, depending on individuals’ social insertion. In this perspective, we adopt a « ternary » interpretation of facts, inherent to social psychology, to investigate rumor in a comprehensive approach. To fulfill this goal, we applied methodological triangulation in our research (semi-structured interviews, observations, press analyses and questionnaires), in order to seize the dynamic of rumor in its different temporalities, through several groups more or less involved. The analysis of all results confirm the existence of a rumor phenomenon in Toulouse over 10 years after the disaster and related to the origins of the explosion, in the different investigated places and groups. The level of implication and the level of negative emotions felt after the event are salient factors to explain both the adhesion to a rumor and its persistence. However, our results highlight variations in the message content for different groups depending on their social insertion and position as well as the bond that relationship that bonded them to the AZF factory. Our research affirm that the rumor process and functions are not simply animated by a cognitive mechanisms of though but rather motivated by identity and memory issues, depending on the group’s present interest. The persistence of rumor in specific times and places demonstrate its role in the transmission of a collective memory, in a gratifying way for the involved groups.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015LYO20037 |
Date | 12 June 2015 |
Creators | Demoures, Amélie |
Contributors | Lyon 2, Haas, Valérie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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