L’injonction à la "participation" des populations n’est pas propre aux démocraties. Dans des situations autoritaires comme en Tunisie, des politiques de développement affichent aussi la "participation de la société civile". Cette thèse analyse ces dispositifs participatifs et leurs appropriations à partir d’un matériau ethnographique et proposopographique recueilli dans la région minière de Gafsa entre 2006 et 2010, via une démarche inductive et une "description dense" des rapports ordinaires au politique. Les politiques "participatives" contribuent à la construction des figures symétriques des "bons pauvres" et des "bons experts", rôles auxquels les acteurs tendent à se conformer. Ici, la "participation" n'est pas tant l’objet de la recherche qu’un analyseur des effets de la domination du régime et des capacités des acteurs à la contourner (ou pas). Sortir des référentiels cognitifs de la "participation démocratique" – implique alors d'analyser les (contre-)conduites des acteurs et organisations concernés autant au sein qu'en dehors de ces dispositifs : le choix d'un nombre relativement réduit d'enquêtés permet une étude longitudinale des variations de ces rapports au politique. L'oxymore d'autoritarisme participatif désigne ici à la fois le type de domination autoritaire analysé et les formes des différents registres de participations politiques que cette domination tend à encourager, cadrer et canaliser, ou au contraire à interdire et à réprimer. Nous contournons par cette démarche deux oppositions par trop naturalisées : d'une part, la dichotomie entre consentement et révolte ; d'autre part, une opposition d'échelle entre individus (ou petits groupes) et structures / Injunction to “participation” isn’t specific to democratic regimes. In authoritarian situations, such as in Tunisia, development policies also claim “civil society’s participation”. This dissertation analyses the participatory devices and their appropriations from an ethnographical and prosopographic material collected in the Gafsa mining region between 2006 and 2010, through an inductive approach and thick descriptions of ordinary relations to politics. “Participatory” policies contribute to the building of the symmetric figures of the “good poors” and the “good experts” – roles to which actors tend to conform to. Here, “participation” isn’t so much the object of an investigation than an analyzer of the effects of the regime’s domination and of the capacities actors have (or haven’t) to bypass it. Breaking with the cognitive frameworks of “democratic participation” implies to analyze actor’s and organization’s (counter)behaviors within as well as outside of those devices: the choice of a relative small number of actors opens way for a longitudinal study of the variation of theirs relations to politics. The “participatory authoritarianism” oxymoron describes here both the type of the analyzed authoritarian domination and the forms of the diverse types of political participations that this domination tends to support, frame and channel; or to forbid and suppress. This enables us to avoid two oppositions which have been too much naturalized : on the one hand, the dichotomy between consent and rebellion, and, on the other, the opposition of scales between individuals (or small groups) and structures.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013AIXM1128 |
Date | 09 December 2013 |
Creators | Allal, Amin |
Contributors | Aix-Marseille, Tozy, Mohamed |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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